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Etat du Capitalisme Français

mardi 8 mai 2007, par RED

Au nom de la dette, de
la compétition internationale
et du « déclin »,
il faudrait revenir sur les
acquis sociaux gagnés
par des décennies de luttes, se serrer la
ceinture, accepter le chantage toujours plus
odieux des entreprises qui délocalisent,
licencient, nous obligent à faire des heures
supplémentaires... Pourtant, la France n’a
jamais été aussi riche. Ses entreprises n’ont
jamais fait autant de profits.

« Crise du travail » ?

Si la France décline, nous disent les
libéraux, c’est parce que le système social
assiste trop les chômeurs et les salariés
pauvres qui devraient « travailler plus ».
C’est parce que les 35 heures ont plombé
la productivité...

En vérité, le capitalisme français ne
se porte ni « très bien », ni « très mal. »
Depuis 1945, il reste plutôt dominant mais
derrière d’autres puissances. Des secteurs
clés lui permettent de peser dans
la concurrence internationale : aérospatiale,
électronique militaire, télécommunications,
biens d’équipement industriels...
L’industrie traditionnelle n’est pas à l’abandon,
la production automobile a augmenté
de moitié depuis dix ans. Les exportations
françaises représentent 5% des échanges
mondiaux.

Du point de vue du patronat, il est vrai
que plus les travailleurs produiront, plus
les entreprises gagneront. Mais sans augmenter
les horaires de travail, la production
augmente. La productivité augmente
avec le progrès technique. Pour faire un
même objet, on peut mettre deux fois
moins de temps aujourd’hui qu’il y a dix
ans... Donc faire augmenter la production
et les profits. La productivité des entreprises
françaises est égale à celle des
États-Unis.

Alors que la productivité et les profits
augmentent, les salaires stagnent et le
pouvoir d’achat baisse. Travailler plus c’est
donc se faire encore plus exploiter !

Un système qui fait « fuir » les capitaux ?

Certes, nous disent les libéraux, on pourrait
augmenter les salaires, la protection
sociale, les droits des salariés et même
baisser le temps de travail pour permettre
à tous de travailler... Mais, dans ce cas, les
entreprises fuiraient le pays et tous les
salariés se trouveraient au chômage... Car
déjà les charges oppressent les entrepreneurs,
étouffent les « forces vives », font
fuir les talents et les cerveaux.

Pourquoi, alors, en 2002 et 2003, la
France était-elle première mondiale des
pays qui accueillent le plus d’investissements
internationaux, aux côtés de la
Chine et des États-Unis ? Peut-être, justement,
parce que les salaires français
augmentent moins que les autres : entre
1991 et 2003, les salaires nominaux ont
augmenté de 40 à 50% aux États-Unis et
en Allemagne, mais de 20% en France,
à inflations à peu près égales. Une autre
source d’attraction est l’existence de services
publics plutôt développés. En un mot,
on fait payer à la collectivité les pertes et
on donne les profits au privé.
Difficile de croire que, dans ces conditions,
la France est un repoussoir ! S’il y a
fuite de capitaux, c’est parce qu’ils circulent
librement dans le monde chaque jour.
Au final, il y a plus de capitaux qui entrent
que de fuites.

Il en va de même des milliards d’euros
de subventions donnés chaque année à
des entreprises par l’État, les régions, les
départements et les mairies. En aucun cas
ils ne garantissent la création d’emploi. Au
contraire, la plupart des délocalisations ne
concerne pas des boites partant de France
pour aller à l’étranger, mais des déménagements
d’une région à l’autre, pour empocher
de nouvelles subventions.

Les vrais problèmes des capitalistes français

Dans tous les pays, la croissance est
moins forte depuis une trentaine d’années.
Mais une croissance moins forte ne veut
pas dire une diminution de la production
et des richesses. Les profits continuent
de battre des records. Les capitalistes se
disent simplement qu’ils pourraient en
faire encore plus et qu’ils auraient ainsi
la possibilité de battre et donc d’absorber
leurs concurrents. C’est pourquoi ils cherchent,
d’une manière ou d’une autre, à faire
baisser toutes les dépenses, à augmenter
l’exploitation, à ouvrir de nouveaux marchés
en privatisant les services publics,
des transports aux télécommunications
en passant par l’éducation et même la
sécurité sociale !

Dans les mois et années à venir, les
attaques vont se poursuivre et s’accélérer.
Il faudra y résister, mais aussi développer
des revendications en positif : pour les
salaires, l’emploi, la baisse du temps de
travail, les services publics. Et si, pour
obtenir des avancées durables, il faut s’en
prendre à la propriété capitaliste et remettre
en cause le système économique dans
son ensemble, tant mieux.

JB, [Nanterre]

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