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LIP : l’imagination au pouvoir

mardi 8 mai 2007, par RED

À l’heure où le cinéma est de plus
en plus rempli de super-héros
pouvant changer le monde à eux
tout seuls, LIP ou l’imagination au pouvoir
apparaît comme étant une
véritable bouffée d’oxygène.
Marche arrière, retour
trente-quatre ans plus tôt !

Les grandes grèves de 68
sont finies depuis déjà
cinq ans, malgré tout une
odeur de révolte flotte toujours
dans l’air. L’entreprise
d’horlogerie française LIP
met alors en place un
vaste plan social. Les travailleurs
avec l’expérience
de mai 1968 ne se laissent
pas faire. Ils décident de
bloquer et d’occuper leur
usine, puis finissent par relancer la production
de montres inventant ce célèbre slogan :
« C’est possible : on fabrique, on vend, on
se paie ! ».

Durant les deux heures passées dans la
salle et à travers l’interview des différents
acteurs de la grève, on sent comme un air
de nostalgie, la nostalgie d’une époque
où le culot et l’imagination étaient encore
très présents.

La mise en scène de Christian Rouaud
peut tout d’abord choquer de par sa facilité.
Certains diront même que ce documentaire
ne mérite pas d’être diffusé au
cinéma mais plutôt à la télé. Pourtant
toute la qualité du film réside dans cette
simplicité de l’image. Aucun artifice n’est
employé pour embellir la grève et le mouvement
des LIP. Pas de commentaire off,
juste le témoignage d’ouvrière et d’ouvrier,
du syndicaliste au prêtre-
ouvrier qui ont participé
à l’une des rares
tentatives d’autogestion
d’une entreprise, la
caméra semble alors être
le témoin silencieux qui
écoute une histoire souvent
oubliée aujourd’hui.
Pourtant, cette histoire
est en lien direct avec
la société dans laquelle
nous vivons. 1973 correspond
avec la fin des trente
glorieuses. Certains
noms sont cités à la fin,
des noms dénonçant ceux qui ont voulu
faire tomber LIP « pour l’exemple » et pour
ne pas risquer de voir se propager ce syndrome
de l’autogestion. Dans ceux-ci on
retrouve notamment celui de Chirac ou de
Giscard d’Estaing. Ainsi, le film montre ce
qu’allait être le futur pour les LIP, un futur
que nous vivons aujourd’hui, un futur de
l’ultra libéralisme.
Pourtant, après le film canadien The
Take, LIP ou l’imagination au pouvoir est
un nouveau témoignage sur l’autogestion.
Comme quoi certaines choses ne
s’oublient pas. Finalement, le fond de l’air
semble encore rouge.

Camille, [Censier]

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