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Alexandra Kollonta௠: Révolution sexuelle dans la révolution russe.
mardi 8 mai 2007, par
En 1917 en Russie, la révolution
a amené des changements
sociaux majeurs,
dans la vie publique : importance
(pendant les toutes premières
années, avant la bureaucratisation)
des soviets comme modes
d’organisation et de décision
démocratiques car ils incluent tout
le monde et permettent d’avoir des
discussions sur tous les aspects de
la vie en société.
Mais la révolution a aussi changé la vie
privée, montrant que celle-ci est largement
déterminée par des éléments politiques.
Alexandra Kollontaï, cadre du parti bolchevik
et féministe, organisatrice du premier
congrès pan russe des ouvrières,
analyse les changements dans la vie privée
et notamment les changements dans
la vie des femmes suite à la révolution.
Sous le tsar, la femme devait soumission
au mari, n’avait pas de statut légal propre
: elle figure sur la carte d’identité du
mari, pas de possibilité de travailler, mais
s’occupait du foyer, sauf pendant la guerre
où les femmes ont commencé à gagner
leur indépendance. Les femmes devaient
fidélité au mari pour ne pas encombrer la
famille d’enfants illégitimes qui déposséderaient
les véritables héritiers.
Au contraire, dès décembre 1917, le
mariage religieux est aboli et la distinction
de statut social entre les enfants légitimes
et les illégitimes est supprimée. Les droits
au divorce et à l’avortement font aussi
partie des premières mesures prises par
le régime soviétique.
Mais surtout la femme a obtenu les
moyens matériels de son indépendance :
carte de ravitaillement propre, accès au
combustible, au logement etc. de façon
indépendante. Le mariage sous le régime
tsariste était conditionné souvent par le
besoin : la famille était un cadre nécessaire
à la femme pour vivre et être protégée ;
nécessaire à l’homme pour que quelqu’un
s’occupe de son ménage et de sa descendance
tandis qu’il assumait la concurrence
entre individus qui existait à l’extérieur du
foyer. Les époux étaient indispensables
l’un à l’autre en cas d’accident etc.
la révolution communiste donne la possibilité
(jamais complètement réalisée)
de résoudre cette question sans obliger
deux personnes qui ne s’aiment pas ou
ne s’aimeront pas toute leur vie à rester
ensemble (ce qui posait problème surtout
pour la femme à qui on demande d’être
fidèle). En effet, des structures collectives
sont mises en place pour s’occuper des
enfants et de ceux qui ne peuvent pas
travailler. Rien de matériel n’oblige donc la
femme à rester avec son conjoint.
C’est ainsi que se sont développés durant
les premières années de la révolution
russe des relations libre entre individus,
des liens qui se nouaient et se dénouaient
sans nécessité de sanction légale, et sans
que la collectivité n’ait rien à y redire.
Malheureusement dès le début des
années vingt, le régime est revenu sur la
plupart des acquis des premières années
de la révolution : l’avortement notamment
a été aboli, et la femme a surtout été valorisée
en tant que mère, reproductrice de la
force de travail.
Suzanne, [Sorbonne]