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Le Mexique s’insurge
vendredi 22 décembre 2006, par
Après 145 jours d’occupation civile du centre-ville et 151 jours de mouvement social, la ville de Oaxaca subit un politique de terrorisme d’État. Ce qui a commencé comme une grève de professeurs pour les salaires a donné place à une alliance de paysans, professeurs et ouvriers (APPO), pour la destitution du maire de Oaxaca Ulises Ruiz (PRI) élu par fraude, répressif et corrompu.
Oaxaca en ébullition
Depuis presque cinq mois l’Association Populaire du Peuples de Oaxaca a pris les radios, bloqué les routes et mis en place un campement dans le centre-ville en étendant la grève, n’utilisant la violence que pour défendre les barrages de protection. Le 27 octobre, quatre attaques armées et simultanées dans des différents endroits de la ville ont laissé quatre morts dont un reporter nord-américain. Le gouvernement de Fox (PAN) refuse de trouver une issue au conflit. Il vient d’autoriser l’envoi les forces fédérales armées.
La plupart des victimes du conflit (une vingtaine) sont des membres de l’APPO (Association Populaire du Peuple de Oaxaca). Les responsables sont les forces de l’ordre en civil et des tueurs à gages payés par les autorités locales. « Nous n’avons que des pierres, eux, ils ont des armes à feu », déclare l’un des porte-parole de l’APPO. Mais jusqu’à maintenant, les autorités n’ont pas réussi à arrêter la APPO ni par la désinformation, ni par les menaces et des coups.
Les autorités veulent faire monter la tension et faire exploser la violence au sein du conflit afin d’accélérer l’intervention militaire pour éviter ainsi le dialogue et la négociation.
La lutte devient nationale
Samedi 28, de nombreux délégués de l’APPO ont manifesté à Mexico aux côtés du FPDT (Front de Peuples en Défense des Terres), l’une des forces importantes de la gauche mexicaine. Les 3 et 4 mai derniers, les autorités sont intervenues de manière extrêmement violente envers la population civile révoltée : 47 femmes arrêtées et abusées sexuellement, 209 détenus et 3 morts. Le gouvernement voulait réduire le fort soutien de communautés précaires à « L’autre campagne » de l’EZLN et renforcer le « vote de la peur » contre Obrador (PRD) en faveur du candidat de la droite conservatrice Calderon (PAN).
En septembre Felipe Calderon a été élu président, malgré l’évidence de fraude et le refus du gouvernement et du IFE (Institut fédéral électoral) de recompter les voix, avec 230 000 d’écart sur 50 millions de votants ; malgré aussi deux mois de manifestations et d’occupation d’un des quartiers du centre de Mexico. Trois millions de votes cachés, des urnes fermées deux heures après ouverture, situés dans des quartiers populaires et petites communautés rurales...
Le sous comandant Insurgé Marcos a déclaré que toutes les attaques contre l’APPO ou la FPDT seraient des attaques aussi pour l’EZLN et l’Autre campagne.
L’unité des forces contre le gouvernement
Oaxaca est l’un des États plus pauvres au Mexique. La résolution du conflit ne peut pas se faire sans penser à une solution généralisée face à la crise mexicaine et à la montée du néolibéralisme. Un programme politique égalitaire qui mette fin à l’exploitation et la misère est la revendication phare dans cette lutte. La coalition EZNL-FPDT-APPO est un espoir car désormais une gauche anticapitaliste sans compromis avec le pouvoir existe dans tout l’État.
Oriana, [Censier]