Mobilisation exemplaire pour une lycéenne du 92

Suzilène, 18 ans, Capverdienne, vivait en France depuis trois ans. Elle était scolarisée au lycée professionnel Valmy à Colombes (92). Sa mère est en France et est en règles... Mais début octobre, Suzilène a été désignée comme s’étant battue avec quelqu’un. Ni enquête, ni hésitation  : la police l’a arrêtée et placée en centre de rétention.

Lycée en grève

Une semaine plus tard, elle est expulsée. Entre-temps, les lycéens, les profs, les parents d’élèves et le Réseau éducation sans frontière 92 se sont mobilisés. Le lycée s’est mis en grève immédiatement après l’arrestation.

Mais la Préfecture a joué la ruse  : le 12 octobre, jour de l’expulsion, à 16 heures, elle annonce aux proches de Suzilène qu’elle sera expulsée à 17 heures à Orly. Des voitures s’organisent et ce sont plusieurs dizaines de lycéens et de militants qui se dirigent vers l’aéroport pour empêcher le vol de décoller... Peine perdue, car en fait, Suzilène a été renvoyée au Cap Vert à 15 heures, du Bourget, en avion ministériel  ! Un traitement d’exception qui montre combien une lycéenne immigrée est dangereuse  !

Droit au retour

Mais le mouvement anti-CPE nous a appris deux choses  : comment se mobiliser et comment ne pas perdre espoir après que l’État a accompli ses méfaits. Le calme n’est pas revenu à Valmy et dans le département. La grève a continué et des manifestations se sont multipliées. Le 19 octobre, un meeting du RUSF Nanterre avait lieu à la fac. Les lycéens de Valmy y étaient invités et ont pu inciter les étudiants à se rendre le lendemain à un rassemblement devant le conseil général des Hauts-de-Seine, dont le président est Nicolas Sarkozy. Ce sont donc plus de 500 personnes qui s’y sont retrouvées  : lycéens de Valmy, mais aussi du reste du 92, notamment du lycée Joliot-Curie, à Nanterre, où deux élèves ont reçu un arrêté de reconduite. À leurs côtés, des étudiants, des parents d’élèves, des profs et même des élus de gauche du département.

Sarkozy recule

Face à l’ampleur de la mobilisation, Sarkozy a été obligé de recevoir une délégation. Elle était composée de représentants de Valmy et d’un militant du RUSF Nanterre. Le ministre de l’intérieur s’est engagé à intervenir pour que Suzilène ait un Visa étudiant, mais aussi pour que les dossiers des Sans-papiers de la fac puissent être étudiés, la Préfecture refusant même qu’ils soient déposés jusqu’à présent ! Évidemment, la parole de Sarkozy n’a que peu de valeur. Mais Suzilène était la première lycéenne expulsée du 92. On peut estimer que ce renvoi était un test. La Préfecture et Sarkozy sont désormais prévenus  : après cette victoire, nous ne laisserons jamais personne se faire virer  !

JB, [Nanterre]