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Situation politique

mardi 12 juin 2007, par JCR-RED

Situation politique

1) Situation internationale

a) Crise du système économique

Les classes dominantes mènent à l’échelle internationale une offensive de grande ampleur. Cette offensive, dont l’objectif est de faire remonter les taux de profit, est révélatrice d’une crise traversée par le système capitaliste dans son ensemble.

Depuis plusieurs dizaines d’années (notamment depuis le choc pétrolier de 1973), le système est en effet confronté à un ralentissement de la hausse des profits des grandes firmes capitalistes, qui tentent dès lors par tous les moyens de faire rentrer plus d’argent en augmentant leurs bénéfices. Ces grandes firmes, pour maintenir voire augmenter leurs profits, multiplient les attaques contre les droits sociaux. En France, le chantage au retour aux 39 heures payées 35 sous menace de délocalisation l’illustre bien. Mais dans la période, attaquer « seulement » ses propres salariés ne suffit plus aux firmes pour se maintenir sur le marché international. Par le biais des différents Etats, elles s’attaquent aux pays du Sud afin d’augmenter leurs profits, comme Bouygues qui a de grands intérêts à l’intervention française en Côte d’Ivoire.

Mais les « recettes miracles » que les capitalistes ont produites ces dernières années pour relancer l’économie ont été pour la plupart des échecs. Les plans d’ajustement structurels imposés par le FMI ont connu un retentissant échec avec l’écroulement de l’économie argentine qui était pourtant présentée comme « le meilleur élève du FMI ».

La « nouvelle économie » et les « nouvelles technologies » ont également montré leurs limites avec les crises économiques en Asie du Sud-Est (Japon, Corée du Sud) ou avec l’affaire Enron : cette multinationale symbole de la réussite de la nouvelle économie, avait truqué ses chiffres et affichait des bénéfices faramineux tandis qu’elle était déficitaire.

Les conséquences de la crise pour les travailleurs et les jeunes sont dramatiques : multiplication des attaques contre les droits sociaux, licenciements, chute des revenus, hausse du chômage, de la pauvreté. Chaque jour environ 100 000 personnes meurent à cause de la faim et de ses suites immédiates, 20 000 enfants de maladies évitables, 5 000 personnes à cause d’accidents ou de maladies liés au travail… La liste est longue. Et le système va de plus en plus d’instabilité. Cette crise économique est une crise structurelle du système capitaliste.

Si ces recettes n’ont pas fonctionné, c’est parce que le système est confronté à une crise structurelle : pour faire remonter les profits, les multinationales doivent revenir sur ce qu’elles avaient concédé aux salariés des pays du Nord et aux peuples des pays du Sud dans une période de croissance économique (les Trente Glorieuses). Cela passe pâr des attaques violentes qui entraînent une chute des revenus pour une partie importante de la population mondiale. La course effrénée au profit a pour conséquences l’effondrement d’économies nationales qui ne peuvent suivre le rythme. D’où la contradiction entre les nécessités des multinationales (vendre leur production, exploiter de la manière la plus rentable possible l’ensemble des ressources mondiales) et les moyens qu’elles doivent mettre en œuvre pour y répondre. Des populations sans argent ne permettent pas l’écoulement de la production mondiale.Des Etats dont l’économie s’écroule ne sont pas des points d’appui stables pour une exploitation « rentable » des ressources mondiales.

La crise économique s’accompagne logiquement d’une crise de légitimité du projet et du système capitaliste dans son ensemble. Car aux échecs que nous venons d’évoquer s’ajoutent l’accroissement visible par tous des inégalités entre le Nord et le Sud et, au sein des pays « développés », entre les plus riches et les classes populaires. La « fin de l’Histoire » qui avait été prophétisée par certains après la chute de l’URSS et des pays dits « socialistes » se heurte à la réalité des crises du système capitaliste.

b) Accélération de l’offensive impérialiste et des résistances.

La chute de l’URSS et la fin de la guerre froide ont ouvert une nouvelle période. La disparition de la deuxième superpuissance a permis un redéploiement des grandes puissances. Les classes dirigeantes nous avaient promis l’avènement d’une ère de paix. Mais ce redéploiement impérialiste a signifié une concurrence accrue entre les pays impérialistes, plus de guerres et plus d’instabilité au niveau international.

Nous assistons à une accélération de l’offensive des classes dominantes. Au Nord, ce sont l’ensemble des acquis des travailleurs qui sont remis en cause : protection sociale, retraites, salaires, temps de travail, services publics…

La notion d’impérialisme est d’une actualité brûlante : en effet, l’offensive contre les travailleurs et les jeunes du monde entier révèle toute sa violence avec le recours systématique à la force armée contre les pays du Sud.

La guerre et les occupations militaires sont à présent une donnée structurante de la stratégie des classes dominantes, de même que la rhétorique du « choc des civilisations » qui désigne un nouvel ennemi qui prend la place du communisme : l’Islam.

Après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis se sont déclarés officiellement en guerre. En septembre 2004, la Russie en a fait de même. L’unanimité derrière les Etats-Unis lors de l’offensive en Afghanistan, la légitimation par l’ONU de l’occupation de l’Iraq, la multiplication des interventions militaires (Haïti, Côte d’Ivoire…) avec occupation et les menaces envers d’autres pays (Soudan, Iran…) montrent que la « guerre sans limite » n’est pas qu’une idée mais bel et bien une politique reprise par l’ensemble des grandes puissances.

La guerre de classe menée par la bourgeoisie se heurte à des résistances elles aussi de plus en plus fortes. Ces dernières années les grèves se sont multipliées dans les pays dominants (France, Allemagne, Italie…), ainsi que les soulèvements dans les pays du Sud victimes du FMI (Argentine, Venezuela…) ou de l’offensive armée (Irak, Palestine…) et c’est un véritable mouvement de contestation à l’échelle internationale qui a vu le jour.

Les Forums Sociaux et les journées mondiales de mobilisation contre la guerre en sont les manifestations les plus visibles. L’épreuve de force entre les capitalistes et les peuples est en cours et même si nous sommes forcés de constater que pour l’instant elle tourne à l’avantage de la bourgeoisie, les luttes la fragilisent.

c- Concurrence et complémentarité entre les impérialismes

Formulation 1

La crise économique exacerbe la concurrence entre les différentes bourgeoisies. En effet, même si l’on assiste à des processus de fusion entre grandes entreprises de différents pays, à une internationalisation de plus en plus grande des échanges et des capitaux, il serait erroné de penser qu’il n’y aurait plus d’Etats, de bourgeoisies nationales ou d’alliances entre différentes bourgeoisies.

La statégie des Etats-Unis est révélatrice de ce double mouvement : « la guerre sans limite » est un moyen pour la bourgeoisie étasunienne d’apporter une réponse brutale pour résoudre la crise mondiale tout en prennant soin de maintenir et de renforcer la domination étasunienne face à l’émergence de concurents réels ou potentiels (Europe, Chine, Russie), quitte à contourner parfois les cadres traditionnels de résolution des conflits (ONU, FMI, OMC)

La suprématie militaire des Etats-Unis leur permet de contrebalancer le rééquilibrage économique relatif qui s’opère depuis plusieurs décénnies et qui s’est acceleré ces dernières années avec les nouvelles étapes de la construction de l’Union Européenne (monnaie unique, élargissement, constitution…).

L’ensemble des bourgeoisies à l’échelle internationale ont un intérêt commun : résoudre la crise et faire taire les résistances. Mais elles ont des intérêts et des stratégies qui leur sont propre, ce qui peut conduire à des crises ponctuelles, comme au moment de la guerre en Irak.

Dans ce système complexe, la bourgeoisie française joue son rôle : elle a accepté la stratégie d’interventions militaires et de recolonisation (renforcement du budget militaire, envoie de troupes en Côte d’Ivoire, en Haïti, au Congo…) et ne la conteste pas car elle veut comme les autres résoudre la crise. Elle a accéléré l’offensive antisociale et les politiques répressives.

Mais dans le même temps, elle joue la carte de l’Europe (en constituant un axe avec l’Allemagne) tout en défendant, quand il le faut, ses intérêts propres, liés à son histoire coloniale, quitte à s’opposer à l’impérialisme dominant sans toutefois prendre le risque de mettre en péril le système.

Formulation 2

La crise économique et la disparition de l’URSS exacerbent la concurrence entre les différentes bourgeoisies. En effet, même si l’on assiste à des processus de fusion entre grandes entreprises des différents pays, à une internationalisation de plus en plus grande des échanges et des capitaux, il serait erroné de penser qu’il n’y aurait plus d’Etats, de bourgeoisies nationales ou d’alliances entre les différentes bourgeoisies.

Actuellement les Etats-Unis constituent l’impérialisme dominant. La stratégie de « guerre sans limite » est un moyen pour la bourgeoisie étasunienne d’apporter une réponse brutale pour résoudre la crise mondiale tout en prenant soin de maintenir et de renforcer la domination étasunienne face à l’émergence de concurrents réels ou potentiels (Europe, Chine, Russie), quitte à contourner parfois les cadres traditionnels de résolution des conflits (ONU, FMI, OMC). La suprématie militaire des Etats-Unis leur permet de contrebalancer le rééquilibrage économique relatif qui s’opère depuis plusieurs décennies et qui s’est accéléré ces dernières années avec les nouvelles étapes de la construction de l’Union Européenne (monnaie unique, élargissement, Constitution…).

Cette suprématie militaire des Etats-Unis, en plus d’être un secteur-clef de l’économie, est ce qui leur permet de rester au rang de première puissance mondiale, notamment en essayant de conquérir le monopole de la production de pétrole au Moyen-Orient principalement mais aussi autour de la mer Caspienne, en Afrique et en Amérique du Sud. . Pour les Etats-Unis il s’agit de placer des dirigeants “ amis ”, voir d’occuper militairement tous les pays producteurs de pétrole pour faire augmenter la production et éviter un choc pétrolier. Et aussi, face à l’épuisement des réserves dans les prochaines décennies, c’est pour eux un enjeu décisif afin de garder leur position dominante.

Ce redéploiement impérialiste qui a suivi la chute de l’URSS a des conséquences directes dans la concurrence qui existe entre les Etats-Unis et une partie de l’Europe. Les Etats-Unis ont beau se proclamer « gendarmes du monde, » cela n’empêche pas les autres puissances impérialistes de mener leur propre politique. Cette concurrence entre les différents impérialismes peut mener jusqu’à des affrontements indirects comme en Côte d’Ivoire où la France mène une guerre contre les rebelles soutenus par le Liberia et armés par les USA.

La situation en Amérique du Sud et en Irak (la France s’était opposée à une intervention en Irak notamment pour protéger les contrats que Total-Fina-Elf avait signé avec Saddam Hussein pour l’exploitation du pétrole) illustrent aussi la concurrence que se mènent les différentes grandes puissances. Dans ce cadre, la France met elle aussi en place une stratégie d’interventions militaires et de recolonisation : renforcement du budget militaire, envoi de troupes en Côte d’Ivoire, en Haïti, au Congo, en Afghanistan. Elle est une force motrice dans le processus de construction européenne, avec l’armée européenne et l’espace économique afin de concurrencer les Etats-Unis. Elle a accéléré l’offensive anti-sociale et les politiques répressives.

Mais l’ensemble des bourgeoisies à l’échelle internationale ont un intérêt commun : résoudre la crise et faire taire les résistances. Donc malgré leurs intérêts et leurs stratégies qui peuvent être différentes, elles sont complémentaires et arrivent à trouver des accords (toujours en notre défaveur). Par exemple les Etats-Unis et la France ont participé à des campagnes militaires communes en Afghanistan et en Haïti.

2) Situation en France et en Europe

a) Offensive libérale dans toute l’Europe et en France

Les gouvernements de tous les pays d’Europe menent des attaques contre tous les droits des travailleurs : retraites, Sécurité sociale, droits démocratiques, immigration, éducation… Ce sont des gouvernements de combat, qui sont prêts à des affrontements d’ampleur avec les travailleurs. Le fait que l’extrême droite participe à plusieurs gouvernement est représentative de la volontée des classes dominantes d’en découdre. L’Union européenne est un cadre de coordination de ces attaques, et l’objectif de la Constitution européenne est d’institutionnaliser, de donner petit à petit un cadre légal aux reculs que veulent infliger les bourgeoisies. D’autre part, l’intégration de Europe de l’Est est un outil pour renforcer la hiérarchie au sein de l’Europe entre pays riches et pauvres même si les bourgeoisies des pays de l’Est y trouvent leur compte par l’afflux de capitaux dans leurs pays qui découle du rattachement à l’UE.

L’extrème droite se développe dans topute l’europe, et dans plusieurs pays elle participe à des gouvernements au côté de la droite. Cette montée de l’extrème droite est révélatrice de la crise de légitimité de la construction de l’Europe qui favorise les replis nationalistes. Le choix fait par plusieurs partis de droite de former des coalitions avec l’extrème droite démontre que les classes dominates sont dans une logique d’affrontement violent avec la classe ouvrière.

En France, le gouvernement Raffarin a pour projet la destruction de l’essentiel des droits sociaux obtenus depuis 1945. Ce que Thatcher avait en bonne partie réussi, la bourgeoisie française veut le faire. Les attaques contre la Sécurité sociale (retraites, assurance maladie, assurance chômage) et le droit du travail sont les axes fondamentaux (temps de travail, remise en cause du CDI, fin des diplômes nationaux, rapport Thélot…). Elles structurent une bonne partie des réformes actuelles du gouvernement et du patronat : ce dernier a même tendance a être plus offensif que le gouvernement, en lien avec Sarkozy et une fraction importante de l’UMP. Il met en place dans les entreprises des attaques avant que le gouvernement ne l’ose.

Pour mener à bien son projet, le gouvernement mène une cmapagne ultra réactionnaire contre les femmes, les trravailleurs étrangers, les musulmans, les LGBT. A cela s’ajoute le renforcement de l’appareil de répression de l’Etat par le biais de lois (vigipirate, LSQ, LSI, présence policière dans les lycées…).

L’ensemble des attaques sur les travailleurs qui touchent en priorité les femmes, l’amandement Garaud sur l’IIG, les pub sexistes vont dans le sens du retour au foyer. Le nombre d’agressions homophobes augmentent. La division des travailleurs entre eux (hommes/femmes, français/étrangers, musulmans/catholiques/juifs/athée,…) est un élément indispensable de la politique des classes dirigantes. Grace au 11 septembre, la campagne contre les musulmans (qui tend à assimiler tout arabe à un musulman et tout musulman à un terroriste) permet à Chirac de faire l’union sacrée derière la défense de la « république » et d’éffacer tout clivage de classe. Les partis de gauche participent pleinement à cette logique.

Le mouvement de mai-juin 2003 a montré la capacité des travailleurs à se mobiliser. Pourtant cela n’a pas stoppé le gouvernement. Des grandes luttes ont eu lieu et ont toujours lieu dans beaucoup de pays européens (Italie, Etat Espagnol, Portugal, Allemagne). Cela a contribué à destabiliser ces gouvernements, notamment le gouvernement Raffarin (recul sur les 35h, malgré la volonté du patronat). Mais les attaques continuent (loi sur les licenciments, sur le service minimum…).

La multiplication des défaites des travailleurs (retraite, sécu, privatisations…) a laissé des traces pourtant, il n’y a pas de démoralisation chez les jeunes et les travailleurs. Des mobilisations sectorielles existent (La Poste…).

b) Situation sociale des jeunes

Les jeunes d’aujourd’hui sont la première génération depuis des décennies à savoir qu’elle va moins bien vivre que ses parents.
On assiste aujourd’hui à une prolétarisation de la jeunesse : de plus en plus de jeunes sont obligés de se salarier, étant donné la baisse du niveau de vie des travailleurs. En effet l’inflation (qui a des conséquences immédiates sur le coût des études) et la baisse du pouvoir d’achat des catégories les plus modestes oblige les jeunes à se salarier très tôt, y compris pour ceux qui poursuivent des études.

Mais cette prolétarisation est également le résultat d’un projet de la bourgeoisie en direction de la jeunesse. En s’attaquant au système universitaire actuel, la bourgeoisie ne veut pas simplement réorganiser l’enseignement et la recherche : elle veut remodeler l’ensemble du monde du travail. L’université telle que nous la connaissons est le résultat d’une massification de l’enseignement supérieur, qui a commencé au lendemain de la deuxième guerre mondiale et s’est accélérée dans les années 60-70. Cette massification provenait d’un besoin accru de main d’œuvre qualifiée. Massification n’a jamais signifié démocratisation : les fils et filles d’ouvriers ont toujours eu beaucoup moins accès à l’enseignement supérieur que les classes aisées (chiffres).

Mais avec la crise, la bourgeoisie veut désormais remettre en cause la massification. Elle a besoin de travailleurs précaires peu qualifiés. Elle veut donc exclure une partie des jeunes de l’enseignement supérieur et adapter les études aux besoins à court termes des patrons. Détruire l’actuel système d’enseignement supérieur est un moyen efficace pour flexibiliser le monde du travail.

Elle veut favoriser le développement de l’alternance à tous les niveaux (secondaire et supérieur). Elle organise la professionnalisation des études, c’est-à-dire la soumission de leur contenu aux besoins à court terme des entreprises (lycée des métiers, licences pro, LMD...). Cela s’accompagne d’une casse des droits collectifs des futurs salariés par la suppression du cadre national des diplômes et l’annexe descriptive ou supplément au diplôme qui les individualise.

Pour faire accepter cette dégradation de la situation de la jeunesse, on la criminalise. Elle est stigmatisée comme dangereuse et « déréglée », il faut la discipliner. Le gouvernement Raffarin s’est appuyé sur l’offensive sécuritaire engagée par le gouvernement de gauche pour entreprendre des attaques sans précédent depuis la première moitié du vingtième siècles, comme l’enfermement des mineurs, l’interdiction des rassemblements dans les halls d’immeuble...Le retour à l’uniforme est même en débat. Cette criminalisation de la jeunesse touche plus particulièrement les quartiers populaires et la jeunesse immigrée.

La situation sociale des jeunes se dégradant, il est de plus en plus difficile de partir de chez ses parents et d’obtenir l’autonomie. D’où un écho important pour les discours défendant la famille comme cadre structurant dans la société. Ces discours participent d’une offensive idéologique réactionnaire qui renforce les valeurs patriarcales (plus d’oppression des jeunes filles notamment).

c) Luttes dans la jeunesse

Des mobilisations très importantes sur des questions non liées de manière immédiate aux conditions d’études ou de travail. Sur ces « questions politiques », les mobilisations ont été parfois très massives (comme on a pu le voir dans l’entre-deux tours), en premier lieu la lutte contre la guerre. La lutte contre la guerre n’a pas encore réussi à se structurer sur la durée mais elle va continuer à politiser un grand nombre de jeunes sur un sujet au coeur de la stratégie des classes dirigeantes. Des mobilisations parfois massives (moiuvements lycéens en 98 et 99 et, dans une moindre mesure, mouvement étudiant en novembre-décembre 2003) ont eu régulièrement lieu sur les questions liées aux conditions d’études. Elles ont pu donner lieu à des grèves et à des blocages d’universités et de lycée. Les conditions d’études, le droit à l’éducation reste une préoccupation fondamentale des jeunes. Les luttes pour ce droit permettent à des milliers de jeunes de faire l’apprentissage de luttes concrètes, de la grève, d’apprendre à se confronter avec le gouvernement et à se solidariser avec la classe ouvrière. La prolétarisation de la jeunesse n’est pas sans effet sur les luttes des jeunes. On a vu apparaître des luttes de jeunes précaires, qui ont même été parfois victorieuses. La précarisation du milieu étudiants (50 % des étudiants sont salariés, le nombre de boursiers augmente chaque année…) modifie les conditions de lutte à l’université. En effet les étudiants salariés sont moins présents à l’Université et les plus pauvres d’entre eux ne peuvent se permettre de rater des cours au risque de redoubler et de perdre leurs bourses… Les questions concernant les étudiants et les travailleurs sont de plus en plus proches, mais l’obligation de plus travailler pèse sur la capacité à lutter. Ce sont les plus jeunes de travailleurs qui ont été aux avant-postes des dernières grandes luttes (contre la guerre, en Mai-juin). La jeunesse peut jouer un rôle essentiel dans les prochaines grandes luttes.

3) La place des révolutionnaires

a) Les jeunes et la gauche

Une grande partie des jeunes ne votent pas. L’engagement politique ne va pas de soi pour la plupart des jeunes, à la différence des années 60-70, mais les militants n’apparaissent plus comme des zombies comme cela pouvait être le cas au début des années 90. La volonté de changer le monde, le projet révolutionnaire ont gagné en crédibilité. Une majorité de jeunes n’a pas confiance en la gauche traditionnelle pour transformer le monde. Le lien entre la gauche, le mouvement de la classe ouvrière et la transformation sociale (l’idée de transformation de la société) n’est pas quelque chose d’évident pour les jeunes d’aujourd’hui. Mais une part significative pense que c’est un moindre mal par rapport à la droite. La gauche traditionnelle contrôle encore moins la jeunesse que la classe ouvrière, et elle évolue de plus en plus vers la droite (les directions syndicales étudiantes, par exemple, capitulent devant le projet de la bourgeoisie dans l’enseignement supérieur). Mais elle conserve une certaine influence dans la jeunesse.

b) Le poids des directions réformistes dans les luttes

Malgré la relative faiblesse de l’encadrement de la jeunesse par la gauche traditionnelle, celle-ci conserve une influence significative sur les luttes des jeunes. Certains secteurs de la gauche sont encore capables de ponctuellement être à l’initiative de luttes : la direction de l’Unef l’a prouvé en novembre-décembre 2003. Quand des luttes ont lieu, les idées réformistes ont un écho significatif. Cela permet à la gauche qui s’en revendique d’y exercer une influence. Pour y arriver, elle s’appuie sur l’Etat (subventions, liens institutionnels) qui lui permet d’avoir des moyens à dispositions et qui lui donne des relais institutionnels pour négocier la paix sociale. Elle s’appuie aussi sur les illusions engendrées par le système : en 2003, au plus fort de la mobilisation contre la guerre en Irak en France, les réformistes défendaient l’idée inepte de la résolution du problème par l’intermédiaire de l’ONU, mais cette idée était une illusion partagée par des millions de gens. Conforter ces illusions permet aux directions traditionnelles de s’assurer une certaine influence sur les mobilisations. La gauche traditionnelle porte une lourde responsabilités dans les dernières défaites des travailleurs et des jeunes. Elle ne fait rien pour organiser une réelle contre-offensive générale face aux classes dirigeantes et au besoin elle sabote les luttes. Pour que les prochaines luttes soient victorieuses, il est nécessaire de les préparer dans la perspective d’un affrontement avec la politique de la classe dirigeante.

c) L’audience des révolutionnaires

Mais la nouveauté de la situation réside dans le fait que nous pouvons contester la direction des luttes à la gauche traditionnelle. Le mouvement contre la guerre et les occupations, le mouvement étudiant de novembre-décembre 2003 le prouvent : nous ne sommes plus uniquement en position de commentateurs d’initiatives prise par d’autres, une simple force de contestation, ou un “aiguillon” qui tente de faire aller la direction des luttes “un peu plus à gauche”. Cela veut dire que nous pouvons être à l’initiative de cadres unitaires et non plus seulement participer à ceux que d’autres impulsent. Nous sommes de plus en plus en position de réfléchir à la mise en place de toutes les étapes de la lutte et à entraîner tout le mouvement à franchir ces étapes sans attendre que d’autres le fassent à notre place.

De plus, notre courant est désormais connu du grand public et notre surface de contacts s’est considérablement élargie. Les présidentielles de 2002 en sont l’illustration la plus manifeste. Les campagnes régionales et européennesd de 2004 (affluence dans les meetings, écho favorable pour nos idées chez les salariés et les jeunes…) sont révélatrices de cette audience même si les scores obtenus ont été inférieurs à ceux de 2002.
Cependant, nous n’avons pas encore su capitaliser cet élargissement. Mais il existe aujourd’hui la possibilité de gagner un grand nombre de jeunes à nos idées, pas seulement des individus.

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