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Répression des mouvements sociaux
mardi 12 juin 2007, par
Répression mouvements sociaux
RIJ 2006
Répression n’est pas nouvelle, mais accentuation ces dernières années avec remontée des luttes (mouvement altermondialiste, mouvements sociaux). Importance particulière car touche nos camarades et / ou militants « nouvelle génération » (NGM) ; demande réponses particulières :
D’où vient-elle ? (Pas « accidentelle », pas réponses à « abus » ou actions trop « extrémistes » ; analyse de l’État)
Que faire ? (Trucs concrets, solidarité, connaissance de la loi… Lancement de campagnes sur long terme)
Question fondamentale : la répression, une arme contre une nouvelle génération militante ?
Topo restreint aux pays dits « démocratiques », même si nécessité comparer aux dictatures et faire lien entre toutes les formes de répression.
I. Répression ancienne
A. Bref historique répression mouvement ouvrier (lois anti-syndicales, anti-grève, antidémocratiques…)
Révolutions bourgeoises sur principe « républicain » ou « universaliste » de négation de la lutte des classes (« l’intérêt de chacun fait l’intérêt de tous ») : interdiction des organisations de défense d’intérêts particuliers (France, loi Le Chapelier interdit corporations ; pas de syndicats avant fin 19ème). État instrument d’une classe pour dominer, « Bande d’hommes armés », d’autant que fonctions de base, régaliennes, sont la répression, défense de la nation vis-à-vis des puissances concurrentes et défense de la propriété privée (valeur fondamentale), pendant longtemps, armée = police. Bourgeoisie tire sur foules et grèves très tôt.
1ères grèves se font dans la répression, exemple des canuts (première grève ouvrière en France, parmi les premières en Europe) :
1831 : armée envoyée, ouvriers se rendent maître de la ville. Environ 600 victimes dont environ 100 morts et 263 blessés côté militaire, et 69 morts et 140 blessés côté civil.
Armée de 26 000 hommes, 150 canons commandée par le fils du roi et le maréchal Soult, mate la rébellion. 600 morts et 10 000 personnes expulsées de la ville
1834 : « Sanglante semaine ». Plus de 600 de victimes. 10 000 insurgés faits prisonniers, condamnés à la déportation ou à de lourdes peines de prison.
Droits sociaux et démocratiques acquis dans affrontement et avec répression ; en même temps, luttes contre répression totalement liée à lutte pour droits (exemple, protection du licenciement).
B. Répression accrue dans pics mobilisation
− Mai 68, élément déclencheur : arrestation d’un militant JCR sur Vietnam ; Sorbonne occupée par police, arrestations, matraquages violents… Puis dissolution orga révolutionnaires 1974 : Raymond Marcellin, lois surveillance culturelle (journaux, livres, théâtre, cinéma…).
− Octobre 68, Mexique, fin de trois mois de mouvement étudiant par massacre place Tlatelolco, nombre de morts inconnu (300 généralement admis).
− Mouvement altermondialiste : Gènes : 570 arrestations ; Nice 2000 : 15 000 flics ; Gènes : 18 000 flics, un mort, arrestations et gaz…
− Début mouvement en France : condamnation Bové à trois mois ferme pour Mac Do Millau
C. Lois anti-terroristes
− EU, Patriot act : perquisitions, arrestations, écoutes, restriction du droit de grève
− Europe : restriction immigration, droit de manifester, plus de perquisitions… Arrestations secrètes par CIA en Europe (France, Italie)
II. La répression contre la nouvelle génération militante
A. Répression et néolibéralisme
L’exemple britannique avec les grèves des mineurs :
Thatcher : vengeance de classe ; années 1980, chômage touche plus de trois millions de Britanniques ; anéantissement de la résistance syndicale, dérégulation des services financiers, privatisations... Police, forte de son expérience en Irlande du Nord, équipée de nouveaux matériels plus efficaces pour contrer l’action ouvrière.
Lois antisyndicales : série de lois antisyndicales qui entravent l’action efficace des travailleurs, notamment les actions de solidarité (1984 : NUM ne peut appeler à la grève des mineurs car nécessite vote national ; Scargill, stal très modéré sur grève).
Pendant grève, Nottinghamshire, devient un camp retranché ; piquets deviennent obligatoire pour garantir grève et affrontement à la police… Procureur général : « La police a le droit d’arrêter les véhicules et de leur faire faire demi-tour. Quiconque n’obéira pas sera poursuivi pour délit criminel, et obstruction à la police dans l’exercice des ses fonctions. » Attaque coordonnée contre tous les piquets de grève de la région : barrages routiers contre le ravitaillement des piquets, isolement de la région, état de siège avec la police devient fondamental dans le déroulement de la grève. « bataille d’Orgreave », Labour condamne la violence des mineurs !
Plusieurs villages miniers occupés par la polcie.
Mineurs victimes de fausses accusations ; votes du congrès du NUM déclarés illégaux ; dirigeants condamnés à une amende. Décembre 1984, tous les biens du NUM sont saisis par les tribunaux.
B. Répression anti-syndicale : typologie dans les pays démocratiques
1. Licenciements : Mac Do Strasbourg Saint-Denis, PSA Aulnay
2. Administrative (lycées 2005 et 2006 _ inventions de lois, exclusions, contrats ; Nanterre)
3. Financière (mai juin 2003)
4. Interdictions grèves :
− RTM (astreinte)
− Bagagistes Roissy (réquisitionnés par le préfet)
− Metro new-yorkais (deux semaines de prison pour un syndicaliste ; 2 millions de dollars d’astreinte par jour de grève)
C. Répression policière :
− Ciblée : SNCM, faucheurs, … Spectaculaire. GIGN intervenu deux fois contre les postiers en lutte (Bègles, Rennes).
− De masse : loi Fillon, banlieues novembre et CPE : actions coups de poing, arrestations de militants meneurs (Lyon, Nanterre, annexe) et de jeunes.
350 arrestations, 1 985 garde-à-vue, 637 mises en examen, 271 comparutions immédiates, 71 peines de prison ferme, 167 peines de prison avec sursis, de TIG ou de mise à l’épreuve
− Grèce : Pendant occupation Ecole Polytechnique (par 3000 personnes), plus de deux cents manifestant(e)s blessé(e)s. Plus de 10 flics a l’ hôpital. Beaucoup d’arrestations (chefs d’inculpations comme violence sur personne représentant l’ordre avec intention de tuer).
III. Que faire ?
A. Réponses d’urgence : collectifs, collectes, campagnes de soutien… + question amnistie générale
1. Nécessité prise en charge sur plusieurs plans :
− Solidarité financière (avocats et frais de Justice)
− Solidarité juridique (collectifs d’avocats et de juristes, exemple de l’Assistance juridique), sortie de matos sur les droits en garde-à-vue, que faire face à la police… Travail avec organisations progressistes (SAF, SM, AJ).
− Mobilisation, popularisation, médiatisation, pression
o Sur la Justice (avoir pression aussi forte que Ministère sur les juges comme objectif).
o Sur les politiques pour l’amnistie
2. Question particulière de l’amnistie (en France) :
− Lois d’amnistie exceptionnelles (faits de collaboration après la Seconde Guerre mondiale, putschistes et auteurs de crimes pendant la guerre d’Algérie, hommes politiques _ Guy Drut ; mais aussi pour mouvements sociaux : 68, 23 mai, « infractions commises du 1er février au 15 mai en relation avec les événements survenus dans l’université et les manifestations auxquelles ils ont donné lieu » et mouvements des Kanaks en Nouvelle Calédonie en 1988 et 1990).
− Lois d’amnistie présidentielle : 1988 (Mitterrand) et de 1995 (Chirac) portaient sur les mouvements sociaux précédents (1986 contre la loi Devaquet, 1994 contre le CIP, 1993 contre Jospin - alors ministre de l’Éducation). Mais 2002, Chirac exclue « les délits d’outrages, de rébellion, de violences, d’injures et de diffamation commis sur les personnes dépositaires de l’autorité publique », « les dégradations et destructions aggravées - notamment celles commises sur des biens publics », les délits de la route, les infractions de salariés aux règles de l’entreprise, ....
Possibilité d’obtenir une loi dans l’année et en 2007 pour les personnes condamnées pour avoir participé à un mouvement social : printemps 2006, mais aussi révoltes des banlieues de novembre, faucheurs d’OGM, marins de la SNCM qui ont détourné un bateau, postiers de Bègles qui ont séquestré leur patron, lycéens du mouvement contre Fillon...
B. De l’injustice individuelle à la compréhension de l’État : difficulté de l’explication / évidence de la pratique
1. Difficultés à convaincre sur question de la défense globale (exemple de la LDH). Deux obstacles :
− Violences dans les manifs (« casseurs » ou agresseurs)
o Peu arrêtés, souvent sans preuve
o Prendre le problème en amont (présence sur lycées de banlieue, structuration en SO).
− Division « bons manifestants » / « casseurs » et « extrémistes »
o Ne pas se laisser diviser, insister sur légitimité entièreté du mouvement, fait que violence et casse viennent d’abord d’en face, qu’on prend en masse, sans preuve, qu’il y a des flics en civil provocateurs
o Agir en amont contre tentation autonome, structuration en SO pour se protéger des arrestations en coups de filets
2. Justifier l’affrontement à l’État
− Les attaques des gouvernements sont dues au système qui s’organise et se protège grâce à l’État, il est donc légitime de s’y attaquer.
− C’est l’affrontement et le rapport de force (grève, blocages) qui nous font gagner, la manif est un moyen indispensable de se compter et de rassembler du monde, mais elle n’est pas le seul moyen.
C. Vers l’affrontement organisé
Question des actions coup de poing (mino/majo, convaincre/« forcer », masses/substitutisme, grève générale/blocages…) ; dérives autonomes ou terroristes / frilosité (LO) ou freins (UNEF)
− Action « coup de poing », minoritaire (par rapport à manif) doit servir à massifier et non se substituer au mouvement de masse et à la grève réelle. Ni multiplication abusive, ni prohibition.
− Manif « violente » doit être un but, si organisée autour d’un but précis. Exemple des dockers :
− Le 16 janvier, 10 000 dockers manifestaient à Strasbourg contre un projet de directive européenne sur la libéralisation des services portuaires maritimes. Des baies vitrées du parlement européen ont volé en éclats... 12 blessés, tous parmi les policiers. La manifestation a réuni des travailleurs portuaires de toute l’Europe et plus de la moitié des ports étaient bloqués !
− Dérives (AD, RAF, Brigades rouges (Brigate Rosse)), « propagande par le fait » (attentats, hold-ups d’auto-financement et assassinats multiples), sans soutien des masses (trop hard) ne provoque pas solidarité et mouvement spontané espéré (même si à nuancer pour BR : dizaines de milliers de personnes liées, 4000 arrestations, 1521 terroristes affiliés en prison en 1981, loi d’exception des années de plomb, autorisant la police à perquisitionner et arrêter une personne sans mandat du juge d’instruction, sur seul soupçon, allongement de la détention préventive pour les délits de terrorisme et autorisation les écoutes téléphoniques.
Conclusion Vers une campagne de longue haleine :
− Solidarité avec nos camarades
− Sauver la nouvelle génération militante de la résignation
− Forger la NGM à l’affrontement contre l’État
Garde-à-vue : Police custody ; guardia a vista
Mise en examen : Indictment ; messa in esame