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Racisme et exploitation  : une équipe qui gagne  !
vendredi 22 décembre 2006, par
« Les immigrés ne doivent pas continuer à se servir du système social allemand, mais ce sont aux Allemands de se servir le mieux possible des immigrés. ». Voilà à peu de choses près ce que déclarait, il n’y a pas si longtemps, Edmund Stoïber président de la CSU (extrême droite bavaroise). Le racisme et le nationalisme n’ayant pas de frontière (contrairement à ce que l’on croit !), ce type de politique a des relents bien réels en France.
Sans-papiers exploités rime avec patrons fortunés... Le 28 juin, M. Habichi, sans papier, a eu un accident du travail sur un chantier. Il a fait une chute grave de plusieurs étages le plongeant dans le coma. Il était employé par la société Samacs sur un chantier de Bouygues, c’est-à-dire les mêmes qui construisent les centres de rétention ou qui exploitent les ressources naturelles africaines. Bien sûr, le chantier n’était pas aux normes de sécurités (trop cher !) et la direction a exercé des pressions directes sur les collègues de M. Habichi (eux aussi sans papiers) pour qu’ils ne racontent pas la vérité. À Modeluxe, une industrie de blanchisserie en Essonne, ce sont 22 salariés qui se sont mis en grève pour leur régularisation avec le soutien notamment de l’union locale CGT. La préfecture a préféré faire la sourde oreille à leurs revendications. Mais lorsque la direction de Modeluxe a voulu licencier ces 22 salariés (au prétexte qu’ils se seraient fait embaucher avec de faux papiers !) la préfecture s’est tout de suite rangée derrière elle et a menacé les salariés de poursuites pour « usage de faux » ! Le patron peut respirer, il a le soutien du préfet. Cela fait des années que Modeluxe profite de la main-d’œuvre précarisée que représentent les Sans-papiers pour imposer des conditions de travail pénibles et des salaires bas (de l’ordre de 900 euros par mois). Ces exemples illustrent bien la situation à laquelle sont aujourd’hui confrontés les Sans-papiers, obligés de travailler dans des conditions désastreuses et pour des salaires souvent bas : ils constituent une main-d’œuvre surexploitée, corvéable et jetable à merci pour les patrons qui ne respirent que par le profit.
Contre la mise en concurrence des travailleurs : lutte collective ! Mais par ce biais, c’est aussi l’ensemble des travailleurs, immigrés ou non, qui sont mis en concurrence : les employeurs pouvant exercer des pressions directes sur ces derniers (surtout s’ils sont embauchés en CNE !) en les forçant à travailler plus, plus durement et moins payés sous peine d’embaucher à leur place un travailleur clandestin qui, lui, « accepterait » ces conditions de travail. Cela leur permet alors d’opérer un nivellement par le bas de l’ensemble des salaires et d’accentuer la division chez les travailleurs. Le patronat est ainsi le seul bénéficiaire du statut illégal imposé aux Sans-papiers : il serait en effet bien malheureux pour lui que les opprimés (avec ou sans papier) se retrouvent dans une lutte collective contre les mauvaises conditions de travail imposées à tous et la précarisation généralisée du travail.
Parce que derrière le CPE et le CNE se cache la même attaque que dans la loi CESEDA, c’est par la lutte collective et la convergence des intérêts de l’ensemble des jeunes et des travailleurs, que l’on soit d’ici ou d’ailleurs, que nous pourrons en finir avec ces conditions de vie et avec ceux qui les imposent à la tête du gouvernement !
Damien, [Lille]