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Texte de situation politique et d’orientation

dimanche 17 juin 2007, par JCR-RED

Manquent quelques amendements

Première partie Analyse de la situation

1. Les grands traits de la situation politique et sociale en Europe.

1.1 Une Europe libérale, antisociale et antidémocratique.

L’offensive libérale commencée dans les années 80 et l’intensification de la mondialisation capitaliste, combinées à la chute du mur de Berlin et à l’approfondissement de la crise du mouvement ouvrier, ont bouleversé la situation politique et les rapports de forces entre les classes non seulement au niveau mondial mais aussi au niveau européen. L’instauration du marché unique puis de la monnaie unique qui impliquait l’harmonisation des économies européennes et la mise en place d’institutions supranationales échappant à tout contrôle démocratique répondent aux revendications des secteurs en pointe des bourgeoisies européennes. Les traités de Maastricht, d’Amsterdam, les accords de Schengen et le pacte de stabilité de Dublin sanctionnent ce rapport de forces favorable à l’aile motrice du patronat sur le continent et de fait l’Union européenne est réduite à n’être qu’un vaste marché où règnent les multinationales sur fond d’austérité budgétaire, de précarité et de chômage de masse. Les secteurs décisifs du capital ont imposé une politique de rigueur s’appuyant sur un double mouvement de dérégulation-privatisation qui touche aussi bien les services publics que la protection sociale.

Il faut également souligner le caractère répressif de la construction européenne contre les personnes extérieures à son territoire. On peut en effet parler d’Europe forteresse vis à vis de la circulation des personnes, alors qu’elle ne l’est pas vis à vis de celle des capitaux.

1.2. La gauche poursuit l’offensive libérale.

Dans la quasi totalité des pays de l’UE cette politique rencontre des résistances multiformes au travers de mouvements sociaux à l’échelon national ou européen mais aussi par le biais du retour au pouvoir généralisé de la social-démocratie dans ses différentes configurations (gouvernement de centre-gauche, gouvernement socialiste, gouvernement de coalition incluant Verts et/ou (ex)communistes).Toutefois la mise en place de gouvernements sociaux-démocrates, dans 11 des 15 pays de l’UE, ne se traduit sur le fond par aucune modification de l’orientation prise par la construction européenne. Les revers de la social-démocratie, lors des élections européennes, dans une série de pays clefs (Italie, Allemagne, Grande-Bretagne) indiquent qu’une prise de conscience existe sur l’incapacité de celle-ci à être un rempart efficace à la déferlante libérale. Nous devons nous appuyer sur ce début de prise de conscience pour tenter de constituer un front de lutte contre cette politique et expliquer la nécessaire rupture avec l’Europe de Maastricht. Mais à l’exception du vote LCR-LO en France et du vote PDS dans l’est de l’Allemagne, il n’y a pas de réel vote sanction à gauche. La déroute des partis communistes ou ex-communistes (mis à part le cas du PDS) montre que ces formations n’apparaissent plus, sur le terrain électoral (on ne parle pas ici de leurs capacités de mobilisation), comme un recours crédible, ni même comme un outil pour peser sur la social-démocratie (surtout chez les jeunes). On assiste surtout à une progression de l’abstention dans les milieux populaires, ce qui renforce l’apparent succès de la droite : faute d’alternative de gauche crédible à une échelle de masse, ce sont en effet les forces conservatrices qui ont été utilisées pour censurer la gauche dans des pays comme l’Allemagne ou la Grande-Bretagne. Pour autant, les supports politiques à l’offensive patronale (toujours en cours) que constituent ces forces sont entrés dans une crise sans précédent depuis l’après-guerre. Cette déconfiture globale de la droite s’accompagne néanmoins de peu d’illusions sur la capacité ou la volonté de la gauche de rompre avec le libéralisme. Ces lignes de forces de la situation en Europe se retrouvent reproduites à l’échelon national, notamment en France où Jospin a profité de la poussée sociale de 95 pour accéder au pouvoir et n’a pas connu de mouvement généralisé de remise en cause de sa politique.

1.3. Des tentatives de résistance à l’Europe libérale.

Le manque de perspective politique alternative, les relais dont dispose la social-démocratie dans le mouvement social, mais aussi le poids des défaites et des attaques patronales et gouvernementales tout azimut, le sentiment que la construction actuelle de l’Europe est inéluctable paralyse en partie les possibilités que des luttes de résistance se développent.
Néanmoins, conséquence de l’avancée de la construction de l’Europe capitaliste, les luttes qui naissent et se développent dans les Etats s’opposent de plus en plus à cette construction, même si cela n’apparaît pas forcément clairement. Il s’agit en particulier de luttes contre les privatisations menées au nom de l’harmonisation européenne, ou par exemple de la campagne contre la suppression de la gynécologie, qui reposait sur le même argument.
D’autre part, des germes de luttes coordonnées à l’échelle européenne sont apparues avec les luttes des Renault contre la suppression de l’usine de Vilvoorde, la solidarité européenne des routiers, plus ou moins la luttes des sans papier-e-s. Les marches européennes en constituent l’élément le plus abouti aujourd’hui visible à la manifestation européenne de Cologne en juin dernier. Elles existent et forment depuis quelques années maintenant un réseau irremplaçable.

Un nouvel élément est apprendre en compte : une résistance à l’ordre libéral mondial est en train de se mettre en place et de porter ses premiers fruits. Le 30 novembre 1999 se sont ouvertes les négociations sur le commerce mondial à Seattle et un véritable mouvement d’opposition c’est construit pour dénoncer la logique libérale de ces négociations. Ce mouvement à nuit au “ bon ” déroulement de ces négociations et à contribué à ce qu’elles se bloquent ; il montre qu’il est possible d’obtenir des victoires contre la logique libérale.

Ce mouvement s’inscrit dans une certaine continuité : il donne suite au mouvement d’opposition qui s’est érigé contre l’AMI et il constitue la suite logique de l’action antilibérale menée par différentes associations et organisations, ATTAC, par exemple.

Il est important de prendre acte de la dimension internationale de la résistance qui s’oppose au libéralisme.

2 Situation politique en France.

En juin 97, la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Chirac avait pour principal objectif de légitimer politiquement l’offensive préparée par la droite et le patronat pour satisfaire aux critères de convergence de l’Union économique et monétaire. Cette tentative hasardeuse s’est soldée par la victoire de la coalition de gauche (PS, PC, Verts, MDC, PRG), nous analysions ce résultat comme un effet différé et déformé du mouvement de grèves de l’hiver 95 et des luttes partielles qui lui ont succédé. Plus de deux ans après cette défaite de la droite, le bilan du gouvernement Jospin est paradoxal. D’un côté, il jouit de l’absence d’alternative pour se maintenir à un haut niveau de popularité sans que cela ne traduise forcément une adhésion à son projet. De l’autre, son action politique ne remplit pas les objectifs qui lui étaient assignés par les électeurs et le mouvement social. Car il a pris le contre-pied de ses promesses (sans-papiers, Amsterdam, Vilvoorde…) en vidant notamment bon nombre de revendications sociales de leur contenu progressiste (35 h) ou en s’arrêtant au milieu du chemin (PACS). Ces contradictions demeurent explosives pour une gauche gouvernementale dont la politique ne correspond pas aux intérêts des jeunes, des salariés, des femmes, des chômeurs, des immigrés…

2.1. Une politique de soumission aux impératifs de la construction libérale de l’Union européenne.

Un des premiers actes politiques du gouvernement Jospin fut d’accepter le traité d’Amsterdam en échange d’un illusoire volet sur l’emploi. Plus, le gouvernement, dans sa totalité, et l’ensemble des directions de partis qui composent la majorité législative ont accepté, de fait, les critères récessifs des traités européens ainsi que le pacte de stabilité de Dublin.
L’adoption de l’Euro et le ralliement de la gauche plurielle aux contraintes budgétaires, à la déréglementation des marchés et à la politique monétariste de la Banque centrale européenne s’est effectuée sans crise majeure ni au sein des formations de la gauche plurielle ni même au sein de cette dernière. L’ensemble de la gauche gouvernementale s’est convertie (à des degrés divers) ou s’est résignée au respect des institutions antisociales et antidémocratiques de l’Union européenne.

Toutefois, un antagonisme subsiste au sein des partis de la majorité, entre des directions acquises aux dogmes libéraux ou les acceptant sans riposte conséquente, et des bases militantes, des courants critiques de gauche ainsi qu’un électorat largement réfractaires à cette politique et à ses conséquences pour les salariés en Europe.

2.2. La politique de la gauche plurielle se soumet à sa manière aux “ nécessités ” de la modernisation capitaliste en s’attaquant aux intérêts des jeunes, des travailleurs, des femmes, des immigrés.

En dépit du fait qu’il doive tenir compte d’un rapport de forces relativement plus favorable à la classe ouvrière, le gouvernement Jospin poursuit une orientation d’adaptation du capitalisme français et de ses entreprises aux exigences de la concurrence internationale et cela dans deux directions. Tout d’abord, il s’agit d’accompagner voire d’encourager les processus de fusions capitalistiques et la constitution de géants industriels et financiers, si possible au niveau continental et cela quel que soit le coût social de telles restructurations. Ensuite, suivant en cela les injonctions européennes, l’Etat se désengage d’une série de domaines qui sont appelés à devenir concurrentiels. Avec cette vague de privatisations totales ou partielles c’est la logique de rentabilité et de marchandisation des services publics qui prédomine.

L’orientation du gouvernement permet également l’approfondissement de la politique de dérégulation du marché du travail initiée par la loi quinquennale mise en place par la droite. Comme pour ses prédécesseurs, sa politique de l’emploi tourne prioritairement autour de la réduction du coût de la main-d’œuvre. L’une des pièces maîtresses de ce dispositif réside dans un encouragement à la flexibilité qui vise avant tout la baisse des coûts par la compression de la masse salariale en favorisant les ajustements à court terme (licenciements, embauches en CDD, temps partiel imposé, intérim…).
Présentée comme la grande avancée sociale de la législature, la loi Aubry, loin d’être une loi de réduction du temps de travail, se révèle être une loi de réduction du coût du travail. La volonté affichée de promulguer une loi favorable à la fois aux salariés et aux patrons, comme si un consensus entre les classes était possible, débouche sur un dévoiement d’une des revendications centrales du salariat. La loi Aubry ne permettra pas de créer massivement des emplois, tout au plus elle sera le moyen d’accompagner la baisse du chômage provoquée par la croissance économique. Au final, si le MEDEF est toujours aussi vindicatif, c’est qu’il entend maintenir le rapport de forces en sa faveur et ainsi tirer le bénéfice des dispositions sur l’annualisation, la flexibilité, les heures supplémentaires, les avantages financiers et cela sans aucune contrepartie sérieuse en terme d’embauches effectives.

Si l’orientation du gouvernement permet la dérégulation du marché du travail, elle ne prône pas la suppression, mais une réforme profonde, du système de protection sociale. L’exercice est périlleux car la classe ouvrière française construit davantage son unité au travers de son système de protection sociale que grâce à un syndicalisme qui reste divisé et minoritaire. De fait, la question de la sécurité sociale reste un objet central de la lutte sociale comme l’ont démontré les grèves de l’hiver 95. Dans ce contexte et en l’état du rapport de forces, il ne s’agit pas de supprimer le système de protection sociale mais de le “ moderniser ” en fonction des critères libéraux et selon deux logiques distinctes : une logique d’assistance (revenu minimal, minimum vieillesse, couverture maladie universelle, emplois jeunes) financée par l’impôt et une logique d’assurance (indemnisation du chômage, retraites complémentaires et fonds de pension, mutuelles ou assurances privées) financée par l’épargne salariale individuelle et collective, le tout au détriment du salaire différé qui assure la solidarité entre les salariés et entre les générations.

Cette politique d’ensemble est présentée comme la seule possible dans le contexte de la mondialisation capitaliste. Ce système d’emploi et de protection sociale se veut cohérent puisqu’il doit théoriquement permettre de concilier efficacité économique (en flexibilisant les entreprises et le marché du travail) et préservation de la justice sociale. Le pivot qui doit permettre l’articulation entre ces deux logiques résidant dans la redistribution fiscale. C’est sur l’ampleur de celle-ci que se distinguent les politiques de la droite et de la gauche plurielle.

C’est en cela que le social-libéralisme du gouvernement Jospin n’est pas un libéralisme sauvage. Celui-ci entend, pour l’instant, maintenir un niveau de redistribution relativement élevé par rapport aux exigences du patronat. C’est le sens de sa politique d’accompagnement social du libéralisme. Avec l’évolution des rapports de forces sociaux, cette politique apparaît toutefois de moins en moins sociale et de plus en plus libérale, de par la pression du MEDEF, des marchés financiers et des directives européennes face à un mouvement social peu offensif. S’il est évident que ce gouvernement n’est pas le nôtre et que nous ne pouvons qu’être en opposition à sa politique d’aménagement/modernisation du capitalisme, il n’en reste pas moins qu’à un niveau de masse le social-libéralisme de Jospin fait malheureusement illusion

2.3. Une politique qui sert les intérêts de l’impérialisme français.

La social-démocratie française tout comme le reste de l’internationale socialiste en Europe a rendu une fois de plus un service inestimable à la classe dominante lors de la guerre au Kosovo. Les Balkans ont été le terrain d’une double guerre : celle de l’OTAN contre la Serbie et celle de Milosevic contre le peuple Kosovar. C’est cette dernière dimension qui a permis de légitimer l’intervention militaire aux yeux de l’opinion publique. L’opposition à la guerre est restée minoritaire. En plus du PS quasi-unanime (hormis la Gauche socialiste), les Verts derrière Voynet et Cohn-Bendit ont soutenu (près de 70% de la direction nationale) les bombardements. Le PC de son côté tenait un discours qui disait une chose et son contraire avec une limite : ne pas sortir du gouvernement. Il a néanmoins participé avec notre courant et Lutte Ouvrière aux faibles mobilisations anti-guerre. Au final, la crise n’a pas été sérieuse au sein du gouvernement. Ce dernier a pourtant montré une fidélité indéfectible à l’OTAN tout en tentant de préserver les intérêts particuliers de l’impérialisme français dans le cadre de l’Union européenne face à l’hégémonie américaine.

2.4. Après les européennes…

Les rapports de forces au sein de la gauche française ont peu évolué depuis l’avènement du gouvernement Jospin. Toutefois, si les élections européennes confirment les tendances lourdes de la situation, elles font apparaître des phénomènes nouveaux qui sont autant de révélateurs des évolutions et des contradictions à l’œuvre.

2.4.1 La gauche plurielle.

Le PS demeure le centre de gravité et le pivot de la coalition gouvernementale. C’est le parti majoritaire (22% aux européennes), il satellise durablement ses partenaires et leur imprime sa volonté. Sa direction exprime pour partie les aspirations de forts courants acquis aux thèses libérales. Il n’en reste pas moins que des tensions internes s’expriment face à la politique du gouvernement et à son adaptation aux contraintes de la mondialisation capitaliste. Les débats sont parfois vifs entre la direction, les ministres et le groupe parlementaire. Pour l’instant, il n’y a pas de remise en cause globale du social-libéralisme et l’audience de secteurs critiques, principalement la Gauche socialiste, reste minoritaire et ne permet pas d’envisager une telle remise en cause dans un avenir proche.
Le PC est écartelé entre la participation gouvernementale et la pression qui existe à la base du parti et dans la société pour une rupture franche avec le libéralisme. Sa crise historique perdure. Non seulement il est affaibli en terme de militants et électoralement (6,7% aux européennes), mais de plus il est complètement aligné sur les orientations du gouvernement. Pourtant, loin d’enrayer sa crise de perspective la solidarité de gestion au cœur de la conception de la direction du PC, l’éloigne de sa volonté d’être le relais des aspirations du mouvement social. Cette forte contradiction entraîne une série de contestations internes de plus en plus vives sur la participation gouvernementale mais aussi sur les buts poursuivis par la “ mutation ” engagée par Hue.

L’un des faits nouveaux de la conjoncture est le score important de la liste Cohn-Bendit aux élections européennes. Avec près de 10% des suffrages exprimés, les Verts sont devenus la deuxième force électorale à gauche. Cette poussée s’explique par plusieurs facteurs. Premièrement leur liste est apparue comme moins entachée par la solidarité gouvernementale (en dépit d’un soutien sans faille et du médiocre bilan écologique de l’équipe Jospin) et a pu ainsi servir de vote sanction à l’intérieur même de la gauche plurielle. Ensuite, une constatation s’impose : les questions environnementales occupent une place croissante parmi les préoccupations de l’électorat et tout particulièrement chez les jeunes. Les Verts ont également réussi à capter l’attention sur toute une série de problèmes dits sociétaux (sans-papiers, drogues…) sans que cela ne rentre en conflit avec les propositions libérales de leur tête de liste. Enfin, comme toutes les listes franchement pro-européennes, ils ont su attirer les 18-25 ans (18%). Un tel succès a marginalisé l’opposition interne mais il est encore trop tôt pour parier sur l’évolution de la minorité du parti écologiste et cela d’autant plus au vu de l’ampleur des reniements imposés par la participation gouvernementale.

2.4.2 La réussite de la liste LCR-LO.

Pour finir, le rapport de forces à gauche est marqué par le score fait par la liste LO-LCR aux européennes (5,3%). Pour la première fois en France, une liste d’organisations révolutionnaires obtient des députés à une élection nationale. Ce résultat est une confirmation des scores de LO depuis 95 et de la LCR en 98. Il semble, dorénavant, que se stabilise un électorat ouvrier et populaire à la gauche des formations réformistes. Ce résultat montre en tous les cas que dans l’ensemble, les revendications portées par la liste LO-LCR étaient en phase avec l’attente de cet électorat, même s’il y a un bilan négatif à tirer de la sous-estimation de certains thèmes, ce qui explique entre autres le décalage entre les intentions de vote dans la jeunesse et le pourcentage obtenu (de 17% à 8%) : ce sont ces fameux thèmes dits sociétaux, mais qui auraient dû être déclinés de manière à en faire des questions sociales : immigration et sans-papiers, écologie, drogues… La question de l’Europe aurait pu aussi être abordée de manière différente. Ce vote ne doit pas être surévalué et ce d’autant plus dans la jeunesse. 92% des jeunes n’ont pas voté pour notre liste. L’idée de constituer un pôle des révolutionnaires ne repose sur aucune analyse sérieuse de la situation et des rapports de forces entre les différents groupes révolutionnaires (les position de LO par rapport au mouvement social notamment le démontre). Ce résultat est significatif de la volonté d’une frange de plus en plus large de salariés et de jeunes de ne plus accepter la politique de la gauche traditionnelle. Il doit nous servir à construire notre organisation et à pousser les contradictions au sein des partis de gauche, il doit être un point d’appui pour les luttes et le mouvement social afin d’offrir une alternative radicale contre le chômage et la précarité. Ces résultats marquent un regain très net de crédibilité pour l’extrême gauche et créent un espace politique marqué par la participation ou non au gouvernement.

2.5- La droite éclatée.

Les partis représentant la bourgeoisie française connaissent une crise majeure. Chacune des composantes de la droite reste loin derrière le PS lors des élections européennes. Ce résultat s’explique en premier lieu par l’abstention qui aura touché le camp conservateur d’avantage que l’électorat de gauche. L’érosion de l’influence des droites représente une tendance lourde de la situation en France. De plus la scission du FN a fortement affaibli l’extrême droite.

Le RPR est la principale victime de cette crise. En alliance avec Démocratie libérale il aura fait l’objet du rejet du libéralisme de plus en plus massif qui s’exprime au vu des désastres sociaux qu’il engendre. Les secteurs populaires encore fidèles à l’héritage gaulliste se sont tournés vers Pasqua et son Rassemblement pour la France qui en alliance avec De Villier s a réussi à apparaître sur une ligne “ souverainiste ” - c’est-à-dire national-populiste – défendant l’indépendance nationale contre la construction européenne, le tout mâtiné de références anti-libérales mêlant un discours autoritaire et pseudo-social. L’UDF pro-européenne et fédéraliste a profité de la crise du parti majoritaire à droite pour se distinguer avec un score de plus de 9%. La droite française est donc éclatée en trois familles d’un poids relativement équivalent.

L’extrême droite quant à elle s’est retrouvée dans l’incapacité de poursuivre l’offensive qui lui avait permis de contraindre une partie de la droite à s’allier avec elle lors de l’élection de certains présidents de régions. Devant l’échec du parti de Le Pen à faire exploser totalement la droite classique pour la recomposer à ses conditions, Mégret devait constituer son propre parti. Le résultat fut dévastateur pour les néo-fascistes. Si le FN réussit à passer la barre des 5% au scrutin de juin 99, le MNR de Mégret se retrouve dans une situation très précaire de son point de vue.

Cet éclatement généralisé du camp réactionnaire pourrait à terme donner lieu à une recomposition d’ensemble selon trois pôles. Un premier, national-autoritaire se plaçant comme recours en cas de troubles sociaux et/ou crise dans la construction européenne. Un second désireux de pousser plus avant les feux de la mondialisation et de la déréglementation libérale. Et un dernier, susceptible de former une majorité de rechange en compagnie du PS voire des Verts sur la base de convergences sur la politique d’intégration européenne.

2.6. Les luttes.

Depuis l’arrivée de la gauche plurielle au gouvernement, la situation reste marquée par la poursuite de luttes s’inscrivant dans un cycle ouvert en 1995. Elles mobilisent avant tout contre la politique du gouvernement. C’est le cas en particulier des mouvements de la jeunesse scolarisée remettant en cause la politique d’Allègre, avec deux mouvements lycéens exigeant un déblocage massif de moyens et un mouvement étudiant partiel qui, à l’automne 98, s’opposait directement à la logique libérale des réformes d’Allègre en dénonçant le rapport Attali. Sur le front de l’éducation, l’opposition à Allègre a été renforcée au printemps 98 par le mouvement du 93 mobilisant ensemble profs, parents et lycéens pour des moyens, et au cours de l’années 98-99 par des mobilisations limitées mais régulières des enseignants – avec une participation du SNES – et par une longue mobilisation des pions. Pour l’heure, c’est sur ce front que le gouvernement a été mis le plus en difficulté.
Parmi les salariés, la riposte aux attaques du gouvernement s’est faite essentiellement autour de la question de l’emploi et de la RTT. De nombreuses mobilisations se sont
déroulées à la SNCF et chez les traminots ; elles étaient parfois liées avec les problèmes de sécurité. Face au patronat, l’opposition aux licenciements et les mobilisations autour de la mise en place des 35 ont été le principal cadre de mobilisation avec notamment des luttes dans le commerce et la restauration, à Moulinex ou, bien sûr, chez Michelin.

L’affaire Michelin, sans mettre le gouvernement en difficulté importante, à obligé L. Jospin à reconnaître son impuissance face aux décisions patronales ; cela a aussi permis une mobilisation politique sur le terrain de l’emploi. L’effet Michelin et ses conséquences confirment une nouvelle fois que la question de l’emploi est aujourd’hui la question sociale centrale.

Les mobilisations de chômeurs n’ont pas connu la même ampleur qu’à l’hiver 97-98 mais n’en ont pas moins mobilisé de façon importante à Cologne, confirmant l’existence d’un espace de luttes européen bien qu’il reste encore réduit.

En ce qui concerne la précarité, les jeunes qui sont en première ligne semblent se mobiliser, mais de façon très éclatée. Des grèves ont eu lieu à plusieurs reprises dans des entreprises de sondages comme Ipsos et Louis Harris, dans des entreprises de “ phoning ”. Il y a également eu une lutte importante des agents recenseurs. Ces mobilisations de jeunes en situation précaire “ structurelle ” révèlent le refus d’une partie des jeunes ayant un emploi “ atypique ” de voir cette instabilité se pérenniser. Fondamentalement, ces luttes s’opposent non seulement directement au patronat mais aussi à la politique de l’emploi du gouvernement.
Enfin, même si la lutte est aujourd’hui à un niveau beaucoup plus réduit, la mobilisation des sans-papiers et de solidarité avec eux continue. Elle confronte directement le gouvernement à ses promesses non-tenues de campagne électorale et l’a mis plusieurs fois en difficulté en provoquant des craquements au sein de la gauche plurielle.

Malgré tout, l’ensemble des mobilisations ont toujours eu des fragilités importantes. Par conséquent aucune véritable victoire n’a été obtenue. Ces faiblesses ont été notamment : des difficultés de structuration (mouv lycéen de 98) ; une étendue géographiquement limitée avec un gros décalage entre les rythmes des différentes villes (mouvements lycéen de 99 et étudiant de 98) ; un caractère sectoriel (luttes de salariés).

Quelles sont les causes de ces faiblesses ? D’abord, le fait que face à la gauche plurielle au pouvoir, les appareils syndicaux classiques hésitent à développer des luttes trop importantes susceptibles de mettre en difficulté le gouvernement. Ensuite, l’accroissement d’un décalage structurel entre Paris et les régions sur le terrain des luttes qui est un frein essentiel à la mise en place de mobilisations véritablement nationales.

Surtout, la situation sur le front des luttes est marquée par une contradiction fondamentale : le gouvernement Jospin est le premier gouvernement depuis longtemps à pouvoir se targuer d’une relative diminution du chômage due en grande partie, non pas à sa politique, mais à une croissance économique plus longue et plus soutenue que ce que nous avions prévu. Cette baisse du chômage qui, nous le savons, se traduit par un développement de l’emploi précaire et de la flexibilisation du marché du travail, amène d’un point de vue global la base sociale du gouvernement à considérer celui-ci d’un œil bienveillant (sauf quand Jospin exprime son impuissance face à la brutalité capitaliste sur les licenciements Michelin, on a alors la manif du 16 octobre). En même temps, la relative amélioration sur le front de l’emploi entraîne un regain de conflictualité sociale, certains secteurs du salariat reprenant confiance en eux (mobilisations sur les 35 heures, pour les salaires…).
Sur le terrain social on traverse donc une période mitigée se caractérisant par l’existence de nombreuses mobilisations mais aussi par leur faiblesse et leur caractère limité. En ce qui concerne la lutte des femmes, la marche mondiale devrait permettre un redémarrage des mobilisations. En revanche, l’affaiblissement des mobilisations anti-fascistes devrait surtout être un déplacement du lieu de mobilisation. La réapparition, souvent violente, de groupuscules d’extrême droite sur les facs nécessitant des réponses alors que sur le plan politique général, la menace du FN apparaît dans l’immédiat moins forte.

Un élément nouveau de la rentrée est l’attitude du PC et la réussite de la manifestation pour l’emploi et contre la précarité du 16 octobre, malgré son positionnement ambigu vis-à-vis du gouvernement. Depuis bien longtemps, aucune manifestation politique de cette ampleur n’avait eu lieu. Une dynamique de lutte sur ces questions est non seulement possible mais constitue également un enjeu essentiel. La banalisation de la précarité dans la jeunesse préfigure une casse généralisée du salariat dans ses formes stables issues de l’après-guerre. Cette évolution peut être considérée comme la réponse du patronat et des gouvernements au chômage.
De plus, dans la lignée du succès d’ATTAC, notamment dans la jeunesse, et des mobilisations de la confédération paysanne, un front – associatif, syndical et politique – contre la mondialisation libérale semble pouvoir se mettre en place avec pour ligne de mire l’Organisation mondiale du commerce (OMC, institution ultra-libérale dominée par les Etats-Unis) et l’attitude du gouvernement dans les négociations en cours.

Enfin, en ce qui concerne les luttes scolaires, la mise en place d’un nouveau cadres de masse d’organisation des lycéens (UlyS), l’activité syndicale liée à la réunification et la poursuite des attaques d’Allègre ouvrent d’importantes possibilités de mobilisation, tant sur les problèmes de moyens que sur le fond de la politique.

3. Analyse de la Jeunesse

La situation politique générale a des résonances particulières dans la jeunesse. La jeunesse est touchée de plein fouet par les attaques menés par le gouvernement : remise en cause du service publique d’éducation, de la précarité, notamment dans les mobilisations (mvt lycéen). Toutefois la conscience de ces attaques est brouillée de plusieurs façons : du strict point de vue jeune, certaines mesures sont perçues de manière progressiste (par exemple les emplois jeunes qui garantissent un emploi stable pendant 5 ans), tandis que certaines offensives gouvernementales sont contrebalancées par des mesures positives qui restent bien entendu insuffisantes (ainsi dans l’éducation, le développement de l’aide sociale). En effet, la jeunesse reste disponible à la mobilisation, elle est faiblement organisée et structurée. Une politique adaptée et ambitieuse peut nous permettre de gagner de nombreux jeunes, qui se posent des questions directement politiques, mais qui ne trouvent pas de cadre pour les exprimer

L’école reste aujourd’hui le lieu majeur d’encadrement de la jeunesse - (92,4 % des 15-19 ans scolarisés en 1995, un peu moins de la moitié des jeunes scolarisés dans le supérieur) - . Tous les jeunes passent à un moment ou un autre - et pour un temps plus ou moins long - par l’institution scolaire. D’une part, l’école continue de reproduire les inégalités sociales.

Parallèlement, les contrecoups de la crise et des réformes libérales ainsi que le développement de la professionnalisation à tous les niveaux dans l’éducation nationale accroissent encore les fractures profondes à l’intérieur même de la jeunesse scolarisée et a fortiori entre celle-ci et les jeunes tenus à l’écart du système scolaire. De plus la crise sociale qui touche de manière différenciée les différentes franges de la jeunesse induit une dynamique d’affrontement au sein de cette jeunesse. Les casseurs (dont une bonne partie sont lycéens) s’en prennent aux manifestants lors des mobilisations lycéennes. Ils sont l’expression la plus sensible de cette crise sociale et politique. C’est au sein de cette institution qu’ils peuvent être touchés par la politique. La jeunesse scolarisée est en effet la plus présente dans les mobilisations et, malgré tout, la plus encadrée politiquement par le biais des organisations de masses et/ou des orgas politiques. Cet encadrement reste pourtant très faible :
 1% d’étudiants syndiqués
 syndicats lycéens qui ressemblent plus à des “coquilles vides” qu’à de réelles organisations de masses
 les organisations politiques de jeunesses quant à elles n’organisent que peu de jeunes soit qu’elles subissent de plein fouet la crise de leur parti adultes (JC), soit qu’elles n’aient pas de réelle implantation nationale (chiche), ou peu d’activités réelles (MJS).

Ce manque de militants se fait cruellement sentir notamment lors des mobilisations lycéennes tant en termes de structuration du mouvement qu’en termes d’élaboration des revendications. Pour autant, cet espace laissé vierge nous offre des possibilités et nous place devant des responsabilités nouvelles. D’autant plus qu’il existe un fort potentiel de radicalité dans la jeunesse. On a vu en effet qu’elle pouvait être à la pointe des mobilisations antifascistes, de soutien aux sans-papiers, sur les questions gay-lesbiennes... sans parler des luttes scolaires qui l’agitent régulièrement. Pourtant, si un nombre conséquent de jeunes se mobilisent régulièrement, ni les organisations de masses, ni les organisations politiques n’ont connu de développement important à la suite de ces mouvements. Le discrédit qui frappe les organisations politiques rejaillit sur les syndicats qui apparaissent aux yeux des jeunes - et à juste titre - comme des appareils politico-syndicaux. A ce titre, la réunification syndicale, qui ne doit pas se solder par une simple fusion des bureaucraties (qui en ont besoin soit pour survivre, soit pour asseoir leur hégémonie), peut jouer un rôle très positif. Il est par ailleurs indispensable de créer l’unité d’action la plus large possible afin de pouvoir lutter efficacement contre les réformes libérales qui entendent soumettre l’éducation à la loi du marché. Ces réformes vont dans le sens d’une résolution des contradictions qui traversent l’enseignement supérieur - et plus généralement l’éducation nationale - à la faveur d’un rapport de forces plus que défavorable pour les étudiants dans le sens d’une adaptation toujours plus grande aux besoins d’une économie capitaliste. L’enjeu est donc de taille, c’est en effet par les attaques directes contre la jeunesse que les gouvernements tentent - et parfois avec succès - de remettre en cause des pans entiers du droit du travail : le SMIC avec le CIP, les statuts de la fonction publique au travers des emplois jeunes, etc.. Les conflits qui traversent actuellement l’université ont notamment pour enjeu la valorisation du travail intellectuel et, avec la casse du cadre national des diplômes, la remise en cause des conventions collectives. Mais les attaques contre la jeunesse ne se limitent pas à l’institution scolaire.

Les jeunes subissent en effet quotidiennement la répression policière que cela soit lors des contrôles d’identités (sur les jeunes immigrés en priorité mais pas seulement), les contrôles des BAC ( Brigades Anti-Criminalité) mais aussi la répression massive en matière de drogues. Toutes ces interventions sont trop souvent marquées par de grandes violences (passage à tabac, insultes, etc..).
Phénomène essentiel, la précarité tend à devenir une caractéristique commune - bien qu’à des degrés divers - de la majorité des jeunes. Ces effets se retrouvent après comme avant la sortie des études avec le développement du travail en parallèle avec la poursuite des études (40 % des étudiants), l’insuffisance des revenus pour les jeunes scolarisés et la généralisation d’une période de plus en plus longue mêlant chômage, stages et formes d’emplois précaires à la sortie du système scolaire. Pour les jeunes se pose en particulier l’accentuation de la dépendance vis-à-vis des parents et se traduit notamment par le départ de plus en plus tardif du domicile parental. L’instabilité et l’insuffisance des revenus s’opposent ainsi aux aspirations légitimes des jeunes à choisir leurs modes de vie et à définir leurs propres projets. Expérimentée par la plus grande part des jeunes, la précarité - du fait de son caractère atomisant- n’a pas permis pour l’instant l’émergence de mobilisations de la jeunesse clairement dirigées contre la précarité. Pourtant, au moins depuis les mobilisations anti- CIP, la question de l’avenir, la peur du chômage et la menace tangible de la précarité tissent la toile de fond des mobilisations de la jeunesse. Le sentiment de moins bien vivre que ses parents sape une des bases sur lesquelles s’appuyait la légitimation du système capitaliste, pour autant, la violence des attaques idéologiques, l’atomisation de la jeunes, le manque de perspectives politiques claires et communes à la jeunesse réduisent les possibilités qu’a cette radicalité latente de s’exprimer à une échelle de masse. Les groupes anarchistes et/ou autonomes, peuvent à un moment donné cristalliser cette radicalité mais sont incapables de lui offrir quelque perspective que ce soit.
A un autre niveau, la campagne européenne des verts, - malgré un programme ouvertement libéral - a pu profiter du manque de repères politiques chez les jeunes pour, avec l’image de la radicalité sociale (sans-papiers, PACS, drogues) et l’anti-libéralisme de façade (dioxine, affiches "libérons nous du libéralisme"), polariser largement les jeunes. Il existe un espace important dans la jeunesse où nous pouvons développer notre discours et que nous pouvons structurer de façon significative. De plus, la dynamique enclenchée par la LCR - si nous savons nous appuyer dessus, l’accompagner, la renforcer - nous permet de prétendre pouvoir organiser à une échelle largement supérieure à la situation actuelle des JCR-RED. Cela passe par une politique ambitieuse et adaptée aux attentes de la jeunesse. Les luttes scolaires, les questions femmes (les jeunes femmes étant les premières à subir les attaques contre la jeunesse), la répression policière menée par le gouvernement, l’oppression spécifique et les discriminations auxquelles sont confrontées les jeunes d’origine immigrée, les questions d’écologie et de santé publique, etc... peuvent aujourd’hui conduire les jeunes à s’organiser pour résister au libéralisme et remettre en cause le système capitaliste. Nous devons nous emparer de tous ces thèmes et apparaître pour les jeunes comme le point de cristallisation de la résistance au libéralisme et comme un cadre d’élaboration d’une alternative politique crédible à la faillite du système capitaliste.

Deuxième partie L’organisation

1 POUR UN PROFIL ANTI-LIBERAL, ANTICAPITALISTE, REVOLUTIONNAIRE

Face à un gouvernement de gauche plurielle, dans lequel se retrouvent toutes les composantes traditionnelles de la gauche, nous nous devons d’adopter un profil politique qui soit clair, et en mesure de pouvoir peser concrètement sur la situation politique de la jeunesse. Notre organisation doit donc s’adresser à toute la jeunesse, sans faire le choix d’une frange dite plus radicalisée, mais en prenant conscience que notre projet révolutionnaire à vocation à être majoritaire dans la jeunesse. Cela implique une démarche ouverte et compréhensible à son ensemble, c’est-à-dire en partant de son niveau de conscience. Les luttes que nous impulsons ont, là aussi, vocation à être des mobilisations de masse, et doivent permettre des victoires concrètes. Cela ne nous empêche pas de nous investir ponctuellement dans des initiatives minoritaires, non minorisantes, que nous cherchons systématiquement à populariser largement (Marches européennes, précarité,...etc.). Nous articulons notre agitation sur la nécessité de rompre avec la politique toujours plus libérale du gouvernement en avançant des mots d’ordre montrant combien le gouvernement mène une politique qui n’est pas au service des jeunes et qu’il faut lui imposer nos revendications par des mobilisations et que ces revendications posent les bases d’une politique alternative de gauche.

Ce profil dois s’adresser en priorité à la jeunesse scolarisée, non seulement parce que c’est cette jeunesse qui se mobilise majoritairement et qui prend conscience quelle existe en tant que telle, mais surtout parce que c’est l’école, la scolarisation, qui la caractérise principalement. Nous tenons compte dans notre profil de l’hétérogénéité de cette jeunesse scolarisée en adaptant notre discours à ses diverses préoccupations. La question de la diversification de notre implantation au sein de la jeunesse scolarisée se pose de façon plus concrète aujourd’hui, comme l’a montré la massivité de la présence des lycées professionnels dans les dernière mobilisations lycéennes. Il n’y a pas de fatalité à ce que nous n’organisions très majoritairement que des étudiant-e-s des filières générales de l’université. Les lycéen-ne-s notamment des lycées professionnels se sont régulièrement engagés dans les luttes ces dernières années (mobilisation antifasciste, mouvements lycéens, soutien aux Sans-Papiers). Il est impératif de s’adresser à cette jeunesse qui ne se retrouvera pas en grande partie à la fac. Priorité aux lycées donc, sans lâcher les facs bien sûr. Donnons nous un matériel spécifique régulier qui s’adresse aux lycées et qui tiennent compte du fait que les situations et les préoccupations sont souvent différente dans les lycées techniques et professionnels, ce qui nécessite un effort évident et spécifique dans la rédaction du matériel. De plus, en fonction des possibilités, nous expérimentons une intervention sur les CFA.

Nous prenons en compte également le fait que les mobilisations de la jeunesse, y compris scolarisée, ne se déroule pas forcément dans le cadre de cette institution mais peuvent éventuellement s’organiser au niveau du quartier ou de la ville : collectifs de soutien aux Sans Papier-e-s, Marches européennes, mouvement des chômeurs, DAL, RL’f, luttes écologistes... etc.

Notre profil est celui d’une organisation d’action, unitaire, en phase avec son milieu par son ancrage dans le travail de masse, une organisation anti-libérale, anticapitaliste, révolutionnaire dont le discours soit compréhensible par la majorité des jeunes. S’appuyant sur la dynamique nouvelle de la LCR, notre organisation est le point de cristallisation de la résistance au libéralisme. Pour cela, notre organisation se positionne comme une organisation la plus à gauche possible, bref une organisation qui soit 100% à gauche.

1.1. UN PROFIL POLITIQUE QUI S’ADRESSE A L’ENSEMBLE DE LA JEUNESSE

Les JCR-RED s’adressent à l’ensemble des jeunes. Nous luttons pour l’unité des différentes composantes de la jeunesse. S’adresser à toute la jeunesse c’est partir de son niveau de conscience (déterminé par la situation politique et l’analyse que l’on peut en faire), et surtout de ses préoccupations quotidiennes, pour avancer en positif sur nos revendications qui doivent permettre à la jeunesse de faire le lien avec la possibilité d’un autre choix de société.

Il est impératif de construire des luttes et de les impulser pour que les mobilisations qui en découlent soient de masse et gagnent sur leurs revendications même minimales. C’est alors le point de départ de mobilisations plus profondes, directement liées à un choix d’alternative politique. C’est donc en s’adressant à toute la jeunesse, mais aussi à toutes les organisations de la jeunesse liées au mouvement ouvrier que l’on construira ces luttes.

Nous devons donc élaborer un matériel adapté qui permette de s’adresser à tous les jeunes.

Nos intérêts sont ceux de la jeunesse. C’est pourquoi nous nous battons pour être l’instrument le plus adapté et le plus utile, en mettant en avant les revendications progressistes de la jeunesse, en s’efforçant de les faire vivre dans les organisations de masse où l’on intervient mais aussi en ayant toujours la volonté de construire l’unité autour de ces revendications. Pour cela nous devons être investis dans les structures de masse qui organisent les jeunes auprès desquels nous intervenons : syndicats étudiants dans les facs, UlyS dans les lycées, collectifs Ras l’front, comités ATTAC, organisations de femmes…

Afin que nos revendications et nos campagnes touchent une large audience nous devons essayer de les inscrire dans le cadre d’échéances unitaires de mobilisation. Pour cela nous prenons contact avec toutes les organisations de jeunesses liées au mouvement ouvrier. Notre politique dans ce domaine est guidée par un principe : l’unité à pour but d’entraîner l’action des jeunes.
C’est en s’adressant à toute la jeunesse de cette façon que nous aurons un poids sur son niveau de conscience, mais aussi sur sa direction.

1.2. UN PROFIL ANTILIBERAL, ANTICAPITALISTE, REVOLUTIONNAIRE

Nos campagnes politiques partent de réalités, de la faillite du système capitaliste telle quelle est réellement ressentie par une large frange de la jeunesse. Pour cela nous articulons, avec notre agitation et notre propagande, les réponses immédiates et un projet global de société. Nous utilisons les contradictions auxquelles les jeunes se trouvent confrontés. Il ne s’agit pas de désarticuler la question d’une organisation anti-libérale d’une organisation anticapitaliste, mais plutôt de partir d’une critique des politiques libérales comme l’expression quotidienne du capitalisme. C’est en articulant nos revendications et nos campagnes autour de mots d’ordres anti-libéraux que l’on fera avancer la jeunesse sur un profil anticapitaliste. Aujourd’hui c’est l’offensive libérale qui est à l’ordre du jour, la casse du service public, la loi du profit, l’idée que la sphère politique ne peut avoir de poids sur les choix économiques, etc. . Au niveau de la jeunesse il s’agit du désinvestissement financier de l’Etat dans l’enseignement public, l’incapacité à offrir une condition sociale acceptable et un débouché professionnel.

Nos campagnes et nos mots d’ordre sont anticapitalistes et antilibéraux selon les sujets. Ils doivent permettre de développer et de rendre légitime au sein du milieu dans lequel nous intervenons des revendications, une conscience sociale (par la lutte on peut changer les choses) et une conscience politique (une autre société est possible et nécessaire, pour ne pas subir il faut s’organiser). Nous avançons notre identité révolutionnaire, pou
De plus, nous dénonçons la politique du gouvernement acquis tant dans la pratique que dans l’idéologie au libéralisme. Les mobilisations de la jeunesse s’opposent objectivement au gouvernement, même si l’expression consciente de cette opposition reste pour le moment marginale. C’est pourquoi, nous n’entretenons aucune illusion sur la volonté du gouvernement de répondre aux aspirations de la jeunesse : il a fait le choix des profits. Nous mettons en avant la nécessite de se mobiliser face au gouvernement pour gagner sur les revendications de la jeunesse.

D’autre part, nous développons également un profil subversif en intervenant sur des questions qui ne sont pas au cœur de la lutte des classes mais qui constituent des préoccupations propres à la jeunesse et des vecteurs de radicalisation : sexualités, internationalisme, répression policière, antimilitarisme... etc.

Mais dans notre agitation comme dans notre propagande, notre message doit pouvoir passer de l’anti-libéralisme à l’anticapitalisme. Notre identité révolutionnaire est essentielle à notre existence, pour deux raisons. D’une part, en tant qu’organisation, nous savons que c’est cette identité qui nous différencie des autres organisations de jeunesse, car nous ne cherchons pas de compromis avec ce système, nous agissons pour favoriser les luttes sans concession, pour pousser à l’auto-organisation démocratique de celles-ci, pour les amener le plus loin possible, afin de gagner le rapport de forces le plus avantageux et de rendre sensible aux jeunes la possibilité d’un autre mode de fonctionnement social. D’autre part, en direction des jeunes, c’est grâce à notre identité révolutionnaire que nous pouvons continuer de faire vivre l’idée qu’une autre société est nécessaire, donc possible, et qu’elle implique une rupture avec l’ordre existant. Cela ne nous empêche pas de défendre des revendications qui si elles ne sont pas révolutionnaires, permettent d’améliorer les conditions de vies concrètes des gens. Nous essayons de mobiliser autour d’elles. Par ailleurs, nous expliquons qu ‘elles sont insuffisantes et que ce système n’est pas réformable.

Pour cela, nous mettons en avant la situation d’urgence sociale dans laquelle se trouve la jeunesse. Nous élaborons un plan d’urgence, éléments d’une politique alternative qui permette de rompre avec le libéralisme et qui mette en perspective la nécessité d’une rupture radicale avec le capitalisme.

1.3. APPARITION PROPRE ET CAMPAGNES

Nos campagnes ne se résument pas à la sortie d’un tract et/ou d’une ou plusieurs affiches. Elles ne sont pas non plus une superposition artificielle de 2 ou 3 thèmes. Nos campagnes doivent aborder une idée forte, qui résume les problèmes et qui nous semble la plus à même de toucher et unifier la jeunesse.

S’il semble possible de caractériser les modes de politisation de la jeunesse en fonction des questions dites "sociétales ”, et questions sociales, nous devons veiller à ne pas reproduire une différenciation légitimée par la société libérale par ce que les questions dites sociétales ne poseraient pas clairement le choix d’une autre société. Il s’agit non seulement pour nous de faire le lien avec les questions sociales sous-jacentes, mais de montrer que n’importe quelle question pose le problème de l’alternative politique, bien que plus ou moins explicitement.

C’est pourquoi, pour être en phase avec les jeunes, nous devons être capables d’aborder toutes les questions les touchant au quotidien en poussant leur logique jusqu’aux choix de société. Ainsi, si la question de la lutte contre la précarité s’attaque objectivement à la structure économique de la société capitaliste, celle du choix de sa sexualité, en s’attaquant objectivement à la structure idéologique qui légitime cette société, comporte tout autant de potentialité de mobilisation selon des modalités différentes.

Il s’agit donc d’avoir un profil politique qui permette à nos campagnes de mobiliser l’ensemble de la jeunesse, en cherchant toujours l’unité, partant de son niveau de conscience, et amène la jeunesse à obtenir des victoires, tout en élaborant, un matériel de propagande qui fasse le lien entre les mobilisations et le changement nécessaire de société, et en développant des initiatives propres en terme d’action set de meetings qui nous permettent de développer et de populariser notre projet de transformation sociale au travers d’un plan d’urgence pour les jeunes.

1.4. UNITE ET DEMOCRATIE DANS LES LUTTES

Par notre orientation et par le biais de notre activité dans le mouvement de masse, nous devons pousser à l’auto-organisation des luttes de la jeunesse, dans un cadre démocratique. Dans cette optique, la bataille pour l’unité est essentielle : afin de créer les conditions politiques de mobilisations d’ampleur dans la jeunesse, condition sine qua none de cette auto-organisation, il est indispensable de pousser à la construction de cadres unitaires, rassemblant syndicats, associations et organisations de jeunesse liées au mouvement ouvrier.

Cependant, nos campagnes ne s’effectuent pas à froid. Afin que nos revendications touchent une large audience, nous inscrivons nos campagnes centrales dans le cadre d’échéances unitaires. Pour cela, nous proposons à toutes les organisations de jeunesse liées au mouvement ouvrier l’unité sur la base, non pas d’une programme complet, mais de une ou quelques revendications qui sont justes et que nous partageons.

Les organisations de jeunesse sont proportionnellement nettement plus faible que celles du mouvement ouvrier. La dynamique unitaire rencontre donc objectivement des limites du point de vue de sa capacité à entraîner des mobilisations de masse. Néanmoins, nous bénéficions de marge de manœuvre supérieures à celles qui existent dans le mouvement ouvrier, avec des prises de position des organisations de jeunesse liées au gouvernement parfois plus à gauche que leur parti. Notre politique dans ce domaine doit donc être guidée par ce principe : l’unité à pour but d’entraîner l’action des jeunes. Nous devons donc prendre garde à ne pas entretenir des relations abstraites au sein de coquilles vides coupées de la réalité locale mais nous nous efforçons de constituer un front de la jeunesse qui soit un rempart aux attaques et qui se place aux côté du mouvement ouvrier. Nous poussons à l’unité au sein de collectifs qui organisent des initiatives (manifs, meetings…) et sortent du matériel. Nous cherchons au maximum à assurer la cohérence des activités locales et nationales. Pour cela, nous poussons à ce que la plate-forme nationale soit la plus ciblée possible et réponde aux attaques du moments afin d’être maniable sur le terrain de la fac ou des lycées.
Notre combat pour l’unité est à la source des mobilisations. La démocratie est la seule garantie pour l’auto-organisation des jeunes. Nous luttons pour instaurer dans les mouvements un cadre démocratique (assemblée générale, comité de grève, coordination) et nous poussons à ce que les syndicats et les associations respectent et intègrent ce cadre qui est choisi par l’assemblée des jeunes de façon démocratique.

2. Fonctionnement des JCR

Le bilan du fonctionnement de l’organisation présenté à la dernière DN a mis en lumière une série d’évolutions, de problèmes, de disfonctionnements. Ce texte fait des propositions pour essayer de prendre en compte les évolutions et de remédier à ces faiblesses.

Avant toute chose il convient de mettre en lumière les préoccupations politiques qui guident les propositions que nous faisons. Un des points centraux que nous ne devons pas perdre de vue réside dans le fait suivant : l’organisation se renouvelle à 80 % en deux ans. Cette affirmation implique deux corollaires : d’abord un questionnement en ce qui concerne les rythmes de renouvellement des instances (ce rythme suit-il celui de l’orga ?) et un second questionnement sur la formation des militants.

Le renouvellement des instances doit suivre un rythme en harmonie avec le reste de l’organisation afin de ne pas avoir un trop gros décalage entre l’organisation et sa direction. Cette question d’harmonie soulève un problème démocratique : pour que l’organisation fonctionne bien il faut qu’il puisse y avoir un aller-retour entre la direction et la “ base ”. Au vu de la relative instabilité du militantisme dans la jeunesse il faut pouvoir renouveler les directions de manières à ce que par exemple une section ne se retrouve plus sans titulaire à la DN parce qu’il ne milite plus. De plus au vu de taux de renouvellemEnt de l’orga il faut selon nous voir les congrès nationaux de manière différente. Ils ne doivent plus apparaître comme de grandes messes lourdes à organiser tous les deux ans mais comme un cadre de débat sur le fond assez souple afin de pouvoir coller aux évolutions (souvent rapides) de la jeunesse. Pour toutes ces raisons, il parait important de revoir les rythmes de l’organisation.

Parallèlement à cela l’organisation et notamment sa direction centrale connaît des difficultés dans ses taches de centralisations.A la fois au niveau des secrétariats nationaux (AF, AR !, Femmes Etudiants !,...) comme au niveau du BN. Ce problème de centralisation doit nous faire réfléchir à la place du nationale dans l’orga. Il faut absolument éviter de faire apparaître le BN comme quelque chose d’inutile et qui tire l’organisation vers le bas. Pour cette raison et parce que le national connaît des difficultés temporaires, redonner des marges de manœuvre aux sections afin qu’elle puissent développer une ligne locale plus facilement. Cela dit il est impératif que les sections les plus fortes soutiennent spécifiquement le national. Pour cela il est nécessaire de les impliquer dans la gestion du national. En outre ce problème de centralisation entre en résonance avec la nécessité d’une homogénéisation des acquis politiques des JCR et donc du développement des relations horizontales (relation entre sections qui interviennent sur les mêmes questions ou qui rencontrent les mêmes problèmes par exemple avec les fafs,...) afin de collectiviser les expériences, les réussites et aussi les échecs au sein de l’organisation. Cette communication horizontale permettrait de profiter pleinement de l’expérience de chaque section et d’augmenter ainsi la mémoire commune et donc le capital politique des JCR.

Dans le cadre d’un débat sur notre fonctionnement, il nous faut aussi envisager les relations entre la Ligue et les JCR. Si le bilan de la campagne Européennes est mitigés a ce sujet, il nous donne quelques pistes de réflexions qu’il faudra développer. Pour notre part nous pensons que les JCR doivent voir la Ligue comme un bon tremplin pour le développement de l’organisation. Tant en terme technique, que politique la Ligue peut apporter beaucoup au JCR et vice-versa. Charge à nos deux organisations de mettre en place un cadre de respect mutuel où chacune de nous y trouvera son compte.
Cette longue introduction est selon nous fondamentale afin que chaque membre de l’organisation comprenne bien les motivations politiques qui sous-tendent ces propositions organisationnelles. Il ne faut à aucun moment déconnecter les discussions sur les instances et sur le mode de fonctionnement de questions politiques. Les propositions qui vont suivre ne sont pas le produit d’un schéma fait à la va vite sur un coin de table !

2.1. Les congrès

La fréquence des congrès reste la même, c’est-à-dire qu’ils se tiennent dans le cadre fixé par les statuts.

2.2 La Direction Nationale (DN)

Dans notre schéma organisationnel, la DN ne change pas et continue d’être la direction politique de l’organisation. En effet si les congrès ont lieu tous les ans, la DN se renouvellera tous les ans ce qui règle les problèmes de décalages et minimise beaucoup les problèmes de sections sans représentants à la DN. Les seuls changements qui toucheraient la DN concerneraient sa régularité. Afin de bien rythmer la vie de l’orga autour de la DN nous proposons une DN tous les deux mois à date fixe (par exemple le deuxième week-end du mois). Cette proposition sera à moduler en fonction des mobilisations.

2.3. Le Bureau National (BN)

C’est au niveau de l’exécutif que le schéma change. Bien que le BN soit toujours issu de la DN il devient national et pour la répartition, nous nous fixons l’objectif d’associer des camarades de province (toujours en prenant en compte la proportionnalité des différents courants, tendances, sensibilités,...).Cette démarche à deux objectifs : ré-impliquer les grosses sections de province dans la vie du national et soutenir le national par ailleurs affaibli. Le BN se réunira tous les mois en alternance avec la DN et les mois de DN le vendredi soir ou le samedi matin pour préparer la DN, il propose notamment un ordre du jour et se répartit les rapports en DN. Les taches du BN seraient les suivantes : production de matériel nationale, suivis des différents secrétariats nationaux et des sections, discussions politiques qui seront le substrat du contenu de la circulaire, discussions sur les relations unitaires,.... Ce BN national continuera d’être l’organe exécutif des JCR. En période de mobilisation, le BN devra composer et mandater une équipe qui assumera le rôle de direction politique pour le mouvement.

2.4 Le Secrétariat Parisien (SP)

Le secrétariat parisien est composé(e) de parisien(ne)s issu(e)s et élu(e)s du Bureau National. Il a pour tâche de gérer les questions qui sont difficilement délocalisables comme le suivis des relations unitaires, la trésorerie et la production et l’envoi de circulaires. Entre deux BN le SP est mandaté pour gérer le quotidien de l’orga ainsi que les taches techniques (routages,...).

2.5 Les Secrétariats Nationaux (SN) et stages nationaux

Les différents secrétariats nationaux à développer prendront la forme du secrétariat femme actuel. Un secrétariat composé de camarades de province et de Paris. Ce secrétariat est élu par la DN. Une demie-journée par DN est consacrée à la réunion des secrétariats nationaux. Il est hautement souhaitable que les membres du BN s’investissent dans les secrétariats afin d’y suivre l’activité. De plus les secrétariats nationaux peuvent proposer et organiser des stages de formation nationaux.

2.6 Autres mesures organisationnelles

Afin de rendre techniquement possible tous ces aménagements il faudrait que le congrès mandate les nouvelles instances pour qu’elles mettent en place le plus rapidement possible une circulaire Internet. Cette liste Internet permettra de développer les relations horizontales de l’orga et d’assouplir son fonctionnement en cas de mobilisations. De plus cette liste permettra de faire des économies sur le courrier et les photocopies et de financer le surcroît de dépenses en voyages qu’implique ce nouveau fonctionnement.

Les JCR mettent en place au niveau national un fichier des sympathisant-e-s et l’utilisent pour envoyer ou mailer des propositions d’abonnement à RED, de la pub pour le camp de jeunes de la IVème Internationale et des infos dur des échéances nationales (manif, marches…)
2.7 Les liens avec la LCR

La campagne Européennes à montrer que les liens avec la Ligue avait tendance à s’étirer de manière démesurée en période d’accélération politique. Il nous faut donc travailler à resserrer ses liens dans le respect des intérêts de nos deux organisations. Il nous faut envisager les liens avec la Ligue comme une synergie profitable aux deux composante. En effet, les JCR sont un outil de compréhension de la jeunesse et de rajeunissement pour la Ligue. En retour, la Ligue doit être une béquille, un soutien politique et organisationnel pour aider au développement des JCR en respectant le droit d’auto-expérimentation. Dans ce cadre nous pouvons formuler les propositions suivantes : d’abord renforcer les liens entre JCR et LCR par l’intermédiaire d’une commission de contact.

a- Cette commission de contact aurait pour rôle de mettre en place une école de formation élaborée en commun en complément à l’auto-formation des JCR (topos assurés par les JCR eux-mêmes, formation par la pratique militante). Cette école de formation serait assumée localement par des camarades de la ligue de manière à renforcer localement les liens entre les sections JCR et les sections LCR.

b- Cette commission de contact serait chargée de discuter et de mettre en place une campagne de développement et d’implantation des JCR là ou la Ligue existe.

Troisième partie Notre intervention

1. Articuler travail de masse et apparition politique

Un des principaux enjeux à la sortie de ce congrès est que l’organisation réussisse à mener de véritables campagnes centrales nous permettant de populariser notre analyse et nos revendications sur des thèmes choisis. Parallèlement à ces campagnes l’organisation continue à apparaître, selon des rythmes locaux, sur une série de problèmes “ atemporels ” : antiracisme, écologie, démocratie, contre la répression, drogues, internationalisme… Sur l’ensemble de ces thèmes, l’organisation doit disposer en permanence de matériel (affiches, autocollants) et répondre aux besoins des sections. Enfin l’organisation continue à réagir à l’actualité à travers RED et des tracts nationaux réguliers qui doivent sortir à des rythmes rapprochés pendant les mobilisations. Dans le cadre de son travail politique vis-à-vis de l’actualité et de son intervention sur des problèmes "atemporels", nous développons notre intervention sur des thèmes considérés parfois comme périphériques dans la lutte des classes comme l’écologie, les drogues, la sexualité, etc….

Notre travail politique doit se lier à notre travail de masse. En s’adressant notamment aux militants que nous côtoyons dans ces structures, nous devons apporter les explications globales que ces organisations, par leur fonction même, ne peuvent apporter. Il s’agit notamment par rapport au syndicalisme étudiant, d’expliquer la place, la fonction et l’évolution de l’Université dans notre société. Nous devons parallèlement appuyer le travail de ces organisations, en relayant leurs revendications et en en tirant les conséquences politiques.

Face aux différentes attaques gouvernementales et aux oppressions générées par le système, des jeunes s’organisent de façon permanente pour la défense de leurs intérêts. Ces organisations luttent face au pouvoir en place pour des réformes. Nous construisons ces organisations dans l’optique de mobiliser largement autour de réformes favorables aux jeunes, aux femmes, aux immigrés ou jeunes issus de l’immigration, étudiants et lycéens tout en poursuivant notre combat pour les idées révolutionnaires. La lutte a fortiori victorieuse pour de telles revendications participe à la conscientisation collective des jeunes.

Cette activité est indispensable pour enrichir l’expérience de notre organisation et pour que nous enrichissons également le mouvement de masse au quotidien. Nous nous tournons et nous proposons aux jeunes de se tourner vers tous ces syndicats et associations dans la démarche des mobilisations et des luttes sociales. L’organisation des jeunes dans ces outils est également souvent la première étape avant de s’organiser politiquement. Dans notre travail de masse, les JCR-RED, dans le cadre des courants auxquels nous participons, proposent des perspectives, basées sur un projet syndical et associatif démocratique, unitaire, unifié et tourné vers les luttes.

2. Secteurs d’interventions

2.1 - Internationalisme.

La mondialisation toujours plus importante des échanges et la concentration des capitaux qui caractérise la forme actuelle du capitalisme se poursuit, sur fond d’aggravation des inégalités sociales et de désordres en tout genre (dont le désordre écologique n’est pas le moindre). Les instruments de domination du nouvel ordre mondial (FMI, Banque Mondiale...) étendent de plus en plus leur sphère d’influence. Il y a cependant des foyers de lutte contre le libéralisme qui perdurent (la lutte des Indiens au Chiapas ou la lutte des paysans sans terre au Brésil), ou qui se développent (Indonésie, la grève générale des étudiants au Mexique). D’autres luttes se sont développées ces dernières années, et ce sont les luttes de libération face à une oppression de type nationale : Timor, Tchétchénie, Kosovo.

Toutes les raisons objectives (face à des politiques libérales qui sont les mêmes partout et qui sont de surcroît de plus en plus coordonnées, la seule chose qui paie à terme, c’est les luttes, elles aussi le plus coordonnées possible....) et subjectives (importance des questions internationales dans l’actualité -cf. Kosovo et dans les préoccupations des jeunes) sont là pour démontrer la nécessité d’une orientation et d’une activité internationaliste pour une organisation de jeunesse comme les JCR-RED. Nous participons donc dans la mesure du possible à des collectifs unitaires (Elf-Total, Campagne pour le droit au retour des Palestiniens,...) et nous faisons constamment apparaître cette question dans notre matériel.

2.1.1 - Développer la riposte à l’Europe capitaliste.

Face à l’accélération de la construction de l’Europe capitaliste, avec la mise en place de l’Euro depuis le 1er janvier 2000 et la simultanéité des attaques - entre autres sur le système d’éducation, il est urgent aujourd’hui de continuer à tisser des liens avec d’autres organisations politiques de jeunesse, ou à travers les organisations de masse. Ces liens doivent permettre d’impulser (ou de participer à) des initiatives à l’échelle européenne, comme les Marches Européennes ou l’Euro-grève dans l’enseignement supérieur.

2.1.2 - Développer la solidarité avec les luttes des peuples opprimés.

La solidarité avec les luttes des opprimés dans le monde (Chiapas, étudiants en Indonésie ou au Mexique, Irak, Palestine) est toujours une tache très importante. Cette solidarité doit nous permettre de dénoncer les attaques des différents impérialismes (Etats-Unis en Irak, Cuba) et leur responsabilité dans les guerres (France en Afrique Subsaharienne). La lutte menée par les Indiens du Chiapas pour une reconnaissance du droit des indigènes et contre les politiques libérales dictées par le FMI et mises en place par le gouvernement mexicain reste un point de repère pour ceux qui luttent dès aujourd’hui. Nous devons être capables de nous appuyer sur cette lutte pour développer le fait que la résistance au système existe, et qu’une autre alternative de société est possible. La lutte des Zapatistes permet aujourd’hui de poser les questions du choix de société et d’expliquer que, face au réalisme gestionnaire - dont la gauche plurielle en France n’est pas le seul adepte - il y a encore des luttes qui portent en elle le rêve d’une autre société.
Par ailleurs, la solidarité et l’implication dans la mobilisation pour sauver Mumia Abu-Jamal vont prendre une place importante dans l’année à venir. Membre des “ Blacks Panthers ”, le Parti des panthères noires, à Philadelphie, Mumia Abu-Jamal est journaliste et militant de la cause noire. Il est emprisonné depuis 18 ans maintenant, accusé d’avoir tué un policier blanc. Son procès a clairement été une parodie de justice, mais la justice américaine n’en a cure et s’acharne contre lui. Cet acharnement a clairement un objectif politique : celui d’éliminer définitivement tous les militants antiracistes actifs aux Etats-Unis. La mobilisation en solidarité avec Mumia pose donc directement la question de la lutte anti-impérialiste d’un peuple opprimé.
De report d’exécution en report d’exécution, la mobilisation a déjà permis de reporter plusieurs dates d’exécution et est susceptible de s’étendre encore pour obtenir la libération de Mumia. Nous nous inscrivons dans le cadre unitaire et faisons apparaître cette question dans nos apparitions propres, en particulier par le biais du journal et d’actions “ oranges ”.

2.1.3 - Luttes de libération nationale et les questions qu’elles posent.

Les dernières années ont vu s’étendre les luttes de peuples opprimées, comme au Kosovo, au Timor Oriental ou encore en Tchétchénie. La forme ou l’idéologie prise par ces luttes (en particulier au Kosovo) sont évidemment liées à l’effondrement du bloc soviétique et de certains modèles nationaux, comme le modèle yougoslave. C’est en ce sens que ces luttes peut sembler déroutantes à des marxistes, pour qui moins il y a de frontières, mieux c’est. Cependant, cela ne doit pas nous empêcher d’avancer la solidarité avec ces luttes et la question de l’autodétermination des peuples concernés, y compris donc leur droit à construire un Etat.

2.1.4 – ATTAC.

L’association est devenue incontournable sur le plan de la résistance à opposer à la mondialisation ultra-libérale et il est plus que temps de la considérer comme un terrain de travail de masse à part entière. ATTAC, action pour la taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens, a été véritablement lancée en septembre 1998 et elle a connu un essor considérable en 1999 : elle compte désormais 13 000 membres répartis dans 120 comités locaux en France et s’est constituée dans plusieurs pays (Brésil, Irlande, Belgique, Suisse, Portugal, Sénégal,…). ATTAC existe dans toutes les grandes villes françaises et des pôles jeunes sont susceptibles de se mettre en place : à Paris, il existe des comités locaux de fac et une coordination étudiante et lycéenne est en train de se mettre en place. Les JCR participent à la construction de ces pôles jeunes et militent en leur sein. Le discours d’ATTAC a un grand impact dans la jeunesse et les comités locaux de fac constituent un bon terrain pour faire passer nos idées et notre radicalité auprès d’un publique très ouvert.

2.2 – Antiracisme et antifascisme

L’investissement antiraciste des JCR-RED depuis le dernier congrès a été plus que limité, d’autant qu’il n’a absolument pas été centralisé. Cela s’est traduit notamment par la mise en place d’un secrétariat uniquement antifasciste, alors que nous continuons de défendre l’importance du lien entre antifascisme et antiracisme : dénoncer le FN sans montrer le racisme d’Etat mené par les gouvernements de droite comme de gauche c’est minimiser notre critique du système à un moment où la répression de l’immigration constitue l’une des premières hypocrisies de la gauche plurielle.
Cette faiblesse de notre investissement s’explique en grande partie par l’état de mouvement antiraciste traditionnel. Les associations, toujours divisées, et dont un certain nombre est lié au gouvernement n’ont pas mené d’action d’ampleur depuis la lutte contre la loi Chevènement, dont elles n’étaient d’ailleurs pas à l’initiative. Le mouvement des Sans Papiers est de plus en plus isolé. L’épuisement des équipes militantes s’est fait sentir ces derniers mois avec l’arrêt de la plupart des occupations, pour d’autres formes de lutte. Les manifestations n’ont jamais retrouvé l’ampleur passée. Ainsi, l’arrivée à Paris le 2 octobre de la marche des Sans Papiers de Toulouse, qui devait être l’occasion d’une manifestation nationale n’a pas rassemblé plus de 5000 personnes. Le mouvement est loin d’être mort pour autant, il aurait besoin d’une nouvelle dynamique qui pourrait naître d’action de masse pour empêcher les expulsions.
Notre investissement dans les collectifs de soutien a suivi la même pente sauf exception locale, due à la difficulté qu’il y a à mener une action à aussi long terme. Du coup, notre activité antiraciste s’est traduite seulement par une campagne d’apparition propre au printemps 98, et par un matériel régulier.

Pourtant, le rejet du racisme constitue un vecteur de révolte particulièrement important dans la jeunesse, qu’il se traduise par une forme “ humaniste ” de défense des valeurs d’égalité ou plus concrètement par l’expérience quotidienne de la répression et de la discrimination pour les jeunes immigrés.
Les jeunes immigrés sont en effet une des principales cibles du racisme d’Etat qui se traduit par l’arsenal juridique répressif et le racisme “ quotidien ”, le délit de sale gueule.
• Le gouvernement continue de s’entêter dans le tout répressif. Si Chevènement apparaît comme le fer de lance de cette politique, il faut mettre en avant le fait qu’il a toujours été très clairement soutenu par Jospin. Pourtant, la situation évolue. Le refus de régulariser est aujourd’hui remis en cause … y compris par une partie de la droite, de Pasqua à Juppé, qui met en avant les nécessités économiques des entreprises françaises. C’est pour cette raison qu’il est aujourd’hui encore plus qu’avant important de mettre en avant la question de la libre circulation, libre installation, ouverture des frontières, au même titre que l’abrogation de toutes les lois racistes (Pasqua, Debré, Chevènement), et de la régularisation des Sans Papier-e-s : ce n’est pas selon les aléas des besoins économiques que nous demandons la régularisation des Sans Papier-e-s, mais au nom des intérêts des peuples. Cette revendication, aujourd’hui reprise par une grande partie du mouvement social, est essentielle dans le débat idéologique autour de l’immigration. Nous avançons également, dans le cadre de mobilisation, la question de la démission de Chevènement, qui mettrait un désaveu clair à sa politique.
• Le racisme vécu au quotidien par une grande partie de la jeunesse, c’est le “ délit de sale gueule ” : contrôle au faciès, discrimination à l’embauche, discrimination dans les études…etc. Nous devons faire de cette question un axe de nos campagnes AR qui est central dans la question de la diversification de notre implantation.
• Enfin l’orientation antiraciste s’articule avec le profil internationaliste de l’organisation avec la revendication de l’abrogation des accords de Schengen.

Nous devons donc affirmer plus fortement à l’avenir le profil antiraciste des JCR-RED parce que le racisme constitue pour une partie de la jeunesse un axe central de radicalisation.
Pour cela
 Nous continuons de nous investir et de relayer les initiatives prises pas les collectifs de Sans Papiers et par la coordination nationale
 Mais il faut également que nous posions la question d’un investissement dans les associations antiracistes. Tout dépend bien sûr des comités qui existent localement. Mais le cadre le plus approprié semble aujourd’hui celui de la FASTI, qui a une orientation juste dans la situation, a eu dans le mouvement des Sans Papiers une attitude respectueuse des cadres d’auto-organisation, et qui surtout fait vivre en son sein une commission jeunes dans laquelle nous pourrions nous investir de façon fructueuse.
 Nous développons les contacts unitaires pour mener des actions en particulier sur la question de la répression policière comme cela s’est fait dans le collectif “ non au tout sécuritaire ”, et sur le refus des expulsions.
 Enfin nous faisons de l’antiracisme un axe important de notre profil d’apparition propre et nous menons des campagnes sur cette question.

2.3 – Féminisme

Les inégalités hommes /femmes n’ont jamais été le fait d’une différence de "nature" immuable et intemporelle. Leur cause est un rapport de domination des hommes sur les femmes qui est visible dans toutes les sphères de la société. Il est possible de le modifier sur la base d’un rapport de force. Nous luttons pour l’égalité entre hommes et femmes et pour l’émancipation de ces dernières.

2.3.1 Etat des lieux, situation politique...

Durant les années 80 et le début des années 90, la décrue généralisée des luttes n’épargne pas le mouvement féministe. Le sentiment général est alors : "tout a été gagné par la génération précédente". Ce sentiment est à double tranchant, car s’il ne prédispose pas à la lutte à première vue, il est tout de même lié à l’idée qu’il y avait quelque chose à gagner et que l’égalité est normale. Dès lors, mettre en évidence les inégalités qui subsistent , outre que ce n’est pas une tache insurmontable, suffit quelque fois à redorer le blason de la lutte féministe.
La réussite de la manifestation du 25 novembre 1995 et la tenue d’assises nationales pour les droits des femmes ont marqué une étape de reconstruction du mouvement féministe. Aujourd’hui cette dynamique se poursuit avec l’organisation des marches mondiales des femmes en l’an 2 000.
Le contexte ne s’améliore cependant pas pour les femmes.

2.3.1.1 Situation dans la jeunesse

les jeunes femmes dans la société

La jeunesse est la période des premières expériences, celle des premières confrontations à l’oppression et à la domination. C’est à la fois le moment où sont intégrés les premiers schémas normatifs (magazines, école, ...) et où se confrontent les discours sur l’égalité avec la réalité. Pour beaucoup, c’est donc une période tangente. C’est aussi le moment des premières expériences sexuelles.

On assiste à un changement de comportement chez les plus jeunes et notamment dans les quartiers les plus défavorisés, lié à l’augmentation de la violence. Ainsi, l’apparition de bande de nanas rentre en contradiction avec l’image de passivité et du douceur véhiculée par le schéma dominant. Ce comportement n’exclut pas le suivi de la mode, les régimes et la lecture de magazines féminins. Il s’agit plus d’une réaction d’autodéfense devant la violence des bandes de lascars que de l’émergence d’une solidarité entre jeunes femmes. Il arrive par exemple qu’elles agressent ou dépouillent d’autres jeunes femmes. C’est une révolte qui ne recherche pas de débouchés solidaires.

Le féminisme dans la jeunesse

Il n’y a pas de luttes à l’échelle de masse dans la jeunesse sur les questions femmes. Les organisations aujourd’hui à la tête du mouvement pour les droits des femmes, Collectif National pour les droits des femmes, CADAC… ne sont pas des organisations qui ont vocation à organiser des militantes à une large échelle. De plus, la dimension jeune est le plus souvent absente dans leur apparition. Les groupes mixtes ou non-mixtes organisent peu, et leur activité est souvent en dent de scie. Cependant, certains peuvent avoir un écho important malgré leur taille.

S’il n’y a pas de luttes à l’échelle de masse, des axes de radicalisation persistent et sont visibles. L’écho important d’une petite organisation comme Mix-Cité, sur la question de la représentation des femmes dans l’affaire des Galeries Lafayette (ou plus récemment l’aventure du Fouquet’s), montre l’espace qui s’offre à nous sur ces questions. La question de l’image des femmes dans notre société, soumise à toutes les pressions idéologique et médiatiques, reste plus que pertinente, et amène de nombreuses jeunes femmes à se radicaliser.

2.3.1.2 Oppression spécifique

Sphère publique

La question des femmes dans la sphère publique concerne leur participation sur des terrains très divers : femmes et politique, femmes et médias, les institutions, le travail, et même la rue (qui ne nous appartient pas).
Le thème qui a cependant l’écho médiatique le plus large, est celui de la place des femmes au Parlement. Il faut concevoir que la représentation des femmes en politique est pour le moins lamentable. A peine 15 % des femmes au Parlement aujourd’hui, léger mieux que le mandat précédent. C’est dans ce contexte que la parité a été inscrite dans la loi par la majorité de gauche. Cette loi, qui a suscité un fort débat dans l’opinion, est hypocrite. Si elle oblige les partis à avoir 50 % de femmes sur leurs listes, il n’est pas fait référence aux places qu’elles occuperont dans celle-ci. Cette loi, qui prend les choses par le haut, n’aborde pas le fond du problème : une réflexion sur le droit à la parole, la prise en compte de notre opinion dans toutes les sphères de la vie publique.

Sphère privée

Aux confluents des deux, image des femmes

2.3.2 Droit au travail, à l’éducation, à la formation ; précarité

Sur ces différents thèmes, les inégalités n’apparaissent pas d’emblée comme il y a 30 ans. La discrimination se fait de manière plus sournoise. L’existence de filières sexuées est criante aux deux extrémités du système. Encore très peu présentes dans les filières dites d’exception, elles sont dans les filières les moins qualifiées, regroupées et hégémoniques, dans le secteur de la santé, de la comptabilité ou du secrétariat…

Les femmes continuent à être massivement présentes sur le marché du travail. Cependant, leur situation de surexploitation fait d’elles les premières victimes de la précarité. En première ligne dans les chiffres du chômage, les jeunes femmes sont doublement handicapées pour trouver du travail parce que jeunes et femmes. Le développement massif du travail à temps partiel les touche en premier lieu, ce qui les oblige souvent à cumuler deux emplois en même temps. Comment ne pas être sensibles, alors, aux allocations proposées pour rester dans son « foyer » et s’occuper des enfants. La campagne des 35 H permet d’aborder ces différents thèmes.
Les inégalités des salaires restent aussi une donnée importante des discriminations dont les femmes sont victimes. Mais là encore, cette question est souvent l’arbre qui cache la forêt dans les médias.

2.3.3 Le corps des femmes

la santé des femmes

Le manque de moyen dans le secteur de la santé a pour conséquence une restriction importante du droit à l’avortement. Le manque de lits, de médecins, obligent actuellement des centaines de femmes à aller avorter à l’étranger.

A cela s’ajoute la remise en cause du secteur de la gynecologie médicale. Sur cette question, il s’agissait d’harmoniser les pratiques européennes, par le bas, en supprimant un secteur qui n’existait quasiment pas dans les autres pays. Les mobilisations qui ont eu lieu semblent cependant porter leurs fruits, mais nous devons rester vigilant-e-s.

Le droit de choisir

Les menaces qui pèsent sur le droit à l’avortement et à la contraception n’ont toujours pas diminué. Les commandos anti-IVG et les associations "pro-vie" restent actifs et organisés. Les divisions du FN n’ont d’ailleurs pas entamé ni remis en cause la structuration de ces réseaux ni leur capacité de nuisance.
Cependant, la dynamique enclenchée par les assises et la manifestation du 25 novembre ont permis la constitution d’un petit rapport de force, qui a donné lieu à certaines avancées

La pilule du lendemain est désormais en vente libre en pharmacie, même si de nombreuses difficultés persistent pour que cette mesure soit pleinement appliquée. De plus, les médecins scolaires, ainsi que les infirmières, peuvent désormais les prescrire dans le cadre de l’école, ce qui est une avancée importante.

Le fait marquant reste cependant la publication du rapport Nizand. Ce texte avance des propositions qui sont des revendications portées par le mouvement des femmes depuis longtemps :
 suppression de l’autorisation parentale pour l’avortement des mineures
 extension des délais dans lesquels on peut pratiquer l’avortement
 amélioration de l’accès à l’avortement pour les femmes immigrés...

La discussion du projet de loi a cependant été reportée, sous la pression de la droite et de l’extrême droite, qui a fait reculer le gouvernement. Ce report permet a la droite et à l’extrême droite d’organiser une riposte à ce projet.
Droit de choisir sa sexualité

Il existe bien sûr des sexualités, mais la pression du modèle hétérosexuel dominant est telle qu’elle rend toute autre forme de sexualité minoritaire et minimisée socialement. En ce qui concerne les homosexuelles (ou les lesbiennes selon le terme qu’elles souhaitent employer), elles subissent une double oppression en raison à la fois de leur sexe et de leur sexualité : symboliquement, elles sont considérées comme refusant l’homme, donc comme des éléments de déstabilisation de l’ordre patriarcal ; négation de leur sexualité ; problème spécifique de visibilité…

Cette oppression n’est actuellement pas ou peu reconnue (cf. refus par la justice de reconnaître le harcèlement lié à la lesbophobie.

2.3.4 Etat des lieux des orgas femmes, de notre intervention à l’intérieur, questions femmes dans les orgas de masse…

Les syndicats étudiants

Tous les syndicats étudiants ont une commission nationale femmes. Ce sont pour la plupart des coquilles vides, mais nous pouvons toujours nous appuyer sur leur existence pour pousser les syndicats à se mouiller, dans le cadre de collectifs jeunes par exemple.

La mise en place de commissions locales antisexistes ou femmes reste très faible.

RL’F

La commission contre l’ordre moral de Rl’F est toujours très active. Son approche est plus large que les seules questions femmes, même si celles-ci restent au cœur du sujet… Elle a sorti une brochure très documentée sur la question, et alimente régulièrement le débat dans Rl’F. Elle suit particulièrement les activités des commandos anti-IVG.
Il n’y a pas de commissions locales, même si certaines villes travaillent plus particulièrement sur ces questions.

Commission femmes Fasti

Cette commission est à l’initiative, avec la Maison des femmes, de la création du RAJFIR (Réseau pour l’autonomie juridique des femmes immigrées et réfugiées), qui existe à Paris et à Marseille. Ce réseau regroupe plusieurs dizaines de femmes, souvent sans-papiers, très motivées et actives. Elles ont élaboré une plate-forme, ainsi qu’une brochure sur leurs revendications. Elles abordent des thèmes fondamentaux tels que le statut autonome des femmes immigrées, leur indépendance par rapport à leur mari. Nous participons à cette commission et devons relayer largement leurs initiatives.

Groupes mixtes et non-mixtes

Les groupes mixtes semblent aujourd’hui plus dynamiques qu’il y a quelques années. L’écho important que peut recueillir une petite organisation comme Mix-cité, et son développement dans plusieurs villes montre le dynamisme qui peut sortir de ce type de structure. Nous sommes à l’initiative de la création d’un groupe sur Toulouse. Le Clach s’est reformé à Lyon.

L’activité des groupes non-mixtes a toujours été en dents de scie. Elle dépend, dans la situation actuelle, de la volonté et de l’investissement de quelques copines motivées. Nous ne participons à aucun groupe non-mixte, cependant nous ne devons pas négliger ces structures, qui sont des lieux de débat, de prise de conscience importants.

Le Mouvement français pour le planning familial – MFPF

Le planning familial est en perte de dynamisme. Outre un certain nombre de problèmes de direction, il n’y a pas de véritable renouvellement. La perte de dynamisme peut s’expliquer par le poids de l’investissement (20 h de permanence par semaine). C’est pourquoi décider d’y militer résulte nécessairement d’un choix personnel et l’orga de jeunesse ne peut y engager beaucoup de force. Cette structure, qui était avant tout militante, a tendance à s’institutionnaliser aujourd’hui. De plus, la politique du planning dans le cadre des différentes mobilisations femmes est axée entièrement sur le droit à l’avortement et à la contraception. Ils refusent souvent de s’investir sur d’autres thèmes, ce qui est un peu réducteur.

Le collectif pour les droits des femmes

Le collectif reste une structure de débats et d’initiatives incontournable. A l’initiative de la campagne sur le temps partiel imposé, il est aussi moteur de la manif du 15 avec la CADAC. Ce n’est pas une structure de type militante, où nous pouvons nous investir massivement, même si les réalités locales sont très différentes. Cependant nous devons rester présents localement et nationalement, car c’est le principal lieu d’élaboration, de réflexion et d’initiative dans la période.

Le collectif pour les marches mondiales

2.3.5 Orientation

Affirmation de nos pratiques et relais dans les orgas de masse

Marches mondiales des femmes en l’an 2000

Comme jamais auparavant, une opportunité s’offre à nous au niveau des questions femmes : les marches mondiales des femmes. Depuis le 25 novembre 1995, nous n’avons pas eu l’occasion de participer à une mobilisation à une échelle de masse, et sans dynamique externe, nous avons eu bien du mal à maintenir ce secteur dans l’organisation. Avec les marches, nous avons donc l’occasion de nous raccrocher aux wagons d’une mobilisation qui ne sera pas menée principalement par nous, de nous appuyer sur une dynamique externe, ce dont nous avons prouvé être capables.

Cette mobilisation s’inscrit dans la durée (un an), ce qui permettra aux structures de mobilisation que nous mettrons en place d’avoir des perspectives au moins à moyen terme, de ne pas s’essouffler et donc au bout d’un moment de fonctionner sans reposer uniquement sur nous. Notre perspective est de nous saisir de ces marches pour créer un réseau jeune sur un cadre national à vocation de masse.

La dynamique de cet évènement dans la jeunesse dépendra en grande partie de notre effort militant pour en faire une campagne de masse. Nous avons un rôle moteur a jouer pour qu’un "axe jeune" soit mis en avant et largement diffusé. Nous devons tenter d’impulser un pôle jeune, mais aussi profiter des différentes échéances pour mettre en avant notre profil féministe (révolutionnaire et radical !!!), notre analyse et nos propositions.

Les échéances

La première échéance majeure des marches aura lieu le 15 janvier 2000, date anniversaire du vote de la loi Veil. L’extrême droite à prévu le 11 une forte mobilisation (manifestation), qui doit leur permettre d’imposer un rapport de force en leur faveur, notamment sur le rapport Nizand. Cette échéance doit être majeure pour nous, si nous voulons que le rapport de force soit dans notre camps. L’enjeu de cette échéance est d’autant plus important qu’il sera ou pas le levier d’une forte mobilisation pour les autres échéances des marches prévues le 8 mars 2000, en juin 2000 et en octobre 2000.

Les axes de campagne

Dans chaque intervention en tant que JCR-RED, notamment en public, il est important de rappeler notre profil féministe. Nos apparitions sur les questions féministes doivent aussi être plus fréquentes, et cela pour plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est l’une de nos uniques luttes en positif. Ensuite, le féminisme est une question sur laquelle nous avons la possibilité de convaincre un public large. Ceux qui ne sont pas formés sur ces questions peuvent avoir des appréhensions, mais il est facile de démontrer que nous avons des luttes à mener et à gagner. Les camarades que l’on touche sont pour la plupart jeunes, et par conséquent plus réceptifs aux problèmes qu’ils découvrent.

Droit de choisir

Nous devons mener campagne sur la question du droit à l’avortement et à la contraception, en nous appuyant sur les revendications en positif du rapport Nizand. Nous devons constituer un cadre d’action le plus large possible sur cette question en sollicitant les organisations de jeunesse de la gauche. Dans ce cadre, nous devons tenter de mettre en avant d’autres revendications que nous portons (gratuité de toutes les pilules, des préservatifs...).

L’image des femmes

L’image des femmes véhiculée par les médias, ou tout support communication, est une préoccupation nouvelle dans l’orga. Le succès des expositions dénonçant les affiches sexistes, sur les facs, permet de voir que cette question interpelle les jeunes femmes.

Sur le plan idéologique, l’image véhiculée détermine la place des femmes dans la société. Les vieux mythes, dénoncés par Simone de Beauvoir dans Le Deuxième Sexe dès 1949, sont en effet réactivés par l’appareil tentaculaire des mass-médias. Les femmes continuent d’être définies par rapport à leur rôle de mères ou de prostituées. La pression quexerce la mode du mannequinat (accompagné de ses critères de beauté et de comportement) a des conséquences néfastes sur les jeunes femmes. Les cas d’anorexie augmentent, les complexes aussi.

Sur le plan économique, la marchandisation du corps des femmes est banalisée, la norme de la femme-objet se généralise.

La mise en œuvre

Mode d’emploi

Dans notre participation aux collectifs locaux, nous cherchons au maximum à rassembler les jeunes : l’existence des différentes plate-formes et de nombreuses revendications devant nous permettre de choisir d’autres axes de campagne, pertinents et percutants dans la jeunesse. Mais par ailleurs, nous impulsons sur nos lieux de militantisme, à travers l’orga et nos orgas de masse, des collectifs unitaires de mobilisation qui auront vocation à devenir des groupes jeunes autonomes. L’organisation de meetings et autres réunions publiques appelant aux manifs étant l’occasion des premiers débats de ces futurs groupes non-mixtes.

Le matériel

Le matériel de propagande de l’organisation (autocollants, affiches…) doit comprendre une part importante de matériel féministe. Les slogans doivent porter sur des thèmes « classiques » tels que l’avortement et la contraception, mais aussi et de façon plus variée sur des thèmes antisexistes (ex : le corps des femmes n’est pas une marchandise, non au sexisme !).
Compte tenu de l’image pour le moins brouillée du féminisme dans l’opinion (« c’est dépassé », « tout a été gagné »), il faut également envisager un matériel qui expose notre conception du féminisme : pour l’égalité dans tous les domaines, pour un féminisme qui n’exclut pas les hommes…
Enfin, il serait intéressant que certains thèmes féministes qui ne dépendent pas de l’actualité soient déclinés dans du matériel édité en grande quantité, afin que ce matériel soit disponible en permanence pour chaque section qui en a besoin.

Structure spécifique pour mener la campagne

Cette campagne étant une campagne centrale de toute l’orga, les différents secteurs doivent y participer pour enrichir et structurer toutes les formes de participation que nous aurons.

Ras l’Front, par exemple, aura un rôle à jouer au niveau du volet droit de choisir puisque les opposants, que nous avons en face, sont principalement des fachos, il importe donc que les militants soient bien informés sur cette question.

Le syndicalisme étudiant ne sera pas en reste dans la construction de cadres unitaires sur les facs, voire une élaboration sur les filières sexuées, la « préférence » des femmes pour des formations plus courtes, la présence de sexisme sur les facs.

Il importe donc qu’une structure de centralisation spécifique puisse seconder le BN et le secrétariat femmes le temps de cette campagne.

2.4 – Syndicalisme étudiant

2.4.1 - La politique d’Allègre :

Les réformes poursuivies ou entreprises par le ministre de l’Education de la gauche plurielle, Claude Allègre, s’inscrivent dans la continuité des politiques précédentes : l’action gouvernementale vise à répondre aux besoins contemporains du système de production capitaliste. La remise en cause du service public d’éducation est en effet un levier important pour accomplir la “modernisation” du capitalisme français. C’est par la libéralisation du système de formation que se parachève la libéralisation du marché du travail, c’est par l’inscription du système de formation dans un schéma européen que la main-d’œuvre nationale peut s’intégrer dans un marché européen…
Dès lors, les objectifs traditionnels des réformes gouvernementales depuis l’affirmation de la contradiction massification/crise économique sont respectés : rentabilisation/marchandisation du service public, externalisation des coûts de formation des entreprises, début d’intégration au niveau européen, précarisation/atomisation des (pré)salariés en formation, autonomisation/régionalisation des formations, sélection larvée…

Force est de constater que, pour le moment et malgré une réputation de brute épaisse, Allègre réussit plutôt bien à faire passer ses pilules libérales. Il peut en effet profiter d’une relative atonie du mouvement étudiant, atonie qu’il entretient par une certaine souplesse tactique : il fait beaucoup de bruit dans le secondaire, ce qui contribue à relativiser son action dans le supérieur d’autant plus qu’il s’applique à distiller avec précaution des réformes qui sont présentées en ordre dispersé (qu’il y ait manœuvres machiavéliques ou non importe peu : ce qui importe, c’est que les diverses réformes dans le supérieur revêtent objectivement une cohérence globale). Les directions syndicales sont ainsi les premières à tomber dans le panneau, qui tentent de séparer le bon grain à moudre de l’ivraie libérale (sur la question de l’aide sociale, la situation est plus complexe, on y reviendra) et refusent de montrer le lien entre les propositions faites dans le rapport Attali et la politique concrète d’Allègre.

Voici, en résumé, les différents axes de la politique d’Allègre (sans revenir dans les détails de l’analyse – pour cela, se reporter aux textes de nos courants syndicaux, aux articles parus dans RED et à la brochure qui devrait sortir après le congrès) :

  Développement de l’autonomisation et de la régionalisation : cet axe essentiel, développé à travers la politique contractuelle, le plan U3M et la licence professionnelle, a pour conséquence directe la remise en cause du cadre national du service public et des diplômes. A travers le développement de formations directement branchées sur les “bassins d’emploi locaux” (les entreprises de la région) et la création de “pôles d’excellence” (rebaptisés “pôles européens”), c’est l’éclatement d’un marché du travail relativement homogène à l’échelon national (garanti par des conventions collectives, des niveaux de rémunération correspondant à des diplômes nationaux…) au profit des échelons local (pour les formations du plus grand nombre) et européen (pour les filières “d’excellence”). C’est donc la mise en concurrence des établissements, qui se dotent de leurs stratégies propres, au détriment d’une stratégie nationale homogène de développement d’un service public offrant les mêmes chances à tous.

  Professionnalisation : avec l’autonomisation/régionalisation, c’est le deuxième axe essentiel de la politique d’Allègre. On ne reviendra pas sur la fonction d’une telle politique : adapter l’enseignement supérieur et les futurs salariés aux besoins à court terme des entreprises, et soulager celles-ci des coûts de formation qui leur sont normalement dévolus. Cette politique, qui s’appuie sur le discours de la déconnexion entre le monde “réel” des entreprises et l’université faisant d’elle une usine à chômeurs, s’applique à travers la multiplication des stages (unité d’expérience professionnelle de la réforme Bayrou, qui n’est cependant pas appliquée nationalement), le développement des IUP (instituts universitaires professionnels, formations universitaires sélectives ultraspécialisées) dans le cadre des contrats de plan U3M, et surtout la création de la licence professionnelle, qui constitue dans sa configuration actuelle un véritable cheval de Troyes du patronat contre l’Université (alors qu’elle aurait pu être une passerelle efficace pour ramener les étudiants des IUT dans le giron de l’université). En effet, les licence pro sont créées au niveau des universités, donc en lien avec les besoins précis des entreprises environnantes, et ne reçoivent leur dénomination nationale qu’a posteriori. Elles intègrent obligatoirement un stage, qui dure de 3 à 4 mois (près de la moitié de l’année !), ainsi qu’un “projet tutoré” défini avec l’entreprise. Il n’y a pas de cadrage horaire strict, ce qui peut donner naissance à des licences tournant uniquement autour des stages et du projet tutoré. Les patrons peuvent représenter jusqu’à 50 % du jury décernant le diplôme, et au moins 25 % des “enseignants” doivent être issus du secteur professionnel correspondant à la licence. Cette licence a été votée sans l’oppositon des syndicats étudiants, puisque les deux UNEF se sont abstenues…

  Intégration européenne : c’est le schéma d’harmonisation européenne des cursus autour de trois niveaux de diplômes qui seraient internationalement reconnus, le 3/5/8. Le grade de mastaire, qui correspond au niveau +5, mis en place par un décret d’août 99, donne une lisibilité à tous les diplômes de niveau +5, des universités comme des grandes écoles. Mis à part le problème (de taille !) de la licence professionnelle, les conséquences concrètes de la politique d’harmonisation sont pour le moment assez inoffensives, puisqu’elles s’attachent simplement à surligner certains niveaux de diplômes. Les principaux dangers restent à venir, si Allègre poursuit dans l’optique d’Attali : pour celui-ci, le 3/5-8 servait à opérer un écrémage entre étudiants dès le niveau +3 par un accès sélectif au niveau +8. En clair, les étudiants chosisissant de s’arrêter au mastaire devraient faire le choix dès la licence : les cursus, organisés actuellement selon un système d’échelons à gravir, seraient réorganisés selon un système d’aiguillage, réservant la formation par et à la recherche à une minorité privilégiée, le gros des troupes étant orienté vers les formations professionnalisées.

  Privatisation de la recherche : pour le gouvernement, la recherche publique coûte cher et elle est inutile, car elle accorde une place centrale à la recherche fondamentale dont les implications économiques immédiates sont nulles. Allègre s’est donc engagé dans un mouvement parallèle de développement de la recherche appliquée (loi sur l’innovation, qui pousse les chercheurs à trouver des contrats avec les entreprises privées pour financer leurs recherches) et de fragilisation des institutions symboliques de la recherche fondamentale (réforme du CNRS). Dans l’optique d’Allègre, on peut donc se questionner sur l’avenir de la recherche dans les domaines non rentables du point de vue économique, comme la philosophie ou les lettres. La recherche est totalement subordonnée aux impératifs économiques, elle n’a plus d’utilité en soi. En témoigne encore la remise en cause de la formation par la recherche avec le risque de déconnexion entre voie +5 professionnalisée (développement des DESS) et voie +8 doctorante.

Au nom de la mondialisation et de la modernisation, la politique d’Allègre fait passer une étape décisive au mouvement de remise en cause du service public. La mise en place de la licence professionnelle est emblématique du stade actuel de fragilisation extrême de l’Education : elle inscrit au cœur même de l’université, dans une formation censée être ouverte à tous, les besoins à court terme des entreprises et renforce par la même occasion le mouvement de régionalisation des formations, ceci avec une résistance minimale des directions syndicales. Auparavant, de telles offensives se déroulaient à la marge, par exemple via le développement des IUP ou des stages de filières. Aujourd’hui, cette offensive qui offre la part belle aux intérêts privés locaux, cette logique de démission de l’Etat devant les entreprises est coordonnée nationalement (ce qui, par la même occasion, vide de son sens la notion de dénomination nationale des diplômes).

  La question de l’aide sociale : la question de l’aide sociale doit occuper une place à part dans l’analyse de la politique d’Allègre, sans pour autant la déconnecter du reste de ses orientations. Du point de vue de l’aide sociale, Allègre se fait le continuateur des orientations posées par Jospin dans le plan Université 2000, en se fixant l’objectif de 30 % de boursiers pour 2001 et d’une augmentation de 15 % du niveau moyen des aides. On ne peut nier le caractère progressiste de tels objectifs, même s’ils restent largement en-deça des enjeux. En outre, on assiste sur ce terrain à la réalisation effective des objectifs (on est à 26 % de boursiers en 99) : relèvement du plafond des bourses, augmentation de leur montant, mise en place de nouvelles aides… Allègre a notamment mis en place une nouvelle aide : l’allocation d’études, qui consacre le principe de l’autonomie étudiante. Bien entendu, il ne s’agit pas de l’allocation d’études que nous défendons : elle est limitée à 7000 étudiants, il n’y a pas de critères nationaux, son montant est identique à celui des bourses (c’est-à-dire insuffisant), il ne s’agit pas d’un “pré-salaire” puisqu’elle n’est pas prise en compte dans le calcul de la retraite, sa mise en place ne s’appuie sur aucune réforme fiscale (suppression de la demi-part, taxation des richesses)… Néanmoins, la mise en place d’une telle aide montre qu’une victoire de principe est acquise : la reconnaissance de l’autonomie des étudiants, le fait qu’ils puissent disposer d’une aide sans être dépendants de leur famille. C’est donc un levier important pour avancer nos revendications sur tous les thèmes sus-cités, pour aller vers une allocation d’études universelle et sociale, garantissant à chacun l’accès à l’enseignement supérieur et des conditions d’études satisfaisantes.

Comment expliquer le caractère progressiste des réformes sur l’aide sociale, au milieu de la politique libérale du ministre ? Déjà par le fait qu’il n’y a pas de contradiction nécessaire entre libéral et social : le libéralisme, c’est beaucoup de pauvres et un peu de riches, mais pour que les pauvres n’emmerdent pas trop les riches, il faut que ceux-ci montrent à ceux-là qu’ils s’occupent un minimum d’eux. Ainsi, les petites augmentations du budget sont assumables à court terme, en tant qu’elles permettent d’instaurer les meilleures conditions pour le désengagement de l’Etat sur le moyen/long terme (dans un autre domaine, les entreprises privatisées sont toujours “recapitalisées” avant d’être vendues). De même, l’augmentation de l’aide sociale, pour un montant qui reste “raisonnable” (ce qui veut dire : pas plus de 7000 allocations d’études, pas de loi de programmation budgétaire), est un point d’appui dans le discours de justification d’Allègre : “la nécessaire adaptation à la mondialisation tout en sauvegardant l’essentiel du modèle social de service public à la française”…

Cet accompagnement social des politiques libérales dans l’Education est ainsi un élément de plus pour faire passer la pilule, face auquel il est impossible d’avoir une simple attitude de rejet. En effet, quel étudiant lambda comprendrait qu’il faut s’opposer aux “réformes Allègre” (mot d’ordre de l’intersyndicale totoïde – voir plus loin), incluant donc le Plan social étudiant, au prétexte que l’augmentation de l’aide sociale (seule réforme dont l’étudiant lambda ait pu constater concrètement l’existence) n’est en fait qu’un moyen de faire accepter une orientation libérale ?

Nous devons au contraire nous saisir de la question de l’aide sociale pour en faire un levier de mobilisation (en faisant remplir au maximum d’étudiants les dossiers d’allocations pour déborder les commissions), avancer en positif sur l’allocation d’études et plus largement sur la revendication d’une loi de programmation budgétaire. En parallèle, il s’agit de mobiliser contre la politique libérale d’Allègre, sur des mots d’ordre concrets qui cristallisent ses orientations générales : l’arrêt du plan U3M, le retrait de la licence professionnelle.

2.4.2 - Un rapport de forces défavorable au mouvement étudiant :

Face à l’offensive d’Allègre, les capacités de riposte du mouvement étudiant ont été jusqu’à maintenant très limitées. Il n’y a pas eu de luttes massives depuis 1995, les mobilisations de 98 étant restées très sectorisées (et monopolisées par des éléments gauchistes enlevant toute chance de succès à ces luttes). Cette situation peut s’expliquer par le semi-échec du mouvement de 95, le changement de tactique des politiques éducatives (il n’y a plus de projet global contre lequel se mobiliser, mais des réformes en ordre dispersé, ce qui rend d’autant plus difficile la recherche de mots d’ordre unifiants), la stabilisation des effectifs étudiants qui légitime le discours gouvernemental sur la priorité au “qualitatif”, une certaine réceptivité étudiante au discours sur la professionnalisation, ainsi que la faiblesse et la division du syndicalisme, au sujet duquel il est utile de dresser un état des lieux :

  Liquéfaction totale de l’UNEF-SE en tant que structure nationale (avec ses répercussions sur les réalités locales). La direction UEC est complètement déboussolée, ce qui se traduit par un suivisme vis-à-vis de la direction de l’UNEF-ID et un discours pseudo-apolitique, semi corpo (propositions d’ouverture à tout va dans le cadre des assises, par exemple). Au sein de l’UNEF-SE, l’oppo ne représente plus une entité nationale. Nous continuons d’animer des équipes à Nanterre (où nous venosn de prendre la majorité), Jussieu (où nous sommes majo), Montpellier (où nous tenons la moitié de l’AGE), Nice et des camarades sont présents dans les AGE de Rouen et Caen.

  L’UNEF-ID à la recherche d’un nouveau souffle. Le renouvellement militant dans l’UNEF-ID a entraîné un essoufflement sensible, qu’accentue la crise de la MNEF en donnant l’impression d’un navire qui prend eau de toutes parts. Cette image est cependant loin de la réalité : si ce syndicat traverse une passe difficile, il continue de s’appuyer sur de solides acquis politiques (un encadrement militant qui, s’il s’est rajeuni, reste bien formé relativement aux autres forces), organisationnels et électoraux. La mise en place de l’allocation d’études est la dernière victoire clairement imputable à l’UNEF-ID, mais l’attitude de la majorité du syndicat à l’égard de la licence professionnelle (abstention au CNESER) illustre l’impasse cogestionnaire dans laquelle sont engagées la GS et la Nouvelle gauche, qui les éloigne des réalités étudiantes. De ce point de vue, le choix de l’unification apparaît clairement comme un moyen de reprendre l’initiative. Nous animons, via la TUD, des équipes à Chambéry, Perpignan (jeunes de la Ligue), Le Mans (jeunes de la Ligue), où nous sommes majoritaires (plus les AGE de Dijon, Amiens et Dunkerque où la TUD est majo mais qui ne sont pas directement animées par nous – sinon comme suivis nationaux), Toulouse, Nancy, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Reims, Paris.

  Sud étudiant se maintient, mais au prix de l’écartèlement entre différents projets : syndicalisme “radical”, syndicalisme de masse – unitaire, ou unifié. Ces différentes lignes se traduisent par différentes positions au sujet des assises, du boycott à la participation avec ouverture sur l’unification. Sud connaît toujours des problèmes de structuration nationale, qui n’ont pas été réglés par le congrès de fondation (mise en place d’un fantomatique secrétariat fédéral). Au sein de Sud, nous nous confrontons directement à la mouvance libertaire sur tous ces problèmes, celle-ci développant les position sectaires sur l’unification, défendant l’ultra fédéralisme… Nous animons des équipes à Toulouse, Poitiers, Reims, Marseille, Rennes, Paris.

  Un pôle gauchiste et sectaire se développe en marge des structures existantes. Il s’organise autour de l’intersyndicale impulsée par le SEUL de Montpellier (La commune, qui vient de rejoindre la GR) et fonctionne sur le mode d’un réseau parasitaire, qui tente de décrocher les sections les plus “à gauche” des UNEF et de Sud. Ce réseau est prisonnier d’une vision purement idéologique des politiques universitaires, complètement déconnectée des réalités subjectives étudiantes : leur principale occupation est de mener des campagnes “contre les réformes Allègre” en s’appuyant sur le prestige de la mobilisation de l’an passé à Montpellier (qu’ils ont soit dit en passant menée dans le mur). Leurs campagnes traduisent l’incapacité à formuler une réponse de masse, en limitant leurs mots d’ordre à des prise de position générales “contre les réformes”, contre la privatisation, pour une université ouverte. Elles révèlent la vraie nature de l’entreprise : une opération menée conjointement par les totos et la commune pour construire un nouvel outil politico-syndical. Nous devons toutefois continuer de nous adresser ou de travailler avec certaines sections syndicales qui jouent sur les deux terrains – sectaire et unitaire – mais dans la seule perspective de les ramener dans le giron unitaire. C’est le cas de plusieurs AGE de l’UNEF-SE (notamment Paris 4) et d’Amiens (qui sont les seuls dans la GR à animer l’UNEF-ID).

2.4.3 - Reprendre l’avantage !

Le mouvement étudiant a besoin de reprendre l’avantage, car la bataille qui se joue actuellement est déterminante pour l’avenir du système d’éducation. De ce point de vue, la nouvelle de l’unification syndicale apparaît comme une chance qui nous est donnée pour améliorer le rapport de forces. Ce n’est pas être naïf que d’écrire cela : bien entendu, le choix de l’unification par les directions syndicales de l’UNEF-SE et de l’UNEF-ID est la conséquence de motivations politiques profondes, mais qui sont en partie contraintes (sauvegarde de la bureaucratie stalinienne, besoin de rebondir pour la GS). D’ailleurs, l’unification a été négociée entre ces deux courants au niveau directement politique (et même pas étudiant).

Il faut savoir répondre à quelques questions essentielles :

  La méthode de l’unification traduit-elle la bureaucratisation irrémédiable de ces structures ?

Non. Cette méthode traduit la réalité du mouvement étudiant : ce sont aujourd’hui les fractions politiques qui sont toutes-puissantes, car il n’existe pas d’outil de masse perçu comme la représentation légitime de la majorité étudiante. Cette méthode se reproduit ainsi à d’autres moments, par exemple quand il s’agit de respecter la représentation politique de tous les courants dans une coordination… Ce que nous connaissons. En période de mouvements, nous faisons tout pour favoriser la démocratie et l’auto-organisation. Il s’agit de faire la même chose pour l’unification : l’impulsion a été donnée par les directions syndicales, nous devons reprendre la dynamique et la développer pour qu’elle leur échappe. Rien n’est acquis : il faut favoriser au maximum la prise de parole par les étudiants, développer des comités de liaison unitaires à la base et des publications intersyndicales.

  Une unification hors période de mobilisation est-elle souhaitable ?

L’unification en soi est souhaitable. Qu’elle se déroule en période de mobilisation, sous la pression des masses étudiantes, aurait été le meilleur schéma. Mais ne prenons pas nos rêves pour des réalités : le niveau de conscience des étudiants des années 90 est certainement moins avancé que celui des travailleurs des années 30. Attendre un mouvement pour imposer l’unification, quand on constate l’atonie du mouvement étudiant, c’est refuser la réalité, se trouver des excuses, c’est refuser l’unification. Ce qui est en jeu, c’est de redonner une crédibilité à l’action syndicale, qui ne concerne aujourd’hui qu’1 % des étudiants.

  L’unification n’est-elle pas le moyen, pour les bureaucraties, de bâilloner définitivement le mouvement étudiant ?

L’unification est avant tout le moyen de redonner une crédibilité à l’action syndicale. Surmonter la division, c’est dépasser l’image d’un syndicalisme manipulé par des fractions politiques. Si des militants politiques peuvent avoir cette analyse des menées bureaucratiques, le premier étudiant venu verra au contraire dans l’unification un moyen d’être plus fort, plus efficace pour défendre ses droits. Ce qu’il faut attendre de l’unification, c’est qu’elle lève un obstacle de taille, celui de la division, qui détournait les étudiants du syndicalisme.

Car c’est la division, et non l’unification, qui jouait le plus contre le mouvement étudiant : la division multiplie les appareils et augmente de la sorte les marges de manœuvre pour les bureaucraties : morcellement des oppositions, possibilité de jouer un appareil contre l’autre, discrédit sur l’action syndicale… Penser que l’unification risque de nuire au mouvement étudiant, c’est ne pas avoir confiance dans nos capacités à combattre les bureaucraties, à fédérer les étudiants derrière nos mots d’ordre. S’il n’y a plus qu’un appareil, plus qu’une bureaucratie, face à plus d’étudiants, les marges de manœuvre des directions syndicales seront diminuées. Certes, une seule bureaucratie, c’est une bureaucratie plus grosse, on ne peut pas oublier la dimension des rapports de forces. Mais l’unification étudiante n’a rien à voir avec le rapprochement CGT-CFDT. Déjà justement parce que, chez les salariés, il s’agit d’un rapprochement et non d’unification, ce qui permet aux bureaucraties de maintenir les barrières artificielles des appareils entre les salariés et de conserver ainsi leurs marges de manœuvre. Ensuite parce que les réalités sont trop différentes : l’UNEF-ID n’est pas la CFDT (et Carine Seiler n’est pas Nicole Notat !), l’UNEF-SE n’est pas la CGT, et Sud n’est pas le pôle FSU/groupe des dix, ceci pour des raisons politiques, militantes, historiques, mais aussi pour des raisons d’échelle. Les directions actuelles de l’UNEF-SE et de l’UNEF-ID sont loin d’avoir les forces pour verrouiller le mouvement étudiant. Notre courant, en particulier, représente une force considérable avec laquelle il faut compter… à condition de ne pas partir désunis.

Notre orientation étudiante, déclinée dans notre apparition propre et dans notre intervention syndicale, doit donc s’articuler autour de deux axes :

Pour un profil résolument pro-unification.

Nous devons nous intégrer dès maintenant au processus d’unification. Si nous prenons le train en marche (ce qui est déjà en partie le cas), nous perdrons une bonne part de la légitimité qui nous permettra d’être entendus dans les assises et dans le futur syndicat unifié.

Il s’agit donc de défendre un projet et une méthode dans le processus d’unification. Faire vivre et animer un pôle de gauche syndicale, offensif, dynamique et attractif dans tout le processus, qui avance sur la nécessité de la démocratie, de véritables débats, de l’ouverture aux non-syndiqués, et qui explique pourquoi un syndicat unifié est nécessaire pour riposter aux attaques d’Allègre.

Nous constituons des comités de liaison unitaires ouverts aux non-syndiqués. Les seuls discriminants que nous posons à la participation au processus sont : un projet de type syndical (assurer l’autodéfense et l’autoorganisation des étudiants sur la base de leurs seuls intérêts matériels et moraux, sur la base de l’égalité et de la démocratisation des études, de la défense du service public), un fonctionnement de type démocratique (reconnaissance des tendances et sensibilités, association de toutes les composantes au fonctionnement du syndicat).

Nous publions un appel national sur cette ligne, autour du thème “tous ensemble, réussir l’unification pour refonder le mouvement étudiant”, auquel nous tentons d’associer d’autres courants se retrouvant dans notre démarche d’une gauche syndicale unitaire, ouverte, pro-unification.

Nous défendons un calendrier garantissant les meilleures conditions démocratiques au débat : pour des assises début 2000 associant tous ceux se retrouvant dans la démarche de rassemblement, y compris ceux qui ne sont pas tranchés sur leur participation au processus final d’unification. Pour un congrès d’unification syndicale vers octobre-novembre 2000. Nous favorisons toutes les initiatives qui permettent de réelles discussions et de réels rapprochements militants (campagnes communes, notamment pour les CROUS).

Résister à l’offensive libérale, mener la lutte idéologique. Contre-offensive pour préparer les mobilisations !

Deux thèmes sont à mettre en avant :

La défense du caractère public des formations (qu’est-ce que le service public, la recherche fondamentale, la gratuité des études, l’égalité entre étudiant-e-s…), avec comme mots d’ordre centraux : loi de programmation budgétaire pour l’Education, allocation d’études universelle et sociale, défense du cadre national des formations et des diplômes.

Contre la professionnalisation des études (l’université n’est pas responsable du chômage, la véritable fonction des stages…), avec comme revendications principales : arrêt du plan U3M, retrait de la licence professionnelle, charte nationale des stages. Nous réfléchissons à des initiatives à mener avec les syndicats de salariés sur les questions du rôle des formations, sur la précarité dans le travail, sur les stages…

Sur la base de ces deux thèmes, nous avançons dans notre propagande notre projet pour l’Ecole : pour un service public européen d’éducation, dans le cadre d’une véritable Europe sociale.

Cette orientation se traduira notamment par la publication d’une brochure qur la question scolaire.

2.5 - La précarité, un trait unifiant de la jeunesse ?

2.5.1 - Jeunesse et précarité

Avec la stabilisation d’une certaine forme de crise depuis le milieu des années 70, la société s’est profondément transformée. Le développement d’un chômage de masse structurel témoigne du fait que le rapport de force s’est considérablement détérioré pour les salariés ; les entreprises ont en revanche renforcé leurs profits en remettant en cause des acquis sociaux datant de la période précédente. Ce tournant social a touché de plein fouet la jeunesse. Alors qu’auparavant le laps de temps entre la sortie précoce du système scolaire (généralement entre 14 et 16 ans) et l’entrée de manière stable dans le monde du travail était extrêmement court, cette période s’étend aujourd’hui sur un dizaine d’année et pour un nombre croissant de personnes débouche sur une situation “régulièrement” précaire.

L’extension de cette période transitoire entre l’âge adulte et l’enfance aurait pu être une chance pour constituer un âge d’autonomie et, d’une certaine manière, de liberté. Il n’en a rien été : la jeunesse peut de plus en plus se définir comme l’âge de la précarité. C’est le résultat de deux transformations majeures qui ont marqué les dernières décennies : l’allongement des études et la détérioration du rapport salarial.

Premièrement, on a assisté à un spectaculaire allongement de la durée moyenne des études qui implique une relative massification de l’université ( environ 50 % des jeunes étudie au-delà du bac). L’accès d’une partie importante des classes populaires aux études supérieures n’a pas été accompagné de la mise en place d’un statut économique et social de l’étudiant-e. L’élite à qui l’université était autrefois réservée disposait des moyens économiques pour financer les études, ce qui n’est pas le cas des classes populaires. Une très grande partie de la jeunesse étudiante se trouve donc dans une situation précaire, obligée de travailler ou de subsister avec de très faibles revenus.

Deuxième élément, le développement d’un chômage de masse depuis plus de deux décennies est le fruit de la destruction d’emplois stables, régit par des conventions collectives qui garantissaient un ensemble d’acquis sociaux, issus de la période dite des “trente glorieuses”. D’abord, il faut rappeler que les jeunes sont la catégorie d’âge la plus touchée par le chômage, en particulier les jeunes femmes. D’autre part, aujourd’hui, même si le chômage officiel semble se stabiliser, la destruction de ces emplois se poursuit alors que l’essentiel des créations d’emplois correspondent à des formes de travail précaires ( CDD, temps partiels, stages, etc..). Une nouvelle catégorie sociale déjà bien connu aux USA et en Angleterre est en train de naître : les “Workings Poor”, qui bien que travaillant vivent fréquemment en-dessous du seuil de pauvreté. Pour les jeunes, le développement du chômage et des formes de travail atypiques signifient très concrètement qu’il ne peuvent pas espérer vivre dans de meilleurs conditions que leur parents mais, qu’au contraire, leur situation va probablement être pire. C’est dans de telles conditions que s’effectue leur entrée sur le monde du travail, en l’absence de référent collectif palpable du fait de l’instabilité de ces nouveaux statuts : concrètement cela se traduit aussi par la plus grande difficulté à organiser des travailleurs-ses précaires que des salarié-e-s en CDI à temps plein.

Au présent ou au futur, l’expérience de la précarité est partagée, bien qu’à des degrés différents, par une large majorité de la jeunesse. On peut donc considérer que la précarité est devenue un trait potentiellement unifiant de la jeunesse. Cela signifie non pas que toute la jeunesse est précaire mais que l’on peut tenter de s’appuyer sur l’expérience de la précarité pour constituer une identité commune contestataire rassemblant une majorité de la jeunesse. La principale difficulté étant que se penser puis lutter en tant que précaire est loin d’être une évidence : d’abord, parce que l’expérience de la précarité ne se fait pas collectivement - à l’inverse de ce qui se passe dans le monde ouvrier - mais individuellement, ce qui est un obstacle au déclenchement des réflexes de solidarité. Les stratégies face à la précarité sont de fait plus individualistes : la course aux diplômes, la course aux stages, l’acceptation de conditions d’emplois inacceptables parce que c’est mieux que rien. Deuxièmement, parce que l’instabilité propre à la situation précaire se répercute dans le champ de la lutte des classes avec la difficulté à stabiliser des organisations de précaires.

Pour mieux comprendre ces difficultés, il faut tenter de définir précisément ce que l’on entend par “précarité”.

2.5.2 - Définition de la précarité

Du point de vue économique, la précarité c’est l’insuffisance des revenus, mais c’est aussi l’instabilité de la situation sociale au niveau du travail, des revenus et par conséquent dans l’ensemble de la vie sociale de l’individu (logement, culture, loisirs, etc..). En résumé c’est l’impossibilité non seulement de satisfaire ses besoins économiques dans le présent, mais aussi de se projeter dans l’avenir. Cela se concrétise par le fait que plus de 40 % des étudiant-e-s mais également un nombre important de lycéen-ne-s soient contraint-e-s de travailler et par la généralisation de périodes d’études suivies de période de chômage alternant avec des stages et des CDD. Alors que dans la population la précarité ne cesse de s’accroître mais demeure pour l’instant minoritaire, elle touche la majorité des jeunes et en premier lieu les femmes et les moins diplômé-e-s.

Ce problème social, dans la jeunesse, pose en particulier le problème de l’autonomie des individus. C’est ainsi que les jeunes habitent de plus en plus longtemps chez leurs parents. Avec le chômage, l’incertitude liée au travail précaire et la faiblesse des revenus des étudiant-e-s, il est devenu plus difficile pour les jeunes d’habiter de manière indépendante, mais, plus largement, de définir et de choisir leurs modes de vie, leurs propres projets.

2.5.2 - Dénoncer les politiques gouvernementales

Face à ce nouveau fléau, les réponses des différents gouvernements de droite comme de gauche n’ont varié que dans le degré de dégradation qu’ont entraîné leurs mesures. C’est d’abord la généralisation des emplois-bidons (TUC, etc..), très faiblement rémunérés et n’apportant en général aucune formation satisfaisante. Dernièrement ce fut la vague des emplois jeunes qui a eu un effet quantitatif non-négligeable ( environs 150 000 ), mais qui n’offre pas de perspectives à terme (5 années au mieux) et maintien des salaires faibles. Surtout, c’est un parfait exemple du développement de la précarité : c’est une attaque en règle contre les statuts de la fonction publique, on casse des emplois stables, statutaires, pour les remplacer par des emplois précaires, à moindre coût !!!

En ce qui concerne les étudiant-e-s, on assiste au maintien des formes traditionnelles d’aides sociales datant d’avant la massification et qui non seulement sont insuffisantes du point de vue de leur montant et de leur nombre mais ne répondent absolument pas à l’exigence d’autonomie de la jeunesse. Enfin, la mise en place du RMI en 1989, s’est effectuée de façon discriminatoire vis-à-vis des jeunes de moins de 25 ans.

Défendre un plan d’urgence

Face à cette situation, nous devons développer cette intervention à travers notre matériel et organiser une campagne d’envergure autour d’axes revendicatifs. Nous devons défendre un certain nombre de mesures d’urgence qui permettraient de renverser la vapeur par rapport à l’évolution actuelle.

Développer les luttes

D’autre part, il nous faut contribuer au développement des luttes contre la précarité, en particulier en mettant en avant la nécessité de la prise en compte de leur caractère transversal aux différentes situations sociales de la jeunesse (étudiant-e-s, précaires, chômeurs-ses, etc..). Cela signifie développer cette question dans les syndicats étudiants, dans le mouvement des chômeurs-ses et également dans les syndicats du monde du travail. Il nous faut en particulier réfléchir à la possibilité de faire perdurer les réseaux militants constitués dans le monde étudiant pour les reconstituer dans les luttes de chômeurs-ses et des travailleurs-ses précaires. A ce titre, les militant-e-s marocains ont réussi une expérience exemplaire : des militant-e-s de l’UNEM (Union National des Etudiants Marocains) ont constitué une association de chômeurs-ses diplômé-e-s qui organise aujourd’hui des dizaines de milliers de jeunes et réussit à défier le pouvoir en organisant des manifestations importantes malgré l’interdiction des autorités.
A terme, la mise en place de structures de masse organisant des jeunes dans la lutte contre la précarité doit être envisagée. Les organisations de chômeurs et précaires existantes (AC, MNCP, APEIS, CGT-chômeurs) n’offrent sans doute pas le cadre idéal ; constituées essentiellement de chômeurs et précaires adultes, elle n’ont pas réussi à s’implanter significativement dans la jeunesse.

Les marches européennes, dont le prochain rendez-vous, à l’automne 2000, est en France, sont une des échéances régulières sur lesquelles nous pouvons nous appuyer pour développer des mobilisations de jeunes précaires.

2.6 – Lycées

Notre intervention sur les lycées est essentielle à plusieurs titres. D’abord, il s’agit bien sûr d’amener des jeunes à la lutte et à la politique pour que la jeunesse soit de plus en plus un acteur historique du changement social comme elle l’a toujours été. Ensuite, parce qu’en intervenant sur les lycées généraux, professionnels et technologique ainsi que sur les CFA lorsque les cercles en ont la possibilité nous nous donnons les moyens d’élargir la surface sociale de notre organisation (environ 80 % de chaque tranche d’âge passe au lycée contre 50 % dans l’enseignement supérieur) et nous nous donnons les moyens d’intégrer des militant-e-s qui auront le temps de s’investir durablement dans l’orga.

Comme dans l’ensemble de nos secteurs d’intervention, nous articulons notre apparition politique et un investissement dans le travail de masse. Jusque là le deuxième morceau de nos tâches était difficile à assurer (si l’on excepte les collectifs Ras l’Front). Maintenant tout va bien, un cadre à vocation de masse est né : UlyS (Union des Lycéens Solidaires).

Avant d’en venir à tout ça, faisons un petit retour en arrière sur les mobilisations.

Deux années bien agitées

Depuis le dernier congrès, la situation dans les lycées a été marquée en profondeur par deux mobilisations de masses : un mouvement national en octobre 98 qui a amené jusqu’à 500 000 lycéens dans les rues de centaines de villes et un mouvement de plus faible ampleur, culminant à 150 000 personnes avec de très forts décalages de rythmes entre les régions, cette rentrée. En dépit de profondes différences (mise en place de structures d’auto-organisation et véritables grèves en 98 que l’on a quasiment pas retrouvé cette année, cadre unitaire cette année, etc. .). Ces mouvements ont eu en commun de nombreux points : des revendications très semblables (essentiellement autour des moyens et de la démocratie), aucun n’a obtenu des avancées significatives en dépit du fait que le premier mouvement ait pu entrevoir un mini-recul du ministre et l’ait profondément mis en difficulté, de très fortes limites de l’auto-organisation qui résultent de la quasi-absence d’équipes militantes, la présence massive des filles dans l’organisation et la direction de ces luttes.

En l’absence de structures de masse, nous sommes intervenus directement dans les mobilisations par le biais de tract JCR. Si, du point de vue de la mobilisation, nous pouvons considérer que ce travail a été efficace et satisfaisant, du point de vue de l’intégration de lycéens mobilisés à des structures de luttes le bilan est nettement moins satisfaisant – à la notable exception de Rennes 98. Ce qui explique notre soutien à la création d’UlyS.

Quelle apparition politique ?

Les thèmes que nous abordons dans notre intervention sur les lycées ne se limitent pas aux questions scolaires. Nous intervenons également sur d’autres thèmes car le lycée correspond à une période essentielle où chaque jeune sort des limites de son expérience individuelle et s’ouvre sur la réalité sociale. A partir de valeurs très largement partagées (l’égalité, la solidarité, la liberté), notre message politique doit permettre aux jeunes de prendre conscience de la contradiction entre ces valeurs et la réalité sociale et de développer des axes de radicalisation : l’anti-racisme, l’anti-fascisme, le féminisme, la sexualité, les drogues, l’écologie, l’internationalisme. Enfin, nous popularisons notre identité autour de la question du changement de société.

En ce qui concerne les questions scolaires, nous articulons des argumentaires critiques contre les politiques libérales de l’éducation (contre la professionnalisation, contre les inégalités entre filières et le découpage lycées poubelles/lycées d’élite), des revendications permettant immédiatement de changer le lycée et les conditions d’études (un déblocage massif de moyens pour rénover les locaux et embaucher du personnel enseignant et non enseignant à des postes statutaires, pas plus de 25 élèves par classe, libertés publiques dans les lycées, etc..) et des réflexions sur un autre lycée (l’autogestion, le contenu et la forme des enseignements, etc..).

Notre travail politique consiste en notre apparition propre à travers des feuilles régulières (type rougeole), des tracts lors d’initiatives liées à l’actualité (type Mumia) et à notre affichage. Le matériel diffusé peut avoir le même contenu selon les types d’établissement mais peut aussi être différents pour correspondre à toutes les préoccupations. Il doit dans la mesure du possible être écrit par des militants investis sur ces différents lieux d’intervention.
Ce travail de diffusion de matériel est pourtant insuffisant car nous avons souvent des difficultés à mettre en place des cadres d’intégration des lycéens. Pour changer cela, il serait important d’utiliser d’avantage notre journal (vente systématique devant les lycées suivis régulièrement la semaine de sortie du nouveau numéro) ce qui permet de développer plus largement notre discours politique. D’autre part, il faut chercher à mettre en place des cadres publics de débat où les lycéen-ne-s peuvent venir “ discuter politique ”. Cela signifie discuter de la société telle qu’elle est : débat à partir de thème d’actualités et discussion plus générale sur la société telle qu’elle est pour développer notre analyse. Discuter de la société telle que l’on veut la changer (l’égalité, la démocratie, l’autogestion, la liberté). Discuter de l’histoire à travers les luttes, du mouvement ouvrier, de notre héritage. Pour pouvoir toucher des groupes de lycéens assez nombreux, il est nécessaire de trouver des lieux accessibles aux lycéens (espaces publics types salle de la mairie, café, etc..) et à leurs horaires (la journée) ce qui n’est pas si facile mais essentiel pour notre construction.

ULyS

Nous avions échoué l’an dernier dans notre tentative de faire naître du CIL (Collectif Inter-académique Lycéen) une nouvelle organisation lycéenne para-syndicale. Tirant ce bilan, cette année nous avons rapidement décidé de tenter de mettre en place les CAL au niveau national. Cette volonté venait d’une part de la nécessité de permettre aux nombreux-ses lycéen-ne-s qui se sont radicalisé-e-s au cours des dernières mobilisations de s’investir dans un cadre lycéen pour continuer le combat et, d’autre part, du fait que la FIDL entièrement contrôlée par la GS et largement discréditée suite à son attitude de l’an dernier ne constituait pas un cadre satisfaisant.

Après de nombreuses péripéties, UlyS est né le Dimanche 24 octobre. Constituée de lycéen-ne-s représentants des associations lycéennes locales ou des collectifs de mobilisation, UlyS est présent en région parisienne et à Clermont, Orléans, Rennes, Reims et Amiens. Nous devons contribuer au maximum au développement de cette organisation afin de préparer les luttes à venir et de faire militer le plus grand nombre possible de lycéen-ne-s.

2.7 – Ecologie

Cela fait un certain temps déjà que l’écologie fait partie de nos préoccupations et de nos réflexions. C’est une question qui est toujours présente dans le programme des camps, c’est parfois un thème de nos formations.
Mais entre ces bonnes intentions et notre pratique militante, le pas est dur à franchir. La preuve en est que c’est la première fois qu’apparaît une partie écologie dans un texte d’orientation. Et le bilan de notre intervention sur la question se limite à une (historique) campagne contre la reprise des essais nucléaires par Chirac en 1995, mais qui avait d’ailleurs une tonalité au moins autant sinon plus anti-impérialiste qu’écologiste, sans doute parce que nous nous sentions plus à l’aise sur ce terrain.

L’argument évoqué pour justifier la place totalement marginale accordée à l’écologie était que, en France, ce n’est pas une question qui mobilise massivement. Ce n’est plus les cas aujourd’hui. Des mobilisations régionales importantes ont eu lieu, notamment sur la question du nucléaire autour de la volonté de construction de la centrale du Carnet, sur le canal Rhin Rhône…etc. Plus largement, les questions écologiques font plus que jamais partie des préoccupations quotidiennes des jeunes en particulier sur la mal bouffe (vaches folles, poulet aux dioxines, maïs transgéniques, …) mais aussi sur des aspects plus généraux (destruction de l’environnement). Cela doit nous conduire à revoir la place accordée dans notre profil et dans nos apparitions à l’écologie, en prenant en compte le fait qu’il
s’agit d’un vecteur important de radicalisation chez les jeunes.

2.7.1 - L’écologie, une question sociale.

La question écologique ne peut être pensée indépendamment de la question sociale. Car ce sont ceux qui payent en priorité la facture sociale qui subissent aussi le plus cruellement la fracture écologique. Et c’est toujours aux même intérêts et aux même forces que doivent s’affronter ceux qui luttent pour l’émancipation sociale, pour la démocratie, et pour le respect des équilibres écologiques : les multinationales de l’eau qui trustent la communication, les multinationales de l’énergie qui affament les pays du sud…pollutions, catastrophes écologiques, désastre humains, déréglementations, Etat pénal, sont les différentes faces d’une même logique, celle du profit comme unique boussole.

L’écologie n’est donc pas une simple affaire sociétale, l’écologie fait partie intégrante de notre critique du système capitaliste, et il y a un enjeu à donner toute sa dimension anticapitaliste et révolutionnaire au combat écologiste contre tous ceux qui n’en font qu’un gadget, une mode, une simple affaire sociétale.

On ne peut plus laisser aux partis verts le monopole de cette question d’autant que la liste des reculs depuis qu’ils participent aux gouvernements est immense : reprise des chantiers autoroutiers, extension de l’aéroports de Roissy, autorisation du maïs transgénique, redémarrage de Phénix, enfouissement des déchets nucléaires, …etc. Alors que les résultats aux européennes montrent entre autre que c’est parce qu’ils sont les seuls à apparaître comme porteur de cette question qui explique en partie le vote des jeunes en leur faveur.

Il faut nous faire les porte-parole d’une écologie qu’on réinscrit dans une logique de classe, élément de notre alternative de société, et participer aux initiatives qui se développent sur le sujet.

2.7.2 - Eléments d’orientation.

L’écologie devient une question de plus en plus d’actualité, autour de deux axes majeurs : le nucléaire et la mal bouffe.

Ce sont ces deux axes que nous développons principalement dans nos apparitions en revendiquant :

• sortir du nucléaire, diversification des ressources énergétiques pour promouvoir des énergies propres

• reconstituer un grand service public de l’eau contre les multinationales de l’eau

• développer massivement des écotaxes pour taxer les industries polluantes

• réorganiser les transports (accroissement des transports collectifs, développement du fer-routage)

• interdiction des OGM, programme de promotion d’une agriculture non productiviste

• revitaliser les écosystèmes, protection de la biodiversité et de la biosphère et lutte drastique contre l’effet de sphère...)

Ces revendications, nous les mettons en avant dans le plan d’urgence comme élément d’une alternative à la crise.

2.7.3 - Quelle intervention ?

Compte tenu de la faiblesse des mobilisations, il semble difficile d’envisager une intervention dans une organisation de masse. Il existe par contre des collectifs unitaires dans les quels nous pourrions prendre toute notre place. Pour mettre en place un intervention et un profil écologiste de l’organisation,

  nous mettons en place une commission écologie, en lien avec la LCR, une commission écologie chargée d’élaborer collectivement des analyses écologistes qui rompent avec le social libéralisme et le capitalisme, de développer des campagnes spécifique, d’organiser des initiatives de débats…etc.

  Nous nous investissons dans le travail unitaire en particulier sur la question de l’arrêt du nucléaire, pour lequel une manifestation nationale reste envisagée.

  Nous intégrons, réellement cette question dans notre profil, notamment en lien avec l’internationalisme, dans nos apparitions générales (meeting, plan d’urgence, manifeste, matériel de présentation des JCR…etc.)

  Nous menons nos propres campagnes sur la question en mettant en place d’ici quelque mois une campagne sur la mal bouffe et la mondialisation .

2.8. Orientation Lesbigay (lesbienne, bisexuelLE et gay)

Le bilan d’activité lesbigay des JCR peut se résumer à quelques initiatives locales dynamiques, des articles dans RED, un débat en DN, et des apparitions inégales dans les Lesbian and Gay Pride.

Pourtant, les questions lesbigay ne constituent pas une simple “ question sociétale ”, car en s’attaquant objectivement à la structure idéologique qui légitime la société patriarcale et capitaliste, elles se placent pleinement sur le terrain politique.

Comme le débat sur le PACS l’a montré, la remise en cause, même minime de l’hétéro normalité provoque des levées de bouclier et des réactions homophobes à gauche comme à droite. Preuve que les question de sexualité restent un domaine éminemment subversif, et un levier essentiel de remise en cause de la famille et du système patriarcal. Un levier dont les JCR en tant qu’organisation révolutionnaire, DOIVENT se saisir, pour toucher une part plus large de la jeunesse, mais surtout parce que l’ordre (hétéro)sexuel actuel est un des piliers du capitalisme ! La lutte pour un changement de société est indissociable de la lutte contre l’homophobie et pour l’égalité des droits.
Au niveau national, il est nécessaire de sortir un matériel utilisable toute l’année sur les thèmes de l’égalité des droits, de la lutte contre l’homophobie et de la diversité des sexualités : au moins une affiche, des autocollants, un tract pour la LGP.

Nous devons veiller à intégrer les revendications spécifique lesbigay dans toutes les campagnes de l’organisation :

 sans papier-e-s : demander le droit d’asile pour les personnes discriminées en fonction de leur orientation sexuelle, faire du PACS un élément décisif dans l’obtention des papiers…

 précarité : inclure la dimension de la dépendance économique des jeunes (des jeunes lesbigay en particulier) à la famille, d’où répression sexuelle…

 antifascisme : parler des volets homophobes des programmes des FN et de la droite extrême…

 féminisme : inclure la dimension lesbienne…

De la même façon, il est important que les camarades poussent à prendre en compte les revendications lesbigay dans leurs interventions de masse. De plus, puisque des associations (Aide,…) se bougent sur la future “ loi contre l’homophobie ”, il est essentiel que les JCR se positionnent là dessus.
La LGP constitue la seule initiative de masse de visibilité des homosexuelLEs et d’expression de leurs revendications. Il est donc important (dès que c’est possible) que les cercles des JCR participent aux collectifs unitaires de préparation de la LGP et apparaissent lors de ces manifestation pour porter les mots d’ordres de notre courant : égalité des droits, lutte contre l’homophobie, questions de parentalité…

III. Campagnes centrales et apparition politique.

Pour assurer une apparition politique cohérente a notre organisation, il est nécessaire de tracer dès maintenant les grandes lignes de notre orientation de ce congrès au congrès suivant de la fin 2000.

Cinq thèmes nous paraissent importants à aborder à la sortie du congrès : AFAR, éducation, femmes, précarité, écologie. Ces cinq thèmes doivent nous permettre de développer nos propres propositions, mais aussi de dresser sans concessions le bilan négatif de la politique du gouvernement.

Ces cinq thèmes seront déclinés de deux manières : soit sous la forme de campagnes centrales à part entière (brochures, 4 pages, tracts, initiatives unitaires, intervention sur plusieurs mois, tournées de meetings, dossiers dans le journal), soit sous la forme de matériels spécifiques destinés à une utilisation plus “atemporelle” (4 pages, brochure où affiches).

Trois thèmes doivent être considérés comme des bases de campagnes centrales : la campagne femmes, la campagne précarité et la campagne écologiste.

Deux thèmes seront davantage développés comme des questions permanentes, nécessitant en premier lieu de relancer un travail d’élaboration : la question scolaire, l’antiracisme/antifascisme.

3.1 - Campagne Marche mondiale des femmes

Une campagne majeure, sur les marches mondiales des femmes, nous attend au cours de la prochaine année. Elle doit être ponctuée par différentes échéances, qui doivent en être des temps forts.
L’existence même d’un collectif unitaire large, et des différentes structures qui se mettent en place autour de cet évènement, sont toujours le résultat de l’effet " Assises, 25 novembre ", et d’une certaine remobilisation (même insuffisante à nos yeux) du mouvement des femmes.

La dynamique ou pas de cet évènement dépendra en grande partie de notre effort militant pour en faire une campagne de masse. Nous avons un rôle moteur a jouer pour qu’un " axe jeune " soit mis en avant et largement diffusé. Nous devons tenter d’impulser un pole jeune, mais aussi profiter des différentes échéances pour mettre en avant notre profil féministe (révolutionnaire et radical !!!), notre analyse et nos propositions.

La première échéance majeure des marches aura lieu le 15 janvier 2000, date anniversaire du vote de la loi Veil. L’extrême droite à prévu à cette date une forte mobilisation (manifestation), qui doit leur permettre d’imposer un rapport de force en leur faveur, notamment sur le rapport Nizan.. Cette échéance doit être majeur pour nous., si nous voulons que le rapport de force soit dans notre camps. Nous devons mener campagne sur la question du droit à l’avortement et à la contraception, en nous appuyant sur les revendications en positifs du rapport Nizan. Nous devons constituer un cadre d’action le plus large possible sur cette question en sollicitant les organisations de jeunesse de la gauche. Dans ce cadre, nous devons tenter de mettre en avant d’autres revendications que nous portons... (gratuité de toutes les pilules, des préservatifs...)

L’enjeu de cette échéance est d’autant plus important qu’il sera ou pas le levier d’une forte mobilisation pour les autre échéances des marches (8 mars, manif de la rentrée...).

L’existence des différentes plate forme, et de nombreuse revendications doit nous permettre aussi de choisir d’autres axes de campagne, pertinents et percutants dans la jeunesse. A partir de cela, la question plus générale du corps des femmes, de notre sexualité peut être déclinée dans nos apparitions propres. La question de l’image des femmes dans la société constitue en effet le vecteur de sensibilisation le plus immédiat pour les jeunes femmes : réaction à des propos sexistes, à des pub, des films qui donnent une image dégradante des femmes. A cet égard, les réactions à l’utilisation pas les galeries lafayettes de mannequins vivants dans leurs vitrines, en petite tenue et dans des “ attitudes quotidiennes ” (repassage, maquillage,…etc.) est assez éclairant, comme le succès de la campagne menée à ce sujet par l’association “ Mix-Cité ”. Il montre que nous pouvons à partir de la question de l’image des femmes, développer notre discours féministe en expliquant que l’image donnée et les propos sexistes renvoient à la réalité objective de l’oppression des femmes que nous déclinons selon plusieurs axes : droit à la libre disposition de son corps (avortement, contraception, sexualité), lutte contre la précarité dans le cadre de cette campagne, luttes contre les violences symboliques, psychologiques et physiques.

3.2 - Campagne Précarité

La mise en place d’une campagne centrale de l’organisation contre la précarité est aujourd’hui nécessaire pour plusieurs raisons. D’abord, la précarité touche aujourd’hui à des degrés différents une très large majorité des jeunes, et en particulier les jeunes femmes et les jeunes d’origine étrangères. C’est un problème transversal dont sont victimes des jeunes qu’ils soient étudiant-e-s, stagiaires, chômeurs-ses ou détenteur d’un contrat de travail atypique (interim, CDD, temps partiel imposé, etc..). Ensuite parce que c’est aujourd’hui un phénomène qui éclate la jeunesse et casse les solidarités basées sur la conscience d’une situation commune, il nous faut mettre en oeuvre une action politique et sociale qui rende possible une unification de la jeunesse sur ces questions. Enfin, il s’agit aussi d’une bataille centrale pour le futur : l’enjeu n’est rien de moins que d’éviter que la banalisation de la précarité dans la jeunesse ne se généralise à l’ensemble du monde du travail dans les années qui viennent ; d’une telle évolution découlerait non-seulement une dégradation des conditions de vie individuelles, mais aussi une dégradation générale du rapport de force entre classes du fait de la casse des cadres d’action collective.

Notre orientation contre la précarité doit articuler une apparition propre autour de mesures d’urgence anti-précarité et permettre un développement des luttes à partir de la mise en place d’un cadre de masse et d’un travail unitaire.

Défendre et faire connaître des mesures d’urgence

Nous devons défendre un certain nombre de mesures d’urgence pour les jeunes qui permettrait de renverser la vapeur par rapport à l’évolution actuelle :

  Fin de l’interdiction du RMI au moins de 25 ans puis la mise en place d’un véritable revenu minimal d’existence qui concernerait les jeunes et les étudiant-e-s au même titre que l’ensemble de la population ;
  Pas un jeune en dessous du SMIC revalorisé à 8500 F et augmentation de tous les salaires de 1500 F.
  Transformation de tous les emplois précaires en emplois stables et le remplacement de chaque départ en retraite en emploi stable par une nouvelle embauche en emploi stable ;
  Des mesures radicales contre le chômage : une loi interdisant les licenciements et un droit de véto des organisations syndicales sur les plans sociaux un plan de réquisition d’emplois dans le privé comme dans le public, à commencer par les dizaines de milliers de jeunes chômeurs de longue durée ; le retrait de la loi Aubry et une vraie loi sur les 35 heures créatrice d’emplois et sans flexibilité vers les 32 heures.
  L’adoption et la stricte exécution sous le contrôle des syndicats étudiants d’une charte unifiée des stages supprimant les stages bidons et instaurant un revenu minimum des stagiaires équivalent au SMIC.
  L’interdiction des entreprises d’interim privées qui aujourd’hui sont florissantes grâce (nouvelle forme de traite ?) aux profits qu’elles réalisent uniquement sur le trafic de main d’oeuvre.

Nous devons populariser ces revendications à travers notre matériel. Une brochure pourrait être rapidement rédigée sur ce thème. Des meetings sur le thème "de la mondialisation à la précarité, les rouages du capitalisme libéral" doivent être organisés. Enfin, des actions oranges coordonnées au niveau national doivent être mises en oeuvre contre des symboles de la précarité.

Développer les luttes
D’autre part, il nous faut contribuer au développement des luttes contre la précarité, en particulier en mettant en avant la nécessité de la prise en compte de leur caractère transversal aux différentes situations sociales de la jeunesse (étudiant-e-s, précaires, chômeurs-ses, etc..). Cela signifie développer cette question dans les syndicats étudiants, dans le mouvement des chômeurs-ses et également dans les syndicats du monde du travail.

L’intégration au mouvement des chômeurs-ses n’est pas forcément facile pour les jeunes qui de façon générale y sont largement absent. L’idéal serait de suivre régulièrement les réunions d’une association de chômeurs et de participer alors de façon très naturelle aux collectifs au moment des mouvements ; il faut cependant être réalistes et avoir conscience de la limite de nos forces militantes : l’essentiel est de participer à la structuration des mouvements c’est-à-dire d’apporter notre aide au moment où les chômeurs décident d’actions précises (manifestation, occupation d’ANPE,…).

Mais si l’on veut véritablement réussir à impliquer massivement les jeunes dans la lutte contre la précarité, il nous faut réfléchir à la possibilité de faire perdurer les réseaux militants constitués dans le monde étudiant pour les reconstituer dans les luttes de chômeurs-ses et des travailleurs-ses précaires.
A ce titre, les militant-e-s marocain-e-s ont réussi-e-s une expérience exemplaire : des militant-e-s de l’UNEM (Union National des Etudiants Marocains) ont constitué-e une association de chômeurs-ses diplômé-e-s qui organise aujourd’hui des dizaines de milliers de jeunes. C’est certainement une des possibilités qu’il faudrait avancer dans les syndicats étudiants. La mise en place d’une structure de masse organisant des jeunes dans la lutte contre la précarité est l’autre possibilité à étudier.

Il serait également possible de lancer sur certains des axes revendicatifs proposés plus haut une campagne unitaire. L’investissement de la JC, de Chiche, de l’UNEF lors de la mise en place du collectif jeune pour Cologne comme l’existence momentanée d’un collectif sur la question du Revenu à l’initiative de Chiche témoigne de l’existence d’une telle possibilité. En ce qui concerne les échéances, le prochain rendez-vous des marches européennes, en France à l’automne 2000 est incontournable car c’est le seul cadre de mobilisation mêlant mouvement social et organisation politique qui existe sur ces questions. D’ici là, la préparation de cortèges jeunes pour le premier mai peut être un premier objectif de mobilisation.

3.3 - Une campagne écologiste et internationaliste sur la mondialisation

Une campagne écologiste et internationaliste sur la mondialisation et les problèmes d’alimentation et d’agro-industrie sera menée dans le cadre de la préparation du camp. Elle sera préparée et élaborée par la DN d’ici là à partir des axes suivant :
 les conséquences meurtrières de la priorité au profit en matière d’alimentation.
 l’idée d’un développement durable respectueux de l’environnement
 les rapports Nord-Sud, qui conduisent à surexploitation au Sud pour l’exportation et insuffisance alimentaire, surproduction au Nord et liquidation des paysans
 le lien entre ces constats et une remise en cause du système de production capitaliste qui mène la planète à sa perte.
Pour mener cette campagne, nous pourrons notamment utiliser les relais de masse mis en place au cours de la campagne contre la mondialisation libérale et l’OMC ainsi que le cadre très dynamique d’ATTAC.

3.4 - La question scolaire.

Notre apparition sur la question de l’école est justifiée pour plusieurs raisons :
l’absence d’un matériel de propagande sur la question scolaire, alors que nous analysons l’école comme un des vecteurs essentiels de politisation de la jeunesse, ne serait-ce parce que c’est principalement dans le cadre scolaire que la jeunesse existe comme groupe social conflictuel ;
l’existence de mobilisations lycéennes de masse sur deux années de suite, posant la question des moyens, des conditions d’études et de l’avenir du service public ;
Le contexte de l’unification syndicale, qui risque de reconfigurer profondément le mouvement étudiant et implique pour notre courant une apparition politique forte ;
l’actualité des réformes universitaires mises en oeuvre par Allègre (plan U3M, harmonisation européenne,) dans un contexte relativement atone, qui poursuivent pourtant le mouvement de libéralisation, de professionnalisation, de marchandisation et de précarisation des études ;
la nécessité de structurer politiquement notre intervention syndicale, tant dans le milieu lycéen que dans le milieu étudiant.

C’est pour toutes ces raisons que nous rédigeons une brochure qui sera disponible début 2000. Cette brochure prendra en compte l’intégralité du processus de formation, y compris la formation professionnelle qui ne se situa pas forcément dans le cadre du service public. Elle nous permettra de résumer notre interprétation des politiques éducatives en cours et des mobilisations de la jeunesse scolarisée, d’avancer nos propositions politiques pour permettre une réelle démocratisation de l’éducation, de montrer le lien indissociable entre une école égalitaire et une société débarrassée de la logique du profit. Elle mettra également en avant nos critiques et nos propositions contre “ l’école républicaine ” : embrigadement idéologique (contenu des cours, éducation civique...), discipline, autorité et hiérarchie. Cette brochure, en fournissant un socle théorique minimal, nous permettra de disposer d’un matériel de formation basique et d’un corpus de références communes notamment pour donner une cohérence notre intervention syndicale.

3.5 - L’antiracisme et l’antifascisme.

Depuis quelques années, l’intervention antiraciste des JCR-RED a connu un recul considérable : retrait des organisations de masse antiracistes, gestion purement locale de la question, faible présence dans les collectifs de sans-papiers. Pourtant, la politique du gouvernement en matière d’immigration, loin d’avoir rompu avec celle de la droite, se durcit encore davantage. Le gouvernement continue comme ces prédécesseurs à pratiquer un racisme d’Etat. En même temps, les crises conjuguées du FN et de la droite impliquent de reconsidérer le type d’intervention antifasciste, qui ne peut plus pour le moment se résumer une propagande anti-FN (comme l’illustrent les difficultés que connaît actuellement Ras l’Front). Or, nous sommes restés relativement en panne sur la question depuis la scission du FN.

Il s’agit donc de réfléchir à l’élaboration d’un matériel AFAR, qui pourrait notamment passer par un quatre pages. L’élaboration d’un tel matériel doit être comprise dans l’optique plus large d’une véritable relance de notre réflexion sur les questions AFAR. Pour cela, nous devons prendre en compte les différents éléments qui touchent la question AFAR : durcissement de Chevènement ; confidentialisation de la lutte des sans-papiers ; disparition du moins jusqu’aux municipales de la vision d’une extrême droite comme danger immédiat ; recomposition à droite qui passe notamment par la multiplication des passerelles entre la droite et l’extrême droite ; écho que rencontre la campagne de SOS-racisme contre les discriminations, en particulier dans la jeunesse des banlieues ; revirement de certains politiques de droite sur la question de l’immigration (cf. propos de Pasqua après la coupe du monde, ou de Juppé plus récemment). Nous devons réfléchir également à la façon de mettre en avant la question de l’ouverture des frontières (liberté de circulation et d’installation).

A partir de ces points, il peut être possible d’élaborer un 4 pages AFAR autour du thème de l’égalité des droits, qui permette, en montrant la racine économique du racisme et son utilisation politique (en nous appuyant sur les revirements droite et le refus de la gauche de rompre avec une politique raciste), de faire le lien entre le problème des inégalités politico-juridiques (droit de vote et d’éligibilité, en nous appuyant sur l’existence d’une citoyenneté plusieurs vitesses dans le cadre de l’union européenne) et la réalité, plus concrète pour les jeunes, des discriminations : discriminations à l’embauche et dans la formation, contrôle au faciès. Dans la perspective des municipales, il serait également utile de réfléchir un tract autour du thème des recompositions au sein de la droite.

3.6 - Planification de notre apparition politique.

La campagne femmes débute au mois de janvier, avec l’anniversaire de la loi Veil et se poursuit jusqu’au mois de juin (marche mondiale). La campagne précarité débute au sortir du congrès, dès le mois de janvier, pour s’achever aux alentours du mois de mars (ce qui permettrait notamment de faire écho d’éventuelles initiatives des mouvements de chômeurs pendant l’hiver). La campagne écologiste internationaliste suivra la campagne précarité, d’avril à juin, ce qui nous permettra d’y intégrer la mobilisation pour le camp international. Le 4 pages AFAR sortira au début de l’année 2000, de même pour la brochure sur qui pourrait servir ensuite de support à une apparition de rentrée en septembre-octobre.

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