Accueil > RED > 2006 > RED 74 - novembre 2006 > Dossier : banlieues > Un an après...

Un an après...

vendredi 22 décembre 2006, par JCR-RED

Le 27 octobre 2005, Zyad et Bouna sont morts, électrocutés dans un transformateur EDF, poursuivis par la police. Cet évènement a déclenché un mouvement de révolte sans précédent dans les quartiers populaires. Les « émeutes » suivant des crimes policiers, les voitures et bâtiments brûlés... Cela n’avait rien de nouveau. Ce qui l’était il y a un an, c’est l’ampleur  : 270 villes touchées, le pouvoir ébranlé, incapable de « rétablir l’ordre » comme Sarkozy l’avait promis.

Contre-offensive du gouvernement

Qu’est-ce qui a changé depuis  ? Ni le taux de chômage, ni la précarité, ni le racisme, ni les violences policières... Ou plutôt, la situation s’est empirée. Car en un an, le gouvernement n’a pas chômé, lui. Ses lois amplifient les inégalités, notamment avec la « Loi sur l’égalité des chances », au nom bien cynique. Elles aggravent aussi les brutalités et l’impunité policière, et des projets sont en cours, qui au pire, achèveront de rendre la police toute puissante, au mieux, officialiseront des pratiques illégales mais déjà bien en place.

Ces mesures liberticides sont facilitées par une offensive idéologique contre la jeunesse des quartiers populaires. De « sauvageons » ils sont passés à « racaille. » La révolte est toujours qualifiée d’émeute, de chaos, d’une horde de sauvages déferlant sans vraie raison. Et partout, des « spécialistes » autoproclamés nous expliquent que la répression, la « restauration de l’autorité » sont nécessaires. Le seul débat est pour savoir s’il faut une police spéciale ou « de proximité », des centres fermés surveillés par la police ou par l’armée... La gauche va dans la surenchère sécuritaire et n’envisage absolument pas de revenir sur les lois de la droite, ni concernant la justice, ni concernant l’éducation et le droit du travail.

La gauche et la droite unanimes

Si les hommes politiques admettent du bout des lèvres qu’il y a peut-être des problèmes sociaux dans les quartiers populaires, il n’en reste pas moins que rien n’est proposé. Qui osera dire que ce n’est pas la délinquance qui a fait partir les services publics des cités, mais le contraire  : c’est la dégradation du cadre de vie qui pousse à la débrouille, voire aux comportements individualistes. Qui osera dire que la vraie violence, c’est celle de l’État, du patronat, des gouvernements qui le servent  ? Qui osera dire que la révolte est légitime, quelles que soient ses formes, et que la police doit cesser de gérer les quartiers comme l’armée gérait naguère les colonies françaises  ?

La gauche explique que les habitants des quartiers populaires sont victimes des révoltes. Elle explique aussi que cela fait monter Le Pen et la xénophobie. Mais qui divise  ? Qui fait monter Le Pen  ? Ce sont les mêmes que ceux qui poussent la jeunesse à brûler des voitures et des bus  : ceux qui ont ôté tout espoir d’un changement de société. C’est cette gauche qui s’est convertie au libéralisme il y a vingt ans et a donné du crédit au discours de Le Pen et à sa rhétorique du « tous pourris  ! »

La révolte est nécessaire  !

Pour nous, ce n’est pas une question de « pourris » mais de capacité à s’organiser nous-mêmes, à compter sur nos propres forces. Et en cela, les révoltes de l’an dernier, des cités au CPE sont exemplaires  !

JB, [Nanterre]

Messages

Un message, un commentaire ?

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.