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Comment vaincre le fascisme ?
vendredi 29 juin 2007, par
A propos du nazisme, deux idées reçues : arrivée au pouvoir d’Hitler serait inexplicable ainsi que la shoah…, Hitler aurait été élu pour arriver au pouvoir.
En vérité, Hitler est arrivé au pouvoir après une guerre civile terriblement féroce. Escamoter les responsabilités ne permet pas de comprendre.
Termes fascisme et nazi sont utilisés à toutes les sauces aujourd’hui. Qu’Est-ce que le fascisme réellement
3 parties :
– Pourquoi la montée du nazisme ?
– Caractère central du front unique ouvrier dans la lutte contre le fascisme et dans toute stratégie révolutionnaire.
– Existe-t-il un danger fasciste aujourd’hui ?
I) Pourquoi la montée du nazisme ?
Retard du capitalisme allemand sur les autres puissances occidentales en particulier au plan colonial. Décalage entre essor du capitalisme allemand au regard de la place qui lui est accordée dans le partage du monde. Développement des volontés expansionnistes du fait de ce décalage.
Forte tradition conservatrice militariste en Allemagne. Échec de la révolution allemande. Suite à la révolution russe, 1918-1919, développement d’un mouvement révolutionnaire très puissant en Allemagne, république soviétique de Bavière.
Parti communistes européens soutiennent la répression des mouvements révolutionnaires et l’organisent même en Allemagne. Gouvernement social démocrate de l’époque prend appui sur les restes de l’armée pour écraser le soulèvement. PC allemand a hésité et n’a pas lancé l’insurrection (1923). Espoirs déçus. Au cours de cette révolution, le camp de l’extrême droite et de la réaction se renforcent et commencent à s’organiser.
Crise de 1929. 2 millions de chômeurs, aucun jeune ne trouve du travail. Sur 100 travailleurs, 40 sont au chômage complet et 22 ne travaillent qu’à temps partiel. Situation explosive. Allemagne subit les conditions assez humiliantes de la défaite de 1918 et permet le développement du nationalisme le plus réactionnaire.
Montée foudroyante du NSDAP. En 1923, fait figure d’épouvantail face à la crise révolutionnaire. Après la défaite de l’insurrection la classe dirigeante abandonne son soutien au NSDAP. Tentative de putsch. Échec. Hitler en prison, écriture de Mein Kampf. Montée électorale des années 1930. De 1930 à 1932, le NSDAP passe de 6 millions de voix à près de 12 millions. 2000 meetings par jour en 1932. Troupes de chocs, transports aériens. Tout cela n’aurai pas pu avoir lieu sans le soutien de grands industriels allemands dès le début des années 1930 : Ford…
Indulgence des juges, de la police, appui d’une partie de l’armée. Nombreux affrontements de rue entre communistes et nazis avec des morts.
Démagogie anticapitaliste du NSDAP. Dénonce les sociaux démocrates comme des valets de l’impérialisme occidental. Une grande partie des travailleurs va se faire avoir par cette ruse.
Artisans, commerçants, anciens officiers, avocats ruinés par la crise. Toute cette poussière humaine, le NSDAP réussit à en faire un bélier contre le mouvement ouvrier. Font la chasse à l’ensemble des activités du mouvement ouvrier : dispersion de meetings, de distributions de tracts…
Hésitations de la classe dirigeante. Ne soutient pas Hitler dès le départ.
Qu’ont fait les grands courants du mouvement ouvrier ?
– Social démocratie organisait la majeur partie des travailleurs de l’industrie et des travailleurs qui ont un emploi. Est à la tête de la Prusse (2/3 de la population allemande) et d’une force armée considérable (30000 soldats), contrôle le mouvement syndical. Refuse de lancer cet arsenal contre la montée du nazisme. En mai 1931, la police social démocrate met hors la loi les chemises brunes qui décident alors simplement de… changer de chemises. Refus de lancer l’affrontement de peur de le perdre. Organise parfois la protection de défilés nazis et empêche les contre rassemblements du mouvement communiste. (Lecture d’un extrait de « Sans patrie ni frontière »). Se font chasser du pouvoir et décident d’organiser le front de fer, coalition de tous les sociaux démocrates contre le fascisme. La droite allemande plus les sociaux démocrates constituaient une force plus puissante que le nazisme. Hindenburg va accéder au pouvoir.
– Parti communiste allemand : la social démocratie est l’aile gauche du fascisme. De cette considération découle le fait que le PC allemand choisit de porter ses coups en priorité contre la social démocratie. Appelle parfois même à l’agression des sociaux démocrates. Cette politique n’est en fait rien d’autre qu’une attitude de passivité à l’égard du développement du nazisme. Volonté de conserver un état de choses dans lequel les communistes comme les sociaux démocrates ont leur cercle d’alliance. Refus de l’unité d’action avec les sociaux démocrates conduit le PC allemand à ne rien faire et à se résigner à l’arrivée du nazisme au pouvoir. Staline ne veut pas de révolution en Allemagne et cet élément guide en grande partie la politique du PC allemand. Nazis et communistes ensemble ont dispersé des meetings sociaux démocrates et républicains. Front unique pratique entre communistes et nazis contre les sociaux démocrates. (Lecture d’un extrait de « Sans patrie ni frontière »). Nationalistes allemands demandent un référendum révocatoire du gouverneur social démocrate de Prusse. Dans cette entreprise, ils vont trouver le soutien du Parti communiste. Pourtant, réelle aspiration des travailleurs à la constitution d’un front unique contre le fascisme. Janvier 1933, Hindenburg, chancelier de l’époque, appelle Hitler au pouvoir. 22 janvier 1933, manif nazie devant le local national du PC et dans les quartiers ouvriers. 30 janvier 1933, arrivée au pouvoir d’Hitler. Première question à laquelle il est confronté est d’empêcher la grève générale. 27 février : incendie du reichstag suivi d’une vaste offensive contre les communistes. Des milliers sont emprisonnés et beaucoup sont assassinés. Dans certaines villes, il y a eu des réactions et même les plus fortes mobilisations ouvrières de l’histoire de l’Allemagne. Jusqu’au bout, communistes et sociaux démocrates ont rejeté la grève générale. Le NSDAP va détruire les uns après les autres l‘ensemble des courants du mouvement ouvrier.
Montée du fascisme est l’expression d’une grave crise sociale du capitalisme. Modification par la force et la violence des rapports de force en faveur de la bourgeoisie.
Parlementarisme bourgeois ne permettait plus de désamorcer les crises. Bourgeoisie renonce à l’exercice direct du pouvoir au profit d’une clique qui concentre l’ensemble du pouvoir en un nombre de mains très restreint. Expropriation politique de la bourgeoisie qui conserve évidemment son pouvoir économique.
Volonté du fascisme de détruire l’ensemble du mouvement ouvrier organisé. Pour arriver à cet objectif, une dictature militaire classique ne suffit pas. Le mouvement ouvrier allemand était le mouvement ouvrier le plus puissant du monde. Le fascisme va parvenir à développer un mouvement de masse encore plus important. Un tel mouvement de masse ne peut surgir que dans la petite bourgeoisie qui constitue un quart voire un tiers de la population allemande. La profondeur de la crise économique et sociale va conduire la petite bourgeoisie à un désespoir qui la fait se tourner vers le fascisme.
L’écrasement du mouvement ouvrier n’est possible que si avant la prise du pouvoir il y a un rapport de forces défavorable aux travailleurs et favorable aux fascistes. Exemple de l’État espagnol et de la défaite du coup d’état militaire fasciste entrepris par Franco et qui débouche ensuite sur la guerre civile qui se conclura malgré tout par la défaite de la révolution espagnole.
Bureaucratisation. Nature de classe du nazisme : être au service de la bourgeoisie.
II) Caractère central du front unique ouvrier dans la lutte contre le fascisme et dans toute stratégie révolutionnaire.
Unité dans la lutte est quelque chose de central dans la lutte contre le fascisme. Sociaux démocrates et communistes se sont fait détruire séparément. Dès septembre 1930, Trotski prédit le caractère vital de la bataille pour l’unité de l’ensemble de la classe ouvrière face au fascisme. Permet non seulement de repousser une attaque mais aussi de lancer une dynamique révolutionnaire. Là encore cf exemple de la révolution espagnole. Dynamique de luttes permettant de faire évoluer les masses vers la gauche. On passe d’une dynamique défensive à une dynamique offensive. La question de l’unité permet non seulement d’abattre la classe dirigeante mais aussi ensuite de régler nos comptes avec l’ensemble des contre révolutionnaires.
III) Existe-t-il un danger fasciste aujourd’hui ?
Aujourd’hui, la crise économique et sociale n’a rien à voir avec celle que traversait l’Allemagne dans les années 1930. Plus simple de s’adresser à un salarié au chômage
Amortisseurs sociaux qui n’existaient pas à l’époque.
Le mouvement ouvrier aujourd’hui ne représente pas une menace majeure pour la bourgeoisie. Pour autant, le chômage et la misère sont importants en particulier chez les jeunes. Concurrence accrue entre les travailleurs notamment entre français et étrangers.
Rester vigilants : pas des forces strictement fascistes mai certaines forces d’extrême droite associées au pouvoir (exemples : Italie, Nice…). Quelque chose de plus complexe mais d’extrêmement dangereux auquel nous sommes confrontés. Il y a une actualité de la question de la lutte contre le fascisme. Lutte contre le fascisme doit combiner lutte de masse, lutte physique et lutte idéologique. Se préparer à la bataille physique (exemples du CPE et de Nice…).
Sarkozy = fasciste était scandé par ceux qui ont ensuite été les premiers à aller à la table des négociations avec lui. Attention aux caractérisations hâtives. Il faut détruire l’UMP et Sarkozy mais la lutte contre le fascisme et la droite traditionnelle même très décomplexée ne se mène pas de la même manière. Il s’agit d’ennemis différents.
Nazisme et fascisme étaient ils irrationnels. Dire cela, c’est profondément réactionnaire, cela revient à dire que personne ne serait responsable et permet d’escamoter les responsabilités des uns et des autres.
Mission historiquement progressiste du mouvement ouvrier.