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La Rougeole n°16 - Novembre 1999
lundi 2 juillet 2007, par
et un et deux et plus d’mouvement et un et deux et toujours rien !
Le 19 octobre a été la date test du mouvement, après le succès du jeudi précédent : le mouvement allait-il continuer ? Malheureusement le test a été négatif : l’échec de la manifestation a marqué la fin du mouvement.
Nous demandions la même chose que l’an dernier car Allègre ne nous avait pas écoutés en 1998, en nous méprisant et en nous balançant une réforme non seulement bidon mais contraire aux valeurs d’égalité et de démocratie. En 1999, il a encore fait la sourde oreille à nos revendications issue d’une rencontre nationale de lycéens : moins de 25 élèves par classe ; des profs titulaires en nombre suffisant ; du personnel ATOS, des infirmières et des assistantes sociales ; réaménagement du temps scolaire ; une vraie démocratie lycéenne respectée ; des foyers lycéens autogérés ; égalité des chances des filières générales, techniques et professionnelles. Confrontés à cette réforme d’Allègre lors de la rentrée scolaire, on a protesté et on a montré que nous avions des revendications claires, qui n’étaient pas résolus par cette nouvelle réforme. Mais pourquoi avons-nous échoué alors qu’on avait toutes les raisons d’être dans la rue ?
Les premiers acteurs de cet échec sont le gouvernement et la presse, qui ont exercé des pressions scandaleuse sur les lycéens. Le gouvernement en écrivant des lettres aux rectorats, puis le rectorat aux proviseurs et pour finir les proviseurs écrivirent aux parents. Certains proviseurs ont été jusqu’à interdire aux lycéens de sortir pour aller en manif.
La presse, elle, a dénigré le mouvement dès le début, alors que les sondages ont montré que l’opinion publique était cette année encore majoritairement favorable au mouvement. Ces pression sont directement contraire à la démocratie que nous réclamons. En même temps Allègre crie partout qu’il veut favoriser la démocratie dans les lycées et faire de l’école un lieu d’apprentissage de la citoyenneté. Il ne s’agit bien sûr que de phrases en l’air et de démagogie. Un facteur de cet échec est aussi le fait de la lassitude et de la fatigue pour certains lycéens qui ont fais les deux mouvements et qui en ressentent un sentiment d’impuissance face aux problèmes des lycées.
De plus on peut constaté un problème récurrent d’organisation. L’an dernier il y a eu une concurrence entre deux coordinations qui n’avaient ni l’une ni l’autre une totale légitimité. Cette année les lycéens ont décidé de s’unir malgré quelques divergences, car à la base tous le monde voulait la même chose. Les choix et le fonctionnement de cette unification n’ont peut-être pas été les meilleurs, en sachant que la FIDL a encore une fois tout fait pour que le mouvement se casse la gueule, un appel à manifester une semaine et demi après la précédente manif sans rien faire d’autre entre temps démontre cette volonté. Mais ce qu’il faut en garder en tête c’est le besoin d’un travail unitaire et le manque d’organisation des lycéens, faute de structures. C’est pourquoi il faut s’unir pour pallier à ce manque, cette faiblesse des mouvements lycéens en ayant comme perspective l’auto-organisation des lycéens.
Il faut de plus une organisation qui dure en dehors des mouvements mais qui porte les revendications de ceux-ci, tel que ULYS (Union des LYcéens Solidaires) qui est une fédération créée après le mouvement par des associations lycéennes déjà existantes.
Les JCR ont poussé dans la mesure de leurs force à l’unité du mouvement et à l’autogestion des lycéens pour que les revendication contre Allègre aboutissent. Dans beaucoup d’endroits ils ont mis leurs expérience des luttes au service des lycéens et leurs ont permis de bien s’organiser et d’être efficaces pendant le mouvement. Ce n’était qu’un début. Bientôt, nous continuerons le combat !
Marche mondiale des femmes :
2000 bonnes raisons de marcher
L’année prochaine auront lieu les Marches Mondiales des femmes, pour montrer que la lutte des femmes est encore nécessaire et encore bien réelle.
Elle est nécessaire car, malgré les victoires obtenues grâce aux luttes des femmes (droit de vote, avortement et contraception autorisés dans certains pays, droits politiques et sociaux égaux en théorie...), l’égalité entre les hommes et les femmes est loin d’être gagnée :
Les salaires des femmes sont de 30% plus faibles en moyenne que ceux des hommes à qualification égale. Est-ce parce qu’une femme serait moins capable qu’un homme ? De plus, elles sont souvent reléguées à des métiers traditionnellement attribués aux femmes et souvent moins bien payés et aux services des autres, des hommes en général : secrétaires, infirmières, femmes de ménage, etc...
Ces métiers sont plus souvent " choisis " par les femmes que par les hommes, non pas parce que les femmes seraient plus douces ou pour satisfaire leurs instincts maternels mais parce que en général depuis toutes petites, on apprend aux filles à jouer à la dînette et aux poupées pendant que les garçons jouent aux Legos ou à la console, qu’on les habille en rose et les garçons en bleu, qu’elles aident leur mère alors que le frère ne fait rien. Cela les enferme dans des activités qui sont par la suite assurées par les femmes, comme faire le ménage, la bouffe, s’occuper des enfants, rôles qui sont très peu assumés par les hommes. Les filles sont orientées lors de leur scolarité vers les filières dites plus " féminines " comme les lettres, les filières secrétariat, BTS sanitaire et sociales, etc, tandis que les mecs sont dirigées vers les filières plus prestigieuses (sciences, maths...) ou techniques (mécanique, électrotech...).
De plus, elles sont les premières victimes des licenciements. On leur attribue un salaire parental, pour qu’elles soient chez elles et s’occupent du ménage alors que les hommes sont mieux payés et qu’il vaut mieux pour un couple que ce soit l’homme plutôt que la femme qui travaille. De ce fait, le chômage touche environ 13% des femmes et 10% des hommes, les femmes représentent 80% des salariéEs à temp partiel. Les femmes sont une véritable réserve de main d’oeuvre pour les patrons et leur permettent de réguler les salaires, au même titre que les immigrés : quand le patron en a besoin, il vient les chercher pour les exploiter, quand il n’en a plus besoin, il les vire et leur fait fermer leur gueule.
Cette situation amène souvent les femmes à être dépendantes de leurs maris. Elles ne peuvent pas choisir de se séparer de leur mari si elles le souhaitent, puisqu’elles ne peuvent élever les enfants et vivre sans salaire.
Les femmes vivent aussi une oppression permanente dans leurs rapports aux hommes : pourquoi une nana ne peut elle pas sortir seule le soir sans se faire emmerder, sans se faire interpeller ou tripoter par des mecs ? Pourquoi y a-t-il 7000 viols déclarés par an avec seulement 1/4 de femmes violées faisant une déclaration ? A la maison, on estime qu’il y a au minimum 2 millions de femmes victimes de violences. De plus, les femmes sont souvent aux ordres des hommes pour les décisions prises dans le ménage. Au travail, on sait qu’environ 20% des femmes sont en situation de harcèlement sexuel. Les femmes sont aussi victimes d’une image que l’on essaie de leur imposer : les pubs, la télé, les magazines véhiculent des images de top-models retouchées au scalpel auxquelles elles seraient sensées essayer de ressembler.
Les femmes sont aussi exclues de la vie politique, des lieux de décisions : en France, il y a seulement 6% de femmes au parlement. D’autre part, si l’avortement a été légalisé en 1975, il est toujours interdit au mineures de moins de 16 ans en France, et est sans cesse remis en cause par les commandos anti-IVG, pleins de cathos et de faschos, et par les politiques gouvernementales en matière de santé. Il est aussi encore interdit dans de nombreux pays (USA, Portugal, etc...).
Pour prendre conscience de leurs situation et pour agir ensemble, les femmes doivent s’organiser. Pour obtenir des victoires, elles doivent lutter : des marches mondiales des femmes ont été lancées pour l’an 2000 à l’initiative d’organisations canadiennes. Elles donneront lieu à des manifestations dans le monde entier. Les marches veulent être un point d’appui pour un renouveau de la lutte des femmes, pour promouvoir l’égalité entre les femmes et les hommes, pour mettre en avant des revendications autour du thème de la pauvreté et de la violence faites aux femmes dans le monde. Tout ce que nous avons gagné c’est par la lutte que nous l’avons obtenu. Alors pour l’égalité ils faut tous et toutes se mobiliser.
Les rendez-vous de la marche :
* 8 mars 2000 : semaine de manifestations régionales
* septembre 2000 : manifestation nationale
* le 14 octobre 2000 : manifestation européenne à Bruxuelles
* le 17 octobre 2000 : rassemblement mondial devant le siège de l’ONU à New York.
Liberté pour Mumia Abu-Jamal !
Depuis 17 ans, Mumia Abu-Jamal, journaliste noir-américain, est dans le couloir de la mort d’une prison de Pennsylvanie. Depuis 17 ans, il clame son innocence et demande la révision de son procès de manière équitable.
Ancien militant des Black Panthers, Mumia était surnommé « la voix des sans-voix » aux États-Unis car il donnait la parole aux exclus. En 1981, suite à une mise en scène policière, il est accusé du meurtre d’un policier. Il a été condamné à mort suite à un procès truqué : jury trié sur le volet, pressions sur les témoins, incohérances. Le juge, Albert Sabot, recordman des condamnations à mort (surtout pour les noirs) appartient à l’Ordre Fraternel de la Police, syndicat d’extrême droite auquel appartenait le policier que Mumia est supposé avoir assassiné.
Tous les recours légaux pour sauver Mumia ont été repoussés par la cours de Pennsylvanie. Seule la mobilisation populaire aux Etats-Unis et dans le monde a permis jusqu’à présent de repousser la date de son exécution, véritable assassinat légal.
Mobilisons-nous :
* pour la remise en liberté de Mumia Abu Jamal
* pour la révision de son procès
* contre la peine de mort Malgré le recul temporaire de l’exécution de Mumia, des manifestations ont lieu tous les mercredis de 18 h à 20 h devant l’ambassade des États-Unis place de la Concorde.
Deux livres de Mumia sont disponibles en français : En direct du couloir de la mort, éditions Découverte, 56 F, et La mort en fleurs, éditions Le temps des cerises, 85 F.