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Rapport Vinci, Rapport Hetzel...
Sélection, piège à cons  !
vendredi 22 décembre 2006, par
La question du malaise de l’université fait en ce moment l’actualité. Le Ministre délégué à l’Enseignement supérieur et à la Recherche François Goulard a annoncé que les futurs bacheliers devront désormais s’inscrire dès le mois de février.
Pré-inscription
Les universités pourront convoquer le lycéen à un entretien si elles jugent que ses chances de réussites sont faibles. On tentera alors de le dissuader et de le réorienter. S’il refuse l’entretien, l’université pourra refuser l’inscription. Officiellement, ce projet est une réponse aux « échecs d’orientation. » Mais depuis 2002, le gouvernement a diminué de 75 % le nombre de postes au concours de Conseillers d’Orientation, on peut donc douter de ses bonnes intentions, et voir dans ce projet un premier pas vers une idée qui fait rêver la droite (et pas seulement...) depuis 20 ans : la sélection à l’université.
Devaquet de retour
En 1986, le « projet Devaquet » prévoyait déjà d’instaurer la sélection à l’université, mais avait provoqué un soulèvement massif des étudiants et lycéens. Le gouvernement avait été contraint à reculer. Mais l’idée de supprimer la liberté de choisir sa filière et son université n’a pas été enterrée pour autant. Sarkozy a d’ailleurs annoncé que s’il gagnait en 2007, il y mettrait fin. Le PS n’est pas en manque d’imagination non plus, DSK déclare qu’il souhaite l’autonomie des facs, et la fin du diplôme unique. On peut donc craindre que cette procédure de pré-inscription serve en réalité à voir comment réagissent les étudiants, les lycéens, les syndicats à l’idée de « sélection », et faire un premier pas en direction de celle-ci. Il sera ensuite facile de rendre l’avis décisif et non plus consultatif afin d’y aller « en douceur ». Jusqu’à présent, c’est essentiellement la crainte d’un mouvement d’opposition qui a permis de maintenir la liberté d’inscription à la fac, bien que le coût des études constitue déjà une barrière.
Mise en concurrence des facs
La sélection à l’entrée mettrait clairement en concurrence les universités, provoquant ainsi des facs « d’élites » et surtout des facs « poubelles », un délaissement de toutes les filières moins rentables comme les sciences humaines, littéraires, artistiques... Mais pour réussir dans sa tâche, l’université a besoin de moyens. La France consacre nettement moins d’argent à la recherche et à l’éducation supérieure que tous les autres pays de l’OCDE. Tout le monde, sauf le ministre, s’accorde à dire que le budget 2 007 est très loin des besoins. Le principal problème de l’université se situe bien ici... Nous devons mettre un coup d’arrêt aux mesures de démantèlement de l’enseignement supérieur, car c’est pour une université démocratique, publique et ouverte à tous que nous luttons !
Julien [Metz]