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Ken Loach était à Paris pour Agir Contre la Guerre !
vendredi 6 juillet 2007, par
Le 21 mai dernier, Agir Contre la Guerre (ACG) faisait venir Ken Loach à Paris pour une projection/débat
autour de son dernier film, Le vent se lève. Réalisateur à l’oeuvre engagée, figure emblématique du mouvement
anti-guerre en Grande-Bretagne, Ken Loach a déjà réalisé plusieurs films traitant de la guerre
(Espagne, Irlande), en plus de ses films sur la classe ouvrière.
Le pari fut réussi, entre 800 et 1000 personnes ont assisté au débat et une centaine nous ont laissé leur
contact pour construire le mouvement anti-guerre. Le débat a tourné autour des questions anti-guerre
mais aussi anti-Sarko. Ainsi, cet événement nous prouve qu’il est aujourd’hui possible et nécessaire de
remettre la question anti-guerre sur le devant de la scène.
Suite à ce débat, de nombreuses initiatives sont en chantier : l’idée d’un festival anti-guerre à l’automne
prochain à émergée. Pour cela, nous avons besoin d’être plus nombreux. Du matériel ACG est à la disposition
de tous (T-shirt, badges, tracts…). Si vous êtes intéressé pour nous rejoindre, contactez nous : acg.jussieu@yahoo.fr
Voici un extraits de l’intervention de Ken
Loach à Jussieu. Les intertirtres sont de la
rédaction.
« Je parle de l’Irak sans connaissances
particulières mais en tant que militant
de base du mouvement anti-guerre en
Grande-Bretagne. Ce qui est en train de s’y
passer est assez grave : nous savons que
le nombre de morts depuis le début de
la guerre s’élève à 650 000. Nous sommes
tous familiers avec les images quotidiennes
des tueries.
Mais il y a une bonne nouvelle. Le prince
Harry n’y va pas. (Rires) Je pense que c’est
dommage. (Rires) Et je pense que ce serait
encore mieux si Tony Blair y allait avec lui.
(Rires) Parce que je pense que s’il devait
participer à la guerre, nous n’en aurions
pas !
Pourquoi une guerre en Irak ?
Mais, pourquoi cette guerre a eu lieu ?
L’allégation de l’existence d’armes de
destruction massive est un mensonge.
L’excuse de défendre les droits de l’homme
est un mensonge parce que les États-Unis
et l’Occident ont soutenu Saddam quand il
réprimait son peuple. Et, l’excuse d’y être
pour établir la démocratie est un mensonge,
parce que les Irakiens sont exclus des
décisions concernant leur économie. La
vraie raison était d’étendre la domination
économique et politique des États-Unis et
de leurs multinationales. Cette stratégie a
été élaborée par un lobby appelé le « Projet
pour le Nouveau Siècle Américain ». Leur
but est de façonner le nouveau siècle en
fonction des intérêts américains. Il s’agit là
d’un impérialisme féroce.
Cela atteint son apogée avec la tentative
actuelle de passer une loi qui aura
comme conséquence que les profits du
pétrole quitteront l’Irak. Cela donnera aux
multinationales des droits exclusifs sur les
recherches et l’exploitation des ressources
pétrolières. Cette loi est le résultat d’une
campagne massive menée par les multinationales
auprès des gouvernements
américain et britannique. Cela dure depuis
cinq ans maintenant.
Résistances en Irak contre l’occupation
Mais il y a une vrai bonne nouvelle : les
travailleurs du pétrole sont organisés et
résistent. Les syndicats s’opposent à cette
nouvelle loi sur le pétrole et à l’occupation.
Il faut que, en tant que mouvement antiguerre,
nous soutenions les travailleurs du
pétrole en Irak. Quelle journée ce serait
que celle où nos syndicats utiliseraient leur
force pour soutenir les syndicats irakiens !
Là, nous aurions de la vraie solidarité !
Je pense que c’est ce qui nécessite que
le mouvement anti-guerre se renforce et
renaisse en ce moment. Parce qu’il ne
s’agit pas d’un mouvement nostalgique
d’un événement qui a eu lieu en 2003, cette
question (la guerre en Irak) est au centre
de la politique internationale aujourd’hui.
Et le défi aujourd’hui est de créer un mouvement
international des travailleurs. Ce
doit être un mouvement qui utilise sa force
dans les lieux de travail et où les syndicats
ne font pas que passer des résolutions et
aller à des meetings.
Développer les résistances en France
Je pense que c’est crucial pour vous ici :
vous êtes maintenant malheureusement en
première ligne. Vous avez votre Margaret
Thatcher. D’outre-manche, il paraît qu’il y
aura un assaut frontal sur les droits syndicaux
et un alignement sur la politique
de Bush.
Quand Thatcher est arrivée au pouvoir,
elle disait les mêmes choses « les syndicats
sont très puissants, la Grande-Bretagne
doit se moderniser, les travailleurs nous
font du chantage. » Elle avait trois principales
façons d’attaquer. Tout d’abord, il y a
eu toute une série de fermetures d’usines,
le rétrécissement d’industries provoquant
du chômage de masse. Puis, elle a fait
voter des lois antisyndicales, qui rendaient
plus difficile l’action des travailleurs. Enfin
les syndicats faibles étaient encouragés
à faire grève pour qu’ils subissent des
défaites.
Jusqu’à ce que le gouvernement soit assez
fort pour attaquer les syndicats plus combatifs,
les mineurs. La leçon péniblement
apprise était que ce qu’il nous faut est
une direction syndicale unie et combative.
Mais vos syndicats n’ont encore pas subi la
défaite définitive. Et la meilleure manière
de soutenir les syndicalistes irakiens est
de vaincre le libéralisme ici. Ce que je veux
dire, c’est que c’est le même combat. Parce
que c’est l’agenda libéral qui les a poussés
à la guerre. Et ce sera l’agenda libéral qui
s’attaquera à votre mouvement syndical.
C’est le même ennemi, et nous avons
besoin d’une riposte unie et forte contre
le libéralisme. »