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La sexualité c’est politique
vendredi 6 juillet 2007, par
Les origines connues de comportements
homosexuels masculins
remontent à l’époque de l’antiquité
grecque. Ils y étaient considérés comme
normaux, et même comme une étape essentielle
dans la vie d’un homme. Il était essentiel
pour un jeune garçon d’être initié à la
sexualité par son précepteur. En revanche,
la sexualité des femmes était quasi inexistante,
mis à part sur l’île de Lesbos où les
femmes s’adonnaient à l’amour saphique
(Sappho était une poétesse grecque qui
faisait l’éloge de l’amour entre femmes).
L’inexistence présumée de la sexualité des
femmes était déjà à proprement parler une
démonstration du sexisme existant chez les
hommes grecs. Les femmes restaient à la
maison et attendaient patiemment que leurs
époux reviennent de la guerre.
Cela a évolué depuis, mais il y a encore
aujourd’hui beaucoup de femmes qui
restent à la maison pour s’occuper des
enfants en attendant que leur homme rentre
du travail et qu’il mette les pieds sous
la table. Encore aujourd’hui, beaucoup
d’hommes, mais aussi de femmes, pensent
que les lesbiennes n’ont pas de sexualité.
Ils et elles se demandent ce que peuvent
bien faire deux femmes dans un lit sans un
pénis pour assouvir leurs besoins sexuels,
si besoin il y a, puisque c’est l’homme qui
fait découvrir la sexualité aux femmes.
Dans la société phallocrate dans laquelle
nous vivons aujourd’hui, deux femmes ne
peuvent pas éprouver de plaisir ensemble.
C’est la pensée majoritaire. Heureusement,
le mouvement féministe et celui de la libération
sexuelle, ont contribué à ce que
les femmes soient plus indépendante des
hommes, à la fois financièrement, même
s’il y a encore du progrès à faire, et à la fois
sexuellement. La contraception a permis à
l’acte sexuel de ne plus avoir qu’une fonction
reproductive.
Au Moyen-Âge, en France, l’homosexualité
(qui n’était pas appelée ainsi) était
traquée car considérée comme une hérésie,
les homosexuel(le)s subissaient des
tortures atroces : ablation du pénis et des
testicules pour les hommes, ablation des
seins et excision pour les femmes, et pour
finir le bûcher. L’homosexualité a été considérée
en France comme un crime, puis
une maladie à l’égard de la loi jusqu’en
1982 et retirée des maladies mentales
par l’Organisation Mondiale de la Santé
qu’en 1990. Sous le National-socialisme de
Hitler, les homosexuel(le) étaient déportés
en camps de concentration et subissaient
au-delà des mauvais traitements des nazis,
l’hostilité des autres déportés.
Partout et toujours, les gays, les lesbiennes,
les bisexuel(le)s, les transgenres
ont été persécuté(e)s, agressé(e)s,
assassiné(e)s. Encore aujourd’hui, même
si les lois évoluent, ce qui est de loin
toujours insuffisant, les LGBT sont encore
sujets aux agressions et aux meurtres.
Au-delà même des agressions physiques,
ils/elles subissent la discrimination, que
ce soit dans un cadre familial, social ou
professionnel. Il n’est pas rare qu’une personne
LGBT se fasse rétrograder après
avoir fait son coming out et subisse les
moqueries ou attaques de ses collègues. Il
n’est pas rare non plus que les familles, et
notamment les parents coupent tout lien
avec leur chère progéniture.
Il est encore trop courant que les personnes
LGBT subissent des agressions en
raison de leur orientation sexuelle ou de
leur genre, trop visible pour certains/certaines.
La transidentité ou transsexualité
fait toujours partie des maladies mentales
selon l’OMS.
La sexualité est politique parce que ce
sont en grande partie les lois qui font
évoluer les mentalités. Certes, le PACS
existe, des organisations ont été mises
en place pour lutter contre les discriminations,
mais qu’en est-il des résultats ?
Le mariage homosexuel, l’aide à la procréation
et l’adoption pour les couples
gays et lesbiens, le droit de changer ses
papiers pour correspondre à l’identité de
genre que nous choisissons… Autant de
revendications toujours en attente. Autant
d’inégalités qui justifient de fait la violence,
sociale, familiale, professionnelle,
et politique.
Aurélie, [Strasbourg]