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Quels objectifs et quelles revendications pour le mouvement LGBT ?
vendredi 6 juillet 2007, par
Les gays sont aujourd’hui bien plus
visibles dans la société. Ils sont
devenus une cible pour les publicitaires
au même titre que la ménagère de
moins de 50 ans. Dans toutes les grandes
villes existent aujourd’hui des bars et boîtes
gays. Afficher son homosexualité ne semble
plus être un obstacle à l’ascension sociale
dans le système capitaliste : cadres supérieurs,
présentateurs télé ou même maire
de Paris... Le progrès est effectivement indéniable.
À tel point qu’on entend dire qu’il est
désormais tout à fait possible de s’intégrer à
la société sans la changer, que seul-e-s les
LGBT qui n’essayent pas resteraient dans
un ghetto. Mais cette intégration ne passe
quasiment que par le commerce en excluant
ainsi les plus pauvres et les populations
rurales. On ne peut généraliser cette évolution
à l’ensemble des LGBT : les lesbiennes
continuent d’être invisibilisées tout comme
les trans car elles-ils remettent en cause plus
profondément l’hétéropatriarcat...
Il y a quand même des aspects positifs :
même s’ils sont très imparfaits, des lieux
existent où les LGBT peuvent afficher leur
sexualité sans craindre les insultes et les
coups, même si ce n’est que pour une
soirée. Quoiqu’on pense de Pink TV, le
lancement de cette chaîne a permis de voir
partout en France, y compris dans les petites
villes, des affiches représentant des
couples homos. Il faut prendre appui sur
ce regain de visibilité pour développer un
mouvement LGBT fort qui saura imposer
ses revendications. Avoir une idée claire
sur nos objectifs est essentiel pour décider
des revendications que nous devons défendre.
Ces objectifs, pour nous, sont d’abord
l’égalité des droits entre homos, bis, trans
et hétéros, car c’est un principe qui n’est
pas négociable, et plus globalement une
transformation radicale de la société qui
ferait disparaître le genre ainsi que toutes
les normes liées à la sexualité.
Pour y parvenir, adopter une attitude
purement subversive en vivant à l’écart
de la société « hétéro » est tout aussi
inefficace que de vouloir s’y intégrer sans
la changer. Ce qui est réellement subversif
c’est de revendiquer le droit au mariage et
à la parentalité pour les homosexuel-le-s
et les trans, dénaturant ainsi la famille qui
est une des bases de cette société. C’est
de montrer l’absurdité qu’il y a à intégrer
le sexe dans l’état-civil en exigeant la
possibilité pour tou-te-s de changer cette
information selon qu’ils-elles souhaitent
vivre en tant qu’hommes ou en tant que
femmes. Il faut se battre pour imposer la
dépsychiatrisation des trans et permettre
à celles-ceux qui le souhaitent de changer
de sexe en remboursant les interventions
et traitements hormonaux nécessaires. Ilselles
ne sont évidemment pas des malades.
Obliger la société à ne plus les considérer
comme tels est bien le moyen le plus
efficace de remettre en cause le genre.
Pour imposer ces revendications, il ne
faut compter que sur nos propres forces :
s’auto-organiser, créer des cadres de discussion,
d’élaboration et d’action sur la
question LGBT dans nos lycées, facs et
lieux de travail à l’image des associations
professionnelles LGBT coordonnées dans
l’interpro Homoboulot. Il faut des liens
entre ces structures et les syndicats pour
que ceux-ci participent plus largement aux
luttes pour l’émancipation des LGBT.
Seb, [Metz]