Un gouvernement à XV pràªt pour la màªlée

Ils sont quinze, comme une équipe de
rugby. Ils veulent gagner et sont prêts
à gouverner avec les muscles. Pour
les guider, un habitué des match serrés, le
fossoyeur des retraites et le pourfendeur
des lycéens, le redoutable François Fillon.
Avec Sarkozy, il a sélectionné une équipe
de choc.

En pilier droit (dans ses bottes), Alain
Juppé s’occupera de l’écologie, du développement
et de l’aménagement durable... Des
soucis aussi fictifs que les emplois pour
lesquels il a été condamné. En pilier gauche
(ou de comptoir), Jean-Louis Borloo
sera sûrement aussi efficace à l’économie,
aux finances et à l’emploi qu’il l’était au
logement.

Comme taloneuse, Michèle Alliot-
Marie devient la première flic de France.
Gérera-t-elle les banlieues comme elle
s’est occupée de la Côte d’Ivoire et de la
Centrafrique, non à coups de kärcher, mais
à coups de mitrailleuses ? Les deuxièmes
lignes Brice Hortefeux (Ministre de l’immigration,
de l’intégration, de l’identité nationale
et du codéveloppement) et Rachida
Dati (Justice) la relayeront, l’un en bouclant
une fois pour toutes les frontières, l’autre
en mettant en place les peines plancher
pour les mineurs récidivistes.

En troisième ligne, quelques secteurs
peu importants pour la France de Sarkozy.
Roselyne Bachelot qui avait fait ses preuves
à l’environnement s’occupera désormais de
la santé, de la jeunesse et des sports... Pour
lutter contre le dopage, elle va dérembourser
de nouveaux soins et médicaments.
Au logement, Christine Boutin proposera
aux SDF de vivre dans des étables, comme
le petit Jésus... Mais à conditions que les
familles ne soient pas monoparentales,
homosexuelles ou musulmanes. Christine
Albanel, qui écrivait les discours de Chirac
et des pièces de théâtre, s’occupera de la
culture et de la communication. On plaint
les intermittents qui
auront à discuter avec
elle ou à jouer une de
ses pièces...

En demi de mêlée,
Xavier Bertrand devient
Ministre du (plus de)
travail, des relations
sociales et de la solidarité
(avec le MEDEF).
Il a promit au patronat
plus de flexibilité et des
troisièmes mi-temps
supplémentaires.

En demi d’ouverture, Christine Lagarde
entre au ministère de l’agriculture et de
la pêche. Ancienne dirigeante du cabinet
Baker et McKenzie (4 400 collaborateurs
dans 35 pays), elle figurait parmi
les femmes les plus puissantes au monde
dans le classement du magazine Forbes.
Désormais c’est le cabinet FNSEA qu’elle
représentera à Bruxelles et à l’OMC. Les
paysans du tiers-monde n’ont qu’à bien
se tenir !

Les centres gauche et droit sont les
transférés Bernard Kouchner (PS) et Hervé
Morin (UDF). L’un, aux affaires étrangères,
était partisan de la guerre en Irak. L’autre,
à la défense, pourra plaquer quelques peuples
trop rebelles d’Afrique ou du Liban.
Les ailiers éducatifs du gouvernement
sont Xavier Darcos (Education nationale)
et Valérie Pecresse (Enseignement supérieur
et recherche). C’est cette dernière
qui sera mise à contribution dès l’été pour
l’autonomie des universités. Darcos sera
chargé d’éliminer les postes et la carte
scolaire.

A l’arrière, Eric Woerth s’occupera du
budget. Il s’est déjà exercé comme ancien
trésorier de l’UMP et directeur financier et
administratif du RPR. A ce titre, il avait été
entendu par la justice dans l’affaire Juppé.
Ne va-t-il pas être difficile de passer de la
création d’emplois (certes fictifs) à leur
destruction ?

Les remplaçants, enfin, pourront
apporter leur pierre à l’édifice. On surveillera
notamment Eric Besson (ex-PS),
Dominique Bussereau, Secrétaire d’État
aux transports qui pourrait nous privatiser
quelques transports publics, après
l’essai de la limitation du droit de grève.
Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire aux affaires
européennes pourrait réussir la transformation
de la Constitution européenne,
en la faisant passer au-dessus du référendum...
Roger Karoutchi, chargé des relations
avec le Parlement sera la courroie de
transmission d’une UMP toute-puissante.
Enfin, Martin Hirsch, président d’Emmaus-
France, est nommé haut commissaire aux
solidarités actives contre les pauvretés. Il
déclare vouloir « sortir de la dichotomie
entre une gauche qui défendrait l’assistanat
et une droite qui s’est arrogé le monopole
de l’effort. »

Souvenons-nous d’une chose : ces
ministres sont quinze, nous sommes des
millions. Nous pouvons les renvoyer au
vestiaire !

JB,[Nanterre]