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Le racisme au quotidien...

Les bagagistes de Roissy et la sà »reté de l’à‰tat

vendredi 22 décembre 2006, par JCR-RED

Quarante-trois employés de l’aéroport de Roissy ont reçu, au mois d’août, une lettre de la préfecture, leur reprochant « une attitude pouvant mettre en cause la sûreté de l’État », et leur demandant d’apporter « la preuve de [leur] innocence », sans quoi ils perdraient leur travail. Leur seul point commun  ? La pratique de l’islam.

Déjà, il y a cinq ans, l’arrestation du bagagiste Abderazak Besseghir avait fait la une des journaux pour une affaire qui n’était qu’un coup monté. Il y a quelques mois, le raciste de Villiers sortait un pamphlet à sensation expliquant qu’un complot visait à déstabiliser la France en s’appuyant sur l’islamisation de la société et sur des réseaux terroristes implantés parmi les bagagistes de Roissy. Alors que quatre d’entre eux ont porté plainte contre leur licenciement, Sarkozy explique  : « Je ne peux pas accepter que des gens qui ont une pratique radicale travaillent sur une plate-forme aéroportuaire. » « Peut-être qu’on s’est trompé », mais dans ce cas, « qu’ils fassent valoir leurs droits devant les tribunaux ». Sept lieux de culte ont en tout cas été fermés sur l’aéroport, et 18 imams ont été expulsés. Pourquoi cet acharnement  ?

La « menace terroriste » masque une autre réalité. Lors de la grève du 23 octobre, Thierry Fournier, de la CFTC Air France, déclarait  : « Nous voulons dénoncer les retraits de badges abusifs dont sont victimes tous les employés de la zone réservée. La moindre grève ou manifestation peut déboucher sur un retrait de badge ». Ce jour-là, les CRS sont intervenus pour empêcher deux cents manifestants d’entrer dans la zone réservée et de bloquer la circulation devant le terminal 2 F. C’est l’unité des milliers de salariés de l’aéroport de Roissy, qui représente une menace potentielle « pour la sûreté de l’État ». Les postes les moins qualifiés, comme les bagagistes, sont souvent occupés par des jeunes salariés habitant la banlieue nord de Paris. Un frère de Bouna Traoré, dont la mort avait provoqué les émeutes de 2005, y a d’ailleurs travaillé. Sur les lieux de travail comme dans les quartiers populaires, le complot islamiste est un alibi pratique pour diviser les salariés et réprimer ceux qui luttent.

« Peut-on encore critiquer l’islam  ? », ose titrer le Nouvel observateur au sujet de l’affaire du « philosophe » raciste Redecker. L’islamophobie, comme naguère l’antisémitisme, est devenu tellement consensuelle que plus on en fait, plus on a l’impression de lever courageusement les tabous. Alors, bien sûr, nous sommes opposés aux menaces de mort, bien sûr, nous rejetons les attentats contre les civils. Mais nous n’oublions pas que ce sont les amalgames racistes qui encouragent les actes de ce type. Face à ces dangereuses divisions, nous exprimons toute notre solidarité aux bagagistes de Roissy.

Vincent, [Marseille]

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