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Non à l’autonomie des universités !
vendredi 6 juillet 2007, par
Sarkozy avait annoncé que l’enseignement
supérieur et la recherche
seraient une « priorité absolue ».
C’est confirmé, les universités feront l’objet
d’une des premières attaques du gouvernement,
avec un projet de loi sur l’autonomie
pour cet été.
L’enseignement supérieur : un enjeu central pour la classe dirigeante
Depuis des années, les réformes de l’enseignement
sont un moyen de faire baisser
le coût de la main-d’oeuvre, en donnant aux
salariés des qualifications moins élevées,
plus parcellaires, immédiatement adaptées
aux besoins spécifiques des entreprises.
Elles rendent aussi les salariés plus
précaires, en délivrant des diplômes qui ne
donnent plus de réelles garanties collectives
sur le marché du travail.
Le projet de Sarkozy est dans la continuité
des réformes de ces dernières années.
La réforme Licence-Master-Doctorat
(LMD), initiée par Jack Lang et reprise
par Luc Ferry, a donné une autonomie
pédagogique aux universités. Elle a cassé
le cadre national des diplômes et mis en
concurrence les universités. Le « Pacte
pour la recherche », voté pendant le mouvement
contre le CPE, donne la priorité à
la recherche privée et à court terme.
L’autonomie financière et structurelle à l’ordre du jour
Avec l’autonomie financière « réelle »
de Sarkozy, les universités pourront créer
ou supprimer des postes, choisir leurs
enseignants et chercheurs permanents,
les rémunérer comme elles le souhaitent,
gérer leur patrimoine immobilier...
D’où une austérité budgétaire accrue, une
réduction de personnels, un recours plus
systématique aux financements privés…
Et un contrôle des entreprises sur le contenu
de nos diplômes, une augmentation
des frais d’inscription, comme c’est déjà le
cas dans de nombreux pays européens.
Le gouvernement compte remodeler la
carte nationale des formations pour faire
émerger des pôles universitaires prestigieux
et compétitifs au niveau international.
La mise en place de ces Pôles
de recherche et d’enseignement supérieur
(PRES) laisse entrevoir la suppression
des filières qui ne seront pas considérées
comme « d’excellence ». La bataille fait
rage entre universités pour constituer des
alliances rivales. Les étudiants qui n’auront
pas l’argent ou la chance d’entrer dans ces
pôles n’auront comme perspective que des
diplômes au rabais.
Sarkozy veut « développer les filières
conduisant à un emploi et restreindre
les moyens des filières sans débouchés. »
Cela se traduit par le développement
des « licences professionnelles » (licence
« Chargé de clientèle au Crédit Mutuel »
ou « Chef de rayon chez Carrefour »). Ces
diplômes non reconnus par les conventions
collectives sont uniquement adaptés
aux besoins des patrons et n’offrent
aucune garantie aux salariés. Cela signifie
la fermeture des filières « non rentables »,
comme la philosophie, les lettres...
Préparons la grève !
Le gouvernement Sarkozy a choisi de
s’attaquer en priorité aux universités. La
jeunesse scolarisée a prouvé ces dernières
années sa capacité de résistance. Elle
fait parti des secteurs les plus combatifs.
En s’attaquant en premier à elle le gouvernement
veut briser cette capacité de
résistance.
Nous devons lui montrer que nous ne
nous laisserons pas faire. Il est clair que ce
gouvernement voudra faire une démonstration
de sa force et de sa détermination.
Pour le faire céder, il faudra un mouvement
encore plus grand que contre le CPE. Il faudra
un mouvement d’ensemble des jeunes
et des salariés.
Pour construire une riposte à la hauteur
des enjeux, nous devons préparer la
grève de nos universités dès la rentrée.
Dès maintenant, nous devons informer un
maximum d’étudiant sur les dangers de la
réforme, et dès septembre convoquer des
assemblées générales.
Sarkozy n’a gagné qu’une bataille électorale.
Prouvons lui que nous ne nous
laisserons pas faire !
Nous devrons nous battre pour repousser
ces réformes qui ne s’attaquent pas
seulement aux étudiants, mais à l’ensemble
du monde du travail. La jeunesse a
prouvé, l’an dernier, avec le mouvement
contre le CPE, qu’elle était capable de faire
reculer un gouvernement. Dès maintenant,
préparons la riposte !
Mathilde, [Nanterre]