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Italie
Pour une sortie de gauche de la crise du PRC
Par Gauche critique*
mercredi 11 juillet 2007, par
1. L¹évidente crise politique du gouvernement Prodi et les conflits entre ses composantes marquent la faillite du projet politique de l¹Union, qui a été victorieux aux élections de 2006 mais qui est incapable de représenter une alternative politique et sociale réelle face à la droite. Conçu pour garantir une solution de continuité de la politique gouvernementale italienne, le gouvernement Prodi s¹est révélé être ‹ ce qui était prévisible a avait été prévu ‹ un gouvernement hostile aux travailleurs, représentant des intérêts du capitalisme italien, véritable bénéficiaire de sa politique fondamentalement antipopulaire, pratiquant un « libéralisme compassionnel » et intégré dans les mécanismes de la guerre multilatérale.
Cette faillite globale est pour l¹essentiel le résultat de l¹épuisement des marges réformistes. Ce n¹est pas par hasard qu¹il va de paire avec la progressive involution de la gauche italienne dont témoigne la naissance du Parti démocrate (PD) conduit par Veltroni (1).
La gauche gouvernementale, pour sa part, réussi à peine à réduire les dommages sans parvenir à renverser la tendance de fond. Au contraire, en contribuant à freiner les luttes et les conflits elle devient complice et acteur actif de ces politiques libérales. La Gauche critique réaffirme sa volonté de construire l¹opposition aux politiques du gouvernement Prodi et son refus de soutenir ou d¹avaliser ses mesures antipopulaires ou guerrières. Nous serons contre la énième réforme des retraites, contre la base de Vicenza, contre le choix provoquant un désastre environnemental tel que le train à grande vitesse (Tav). Non au Tav, Non au Dal Molin (2), nous ne fournirons pas de coup de main ni de marche-pied !
2. La faillite de l¹Union rend évidente celle de la ligne politique du PRC approuvée au Congrès de Venise, de tous ses présupposés et de toutes ses prévisions. La « Grande réforme » a échoué face aux diktats de Bruxelles et du patronat ; l¹alliance avec la « bonne bourgeoisie » s¹effondre devant l¹agressivité habituelle de la Confindustria (3) ; la droite n¹a jamais été aussi forte en Italie ; l¹imperméabilité du gouvernement face aux mouvements conduit à la fois à la désertion devant le mouvement réel et à une inefficacité au sein du gouvernement. Il s¹agit d¹un faillite dont l¹ensemble du groupe dirigeant du parti porte la responsabilité.
3. Cette faillite produit la crise irréversible du PRC. On assiste à l¹épuisement substantiel de son rôle. Sa fonction politique de médiateur entre les forces vives de la bourgeoisie italienne et européenne et les mouvements sociaux s¹avère être vidée de son contenu et impossible, car le PRC est incapable de rester au sein des mouvements. Le 9 juin a permis de photographier cette situation. L¹avenir est à un projet anticapitaliste cohérent, bien que si difficile, à l¹indépendance de classe et à l¹alternative tant face au centre-droit que face au centre-gauche.
4. L¹épuisement du PRC est démontré aussi par la tentative, plus ou moins lucide, du groupe dirigeant visant à trouver une sortie de sa crise vers la droite, en direction d¹une « refondation socialiste » qui propose à nouveau la traditionnelle modération de la gauche italienne. « Aller au-delà », en effet, signifie aujourd¹hui aller en direction d¹une compatibilité sociale et gouvernementale avec ce qui existe, au sein d¹une unité abstraite d¹une gauche fondée essentiellement sur la collaboration de classe politique quelle qu¹en puisse être la forme : confédération, modèle de « réseau », parti unique, « chantier » etc.
5. Face à cette faillite, face à une histoire qui se termine avec l¹autre « au-delà » proposé par le groupe dirigeant du PRC, nous proposons une alternative radicale : une issue par la gauche de la crise, un « au delà » différent, orienté vers les mouvements sociaux et le conflit, retrouvant l¹autonomie politique et la perspective révolutionnaire, hors du gouvernement et des médiations imposés par le PD, au c¦ur de l¹opposition sociale.
6. La Gauche critique s¹engage dès maintenant dans ce projet en proposant à toutes les forces disponibles d¹entamer un processus constituant d¹une gauche alternative, anticapitaliste, écologiste, féministe, internationaliste. Un processus de recomposition politique ouvert et à moyen terme qui soit capable de s¹enrichir des meilleurs expériences de la refondation communiste, de celle de la mobilisation de Gènes, de celles des mouvements et de celle de l¹indépendance envers le centre-gauche.
A la naissance du PD il n¹est nullement nécessaire de répondre en vouant une gauche unie et sans adjectifs, qui est impossible du point de vue organique. Car comme toujours dans l¹histoire italienne il y a deux gauches : une orientée vers le compromis social et l¹autre, antagonique, anticapitaliste, de classe et internationaliste. Aujourd¹hui, même à la gauche du Parti démocrate, il y a deux gauches.
7. Nous voulons donc construire cette autre gauche, qui garantira la présence de la thématique révolutionnaire, récupérera les meilleures intuitions de la refondation communiste et qui pariera, comme toujours, sur le projet du mouvement. A la faillite de la gauche institutionnelle et gouvernementaliste et aux difficultés provoquées par la défaite sociale on doit répondre par l¹opposition sociale, en construisant des mobilisations, des réseaux et des structures unitaires du conflit social.
Nous réaffirmons cette approche unitaire capable de construire sur la base des objectifs déterminés la mobilisation la plus large possible. Mais sur la base de l¹expérience récente, du 9 et du 16 juin (4) en passant par les multiples conflits locaux en défense de la santé et de l¹environnement, nous croyons que la construction de pactes d¹action au niveau national et local sur des objectifs spécifiques et dans le cadre d¹une opposition sociale au gouvernement Prodi constitue aujourd¹hui une priorité.
Le non à la guerre, le démantèlement de la base de Vicenza, le rejet du Tav, la défense des besoins essentiels, la continuation de la Pride sont nos terrains de travail. Mais c¹est sur le terrain social, en particulier, que se joue aujourd¹hui la partie décisive. Pour cela nous nous engageons, en relation avec les forces promotrices du 9 juin, à réaliser un Agenda social qui soit la base d¹une mobilisation massive en automne contre la politique du gouvernement Prodi.
8. Les camarades du PRC qui adhérent à la Gauche critique demandent donc aux structures dirigeantes de convoquer un congrès extraordinaire avant l¹automne. Dans un tel cadre permettant une confrontation large et transparente nous mettrons en avant notre proposition d¹une sortie de crise par la gauche en tant que projet alternatif à celui de la « refondation socialiste ». Car il s¹agit des deux seules alternatives possibles, au milieu des quelles il ne peut y avoir que confusion.
Nous proposerons cette hypothèse de travail au congrès et nous la mettrons en pratique immédiatement après.
9. Nous lançons un appel à la participation la plus large au Séminaire national de la Gauche critique prévu à Bellaria (Rimini) du 20 au 23 septembre, qui sera un moment décisif pour débattre du futur de l¹Association.
Finalement nous convoquons pour les 9 et 10 novembre prochain l¹Assemblée nationale de l¹Association qui discutera sur a base d¹un document élaboré après le séminaire de Ballaria de la coordination nationale.
* Nous reproduisons ici la motion adoptée à l¹unanimité par la Coordination nationale de l¹Association Gauche critique (Associazione Sinistra Critica) le 8 juillet 2007. L¹original peut être consulté sur le site web .org>. Traduit de l¹italien par J.M.
1. Walter Veltroni (1955) a commencé son militantisme au sein des Jeunesses communistes italiennes en 1976, a été membre du Comité central du PCI et a soutenu sa transformation en Parti des démocrates de gauche (PDS) dont il fut secrétaire général, puis en démocrates de gauche (DS). Il est actuellement candidat au poste du secrétaire général du Parti démocrate qui doit être fondé en octobre prochain pour unifier sous la houlette de Romano Prodi, actuel premier ministre, sa coalition gouvernementale de centre-gauche en un seul parti.
2. Les mouvements contre le train à grande vitesse reliant Lyon à Milan au travers des vallées alpines encore relativement préservées ‹ No Tav ‹ et contre l¹extension de la base militaire états-unienne de Vicenza ‹ No Dal Molin ‹ sont parmi les plus importants mouvements poursuivant la lutte contre le gouvernement de centre-gauche de Romano Prodi.
3. Confindustria est le nom du syndicat patronal italien, dont les dirigeants actuels avaient soutenu l¹Union de Romano Prodi contre Berlusconi.
4. Le 16 juin a eu lieu à Rome la marche pour la dignité homosexuelle ‹ la Gay Pride ‹ qui fut un grand succès ‹ des centaines de milliers de participant(e)s ‹ malgré les velléités du gouvernement Prodi, sous la pression du pape, de ne pas accorder l¹égalité des droits aux homosexuel(le)s.