Un succès de la solidarité au Pakistan et dans le monde

Quinze jours après avoir été incarcéré, Farooq
Tariq, secrétaire général du Labour Party Pakistan
(LPP, Parti du travail du Pakistan) est sorti de
prison le 19 juin. Plus de six cents autres personnes,
détenues pour avoir participé aux manifestations
des mois derniers, avaient déjà retrouvé
la liberté.

Après la vague de répression de mai-juin, le
régime militaire de Musharaf voulait porter un
coup d’arrêt définitif aux mobilisations démocratiques
provoquées par la suspension du président
de la Cour suprême. Si le gouvernement
a finalement remis les détenus en liberté au
bout de quinze jours, c’est qu’il y a été obligé.

Le décès en détention de Sarmad Mansoor,
membre du Pakistan People Party (PPP, Parti du
peuple), a placé le pouvoir en difficulté. Dans
la prison, tous les prisonniers politiques ont
engagé une grève de la faim en protestation.

La pression pour la libération des prisonniers
était très forte. Farooq Tariq, en particulier, a
reçu de très nombreux soutiens. Presque tous
les syndicats du pays ont publié des communiqués
de presse exigeant sa libération. La
plupart des principaux partis d’opposition ont
demandé sa remise en liberté, dont Jamati
Islami, le plus important parti religieux fondamentaliste,
bien que Farooq soit bien connu
pour son engagement marxiste et laïc.
De nombreuses manifestations militantes ont
été organisées durant ces quinze jours de
détention.

Sur le plan international, l’appel de solidarité a
permis de récolter les soutiens dans de nombreux
pays (plus de 450 signatures en quelques
jours, de tous les continents). Des premières
délégations se sont rendues devant des ambassades
pakistanaises (Grèce), une journée européenne
d’action était en préparation.

C’est dans ce contexte que le régime a commencé
à libérer les détenus. Le 19 juin, donc, a
peine sorti de détention, Farooq a pu expliquer
les conditions dans lesquelles il avait été arrêté
et les traitements indignes dont les prisonniers
politiques ont été victimes dans la prison de
Bahawalpur.

Si Farooq Tariq a été libéré dès le 19 juin, alors
que son incarcération devait durer bien plus
longtemps, et si les autres détenus l’ont été plus
tôt encore, c’est probablement avant tout du
fait de la situation au Pakistan. Mais la campagne
de solidarité internationale a aussi joué son rôle.
Elle constitue de plus un encouragement pour
des militants qui combattent dans des conditions
fort difficiles et un clair avertissement pour
le pouvoir.