Une Crise provoquée par l’impérialisme

Le 25 juin dernier, a eu lieu
la première rencontre des
grandes puissances, (France,
Chine et les États-Unis) et
des organisations internationales,
pour unir leurs efforts pour tenter de
mettre fin à la tragédie du Darfour (province
Soudanaise), qui fait, selon l’ONU, 200 000
morts et 2,1 millions de déplacés et 230 000
réfugiés au Tchad et en république centrafricaine.
L’humanisme n’est pas une qualité des
dirigeants Français, Chinois ou Américains,
il suffit de voir comment ils se débrouillent
en Côte d’Ivoire, au Tibet ou en Irak pour
s’en convaincre. Est-ce Georges Clooney,
grand défenseur, du Darfour qui leur donne
envie d’agir ?

Qui est responsable ?

À la fin des années soixante-dix, on a
trouvé du pétrole dans le Sud du Soudan.
Chevron (une des plus grandes compagnies
américaines pétrolières du monde)
a dépensé 1,2 milliard de dollars en travaux
de prospections. C’est ce pétrole et
surtout la lutte pour savoir qui le contrôle
et qui en tire des bénéfices qui ont déclenché
la seconde guerre civile depuis 1983.
Chevron fut la cible d’attaques et de massacre
et a arrêté le projet en 1984. En 1992,
Chevron vend ses concessions. En 1999,
c’est la CNPC (China National Petroleum
Company) qui s’en empare. Et depuis, la
Chine a investi 15 milliards de dollars au
Sud du Soudan et elle importe de 65 % à
80 % du pétrole soudanais.

Les forces en présence localement

Depuis 1989, Omar El-Béchir est à la
tête du régime soudanais. Il a mis en
place un régime militaro-islamiste et
favorise les « tribus arabes » du Nord du
pays (plus désertique). Le pouvoir a à sa
solde les « janjawid », cavaliers armés de
Kalachnikovs. qui ont terrorisé et tués les
populations du Sud et de l’Ouest du Soudan
(où les terres sont plus cultivables). Ses
principaux opposants sont le Mouvement/
Armée Populaire de Libération du Soudan
(M/APLS) au Sud (qui était dirigé par
John Garang, décédé en 2005), le SML
(Mouvement de Libération du Soudan)
et le MJE (Mouvement pour la Justice et
l’Égalité, islamiste) au Darfour.

Que font la France et les États-Unis ?

La France soutient depuis le début le
gouvernement d’Omar El-Béchir, dans l’espoir
de maintenir et étendre les concessions
pétrolières (comme elle soutenait
Saddam Hussein en Irak, pour défendre
TotalElfFina) et aussi pour des intérêts
stratégiques (le soutien au Soudan a permis
de lutter contre l’Ouganda qui soutenait
la rébellion Rwandaise et de protéger
Idriss Déby, l’ancien dictateur du Tchad).
Voilà les positions que Kouchner a défendues
au sommet du 25 juin…

Les États-Unis, quant à eux, espèrent
le retour de Chevron (dont Condoleezza
Rice fut administratrice) au Soudan. Le
6 septembre 2001, le président Georges
W. Bush a dépêché sur place un envoyé
spécial pour évaluer la situation. Celui-ci
a conclu qu’aucun des protagonistes ne
peut gagner la guerre. Il faut trouver un
compromis ou organiser une partition du
pays. En octobre 2002, Georges W. Bush
décida de changer de tactique et ratifia
le Sudan Peace Act. Il accorda 100 millions
de dollars d’aide au gouvernement
de Khartoum pour l’aider à faire la paix.
Mais, en cas d’échec, il promettait d’offrir
300 millions de dollars d’aide aux rebelles
du Sud, officiellement à des fins humanitaires,
évidemment pour prendre son
indépendance.

Crime contre l’humanité, what else ?

Visiblement, rien n’a changé depuis
2002. Or, il n’est pas possible d’intervenir directement (ou via l’ONU ou l’OTAN) au
Darfour, puisque ce qui s’y passe est une
affaire interne au Soudan… Sauf s’il y a
une suspicion de crimes contre l’humanité…
Il suffit donc de financer les deux
côtés de la guerre civile et de crier (ou de
laisser Clooney crier) aux crimes contre
l’humanité, et voilà l’affaire !

La guerre civile au Soudan est la conséquence
des politiques menées par la
Chine, les États-Unis et la France ces
vingt dernières années et certainement
pas une guerre ethnique, comme le disent
les médias.

À nous d’agir !

Face à cela, nous nous inscrivons en
solidarité avec les luttes des peuples contre
oppression et exploitation et défense
de leur droit à disposer d’eux-mêmes.
Nous sommes pour une aide d’urgence
aux populations victimes des différentes
guerres et autres exactions du pouvoir,
mais contre une intervention militaire de
l’ONU, l’OTAN ou d’une puissance impérialiste
qui porterait atteinte à la souveraineté
du Soudan. La première chose est
d’exiger que les pays impérialistes arrêtent
de financer la guerre, se retirent du pays et
laisse la gestion du Soudan aux Soudanais
eux-mêmes.

En France, cela passe par construire
fronts de résistance anti-impérialistes larges
et la participation aux campagnes
contre les bases militaires états-uniennes
et françaises en Afrique, campagnes
contre la politique Française en Afrique
avec des associations comme Survie ou
Afrique XXI.

Bernardo, [Jussieu] et Danielle [Sorbonne]