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Les problèmes fondamentaux de la grève générale

jeudi 19 juillet 2007, par RED

La grève générale constitue le modèle
le plus probable de la révolution
socialiste dans les pays capitalistes
développés.

1. Grève générale et grève « large »

Une grève peut être très large sans être
« générale ». Mais la grève générale a trois
caractéristiques :
 1. Elle est interprofessionnelle dans ses
moyens et surtout dans ses objectifs
 2. Elle associe les travailleurs des services
publics et du secteur privé
 3. Elle crée une « atmosphère » d’affrontement
global entre les classes et non pas
seulement entre un secteur du patronat et
un secteur de la classe ouvrière.

2. Une grève générale peut être passive

La grève contre le putsch Kapp en
Allemagne en 1920 a été une grève passive,
sans occupation d’usine. Mais c’était la
plus grande générale d’Europe occidentale
jusqu’à cette époque.

Si cette grève a mis le putsch en déroute,
il reste néanmoins que la grève passive est
cent fois moins efficace que la grève avec
occupation, car elle disperse la force de la
classe ouvrière tandis que la grève avec
occupation la concentre.

Propager l’idée de la grève générale avec
occupation des entreprises est donc une
tâche importante pour les militants anticapitalistes.

3. Passage de la grève générale avec occupation

à la grève générale active
Dans la grève générale active avec occupation,
les travaillent remettent en route
et organisent eux-mêmes la production.
Cette idée a été mise en pratique à grande
échelle en Espagne en 1936.

Une telle grève est évidemment d’un
niveau qualitatif beaucoup plus élevé
qu’une grève passive, ou même qu’une
grève avec occupation. L’idée de la grève
active peut répondre à la nécessité de
rendre la grève plus efficace (remise en
route des transports sous le contrôle des
grévistes pour organiser une manifestation,
ouverture des coffres des banques
pour permettre aux grévistes de tenir plus
longtemps…). Elle peut être le résultat de
la logique économique de la grève générale,
quand il est indispensable d’assurer
un fonctionnement minimum des secteurs
vitaux (alimentation, en gaz et en électricité
par exemple).

Si cela se fait à grande échelle, on assisterait
à une grève générale d’une profondeur
sans précédent.

4. Grève générale dirigée par la bureaucratie ou autogérée

Il existe évidemment un lien entre grève
active et organisation démocratique de la
grève par les travailleurs eux-mêmes. Les
travailleurs ne peuvent pas diriger véritablement
la grève si chacun est renvoyé à la
maison. Le combat pour la prise en mains
du mouvement par les travailleurs euxmêmes
est motivé par la volonté d’associer
le maximum de travailleurs à la grève,
grâce à des comités de grève élus et révocables,
et à des commissions spécialisées
entourant le comité de grève.

5. Des comités de grève

aux conseils ouvriers
Les comités de grève ne sont pas encore
des organes du pouvoir ouvrier (conseils
ouvriers). Ils se limitent en effet à l’organisation
de la grève. Dans la transformation
des comités de grève en de tels organes,
deux éléments jouent un rôle déterminant :
 1. La fédération des comités de grève et
 2. Le fait que les comités de grève commencent
à assurer dans la pratique des
pouvoirs qui dépassent le cadre de l’organisation
de la grève et qui sont en temps
normaux assurés par la bourgeoisie ou ses
instruments.

La réalisation de ces deux conditions fait
franchir un pas supplémentaire à la grève
générale en créant une situation de dualité
de pouvoir : d’un côté le pouvoir bourgeois,
de l’autre le pouvoir ouvrier naissant.

6. La dualité de pouvoir

Les soviets de 1917 en
Russie forment l’exemple
classique de la dualité de
pouvoir. Les soviets étaient
fédérés au niveau local, au
niveau régional, et au niveau national. Ils
s’occupaient de toutes les questions et
prenaient des décisions conformes aux
intérêts des ouvriers et des paysans. Mais
des organes de double pouvoir peuvent
naître dans des conditions différentes.
Des ouvriers réformistes peuvent être
amenés par la logique du mouvement à la
grève active, avec occupation, etc… Mais
le pas difficile est celui du choix conscient
contre la démocratie bourgeoise et ses
institutions. C’est cette difficulté qui a fait
échouer toutes les révolutions en Europe
occidentale.

L’exemple le plus frappant est celui
de la révolution allemande en 18-19.
L’effondrement du pouvoir bourgeois était
total. Les conseils ouvriers couvraient tout
le pays. La social-démocratie, dominante
dans la classe ouvrière, a alors décidé de
transférer le pouvoir des comités ouvriers
à un parlement élu. Des élections ont eu
lieu dans ce but… et les sociaux-démocrates
n’ont obtenu que 44 % des voix.

La révolution peut échouer… parce que
l’ennemi ne fait rien. C’est ce qui s’est
passé en Italie en 1920-1921. Toutes les
usines du Nord étaient occupées par des
ouvriers en armes. Le gouvernement bourgeois
a décidé de ne rien faire en espérant
que les travailleurs ne sachent pas quoi
faire, et c’est ce qui s’est produit.

C’est dans ces situations, rares et courtes,
que la nécessité du parti révolutionnaire
se fait le plus sentir.

7. La centralisation de la grève générale

La classe ouvrière européenne est
centralisée de longue date dans diverses
organisations. Cela lui confère une
force imposante, mais aussi un poids
considérable des appareils bureaucratiques.
Or, une caractéristique de la grève
générale est de libérer l’autonomie
ouvrière, qui peut remettre en question
le système d’organisation bureaucratique.
Les moyens de communication peuvent
jouer un rôle décisif (radio, télévision,
télécommunications, banques,
etc.).

L’occupation et la remise en route des
moyens de communication désorganisent
la bourgeoisie et centralisent automatiquement
le camp de la révolution.
C’est donc aussi autour de ces centres
qu’éclateront les premières épreuves
de force.

8. Autodéfense ouvrière et armement

Même si la crise révolutionnaire mûrit,
la question du pouvoir n’est pas résolue
si la question de l’armement ne l’est pas.
Il y a deux aspects à cette question :
l’armement de la classe ouvrière et la
désagrégation de l’armée bourgeoise.
Les deux aspects sont liés : le soldat
ne rompt avec l’autorité militaire bourgeoise
que s’il bénéficie d’une protection
ailleurs.

L’autodéfense des piquets et la lutte contre
les groupes fascistes ont une très grande
importance. Les attaques de l’ennemi
de classe doivent être utilisées comme
des moyens de faire faire des bonds en
avant à la conscience des travailleurs sur
cette question.

D’après A. Tondeur, in La Gauche

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