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De l’AIT à la IVe internationale : une histoire inachevée

jeudi 19 juillet 2007, par RED

Ce qu’on appelle depuis
quelques années la « mondialisation
 » correspond à
l’internationalisation croissante
du capital financier,
à sa concentration (les multinationales), et
à la mise en place d’une division du travail
à l’échelle planétaire, l’objectif étant
de répondre à la nécessité de maintenir
la croissance du taux de profit. Le FMI, la
Banque mondiale, l’OMC, les marchés communs,
et leurs bras armés que sont l’OTAN
et la future armée européenne, sont autant
d’outils permettant à la bourgeoisie d’asseoir
sa domination.

Ce processus n’est évidemment pas sans
provoquer des résistances, au Moyen-
Orient, en Amérique Latine ou ailleurs.
Depuis la fin des années quatre-vingt-dix,
l’émergence du mouvement alter-mondialiste
(contre-G8, FSM, FSE, etc.) a cherché
à unifier les mouvements sociaux, pour
pouvoir mieux répondre aux attaques globales,
et a tenté de les faire passer dans le
champ du politique. Force est de constater
qu’à l’heure actuelle, sur cette question,
la bourgeoisie est en avance sur la classe
ouvrière.

Création de la Première Internationale

La question de l’internationalisme est
presque aussi vieille que le capitalisme.
En parallèle au développement de celui-ci
(d’abord dans les pays d’Europe occidentale),
les fractions avancées de la (faible)
classe ouvrière de l’époque tentèrent
de s’unifier, sous la houlette et Marx et
Engels notamment. La 1ere internationale
(l’AIT, Association Internationale des
Travailleurs) est fondée à Londres en
1 866. Ses statuts affirment que « l’émancipation
des travailleurs sera l’oeuvre des
travailleurs eux-mêmes », et « que l’émancipation
du travail, n’étant un problème ni
local ni national, mais social, embrasse
tous les pays dans lesquels existe la société
moderne et nécessite, pour sa solution,
le concours théorique et pratique des
pays les plus avancés ». Suite notamment
à la Commune de Paris de 1871, dans
laquelle Marx voit « la forme politique
enfin trouvée qui permettait de réaliser
l’émancipation économique du travail »,
les « marxistes » de l’AIT s’opposent aux
anarchistes sur la nécessité de l’organisation
et de l’action politique (notamment
légale), à laquelle les luttes économiques
(par le biais des organisations syndicales)
doivent servir de levier.

La répression et les divergences stratégiques
entre « marxistes » et anarchistes
(groupés autour de Bakounine) vont faire
exploser l’AIT en 1872, mais les acquis
théoriques sont inestimables.

Pour une internationale ouvrière !

À l’initiative de Engels, la 2e internationale
est fondée en 1 889. Les partis qui
la constituent sont assez massifs, surtout
en Allemagne, en France et en Angleterre,
qui sont alors les pays les plus puissants
du monde. Rapidement, se développe un
courant qui vise à privilégier le parlementarisme
(la participation à la gestion de l’appareil d’État bourgeois), abandonnant
de fait le principe marxiste selon lequel
l’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre
des travailleurs eux-mêmes. Si la légalisation
de l’action politique des partis de
la classe ouvrière est un levier que ceuxci
ne doivent pas négliger, l’intégration
croissante de la direction de ces mêmes
partis à l’appareil d’État (par le biais du
parlementarisme et de la participation
aux gouvernements) aboutira en 1914, où
tous les partis socialistes (sauf en Russie
et en Serbie), votent dans les parlements
les crédits de guerre aux gouvernements
impérialistes qui vont pouvoir entamer
la 1ere grande boucherie du XXe siècle…
avec l’accord de la majorité des dirigeants
du mouvement ouvrier !

Renouveau de l’internationale communiste

La guerre qui se prolonge aboutira à la
révolution russe : après la victoire d’Octobre
1917, que les bolcheviks conçoivent
comme la première étape d’une révolution
socialiste qui doit s’étendre à toute l’Europe
encore en guerre, ceux-ci estiment
nécessaire de constituer pour cela une
nouvelle internationale. Ils se renomment
Parti Communiste pour se démarquer de
la social-démocratie qui a failli, et organisent
en mars 1919 le 1er congrès de la
3e internationale. L’arrivée au pouvoir de
Mussolini en 1922 en Italie et l’échec de la
révolution allemande de 1923 marquent la
fin de la poussée révolutionnaire, tandis
que les autres PC européens, notamment
français, sont condamnés à l’isolement
voire à la clandestinité. L’URSS, pays le
plus arriéré d’Europe, sort de la guerre
civile imposée par l’impérialisme complètement
isolée et exsangue. Cette situation
va favoriser la rapide montée en puissance
de la bureaucratie et se traduire par l’arrivée
au pouvoir de Staline. À partir de ce
moment, la 3e internationale et les partis
qui la constituent serviront avant tout les
intérêts de la diplomatie soviétique, soumise
aux intérêts de la bureaucratie. Ce qui
amènera souvent les PC à commettre de
graves erreurs ou même à remplir un rôle
contre-révolutionnaire (comme durant la
révolution espagnole de 1936).

De l’opposition de gauche à la IVe internationale

La « dérive » de la 3e internationale,
symbolisée par l’exclusion de Trotsky du
PCUS en 1927, et par son expulsion d’URSS
en 1929, l’Opposition de Gauche subira
une répression acharnée, de la part de
Staline et de ses satellites, en plus de la
répression bourgeoise.

La fondation d’une nouvelle internationale
doit se justifier par un évènement historique
majeur : après la victoire de Hitler
en 1933 dans le pays où le prolétariat était
le plus puissant et le plus organisé, Trotsky
en tire la conclusion que la 3e internationale
a subi un échec historique majeur et
qu’il n’est plus possible de la redresser. Il
se consacrera alors à la construction de la
4e internationale.

En 1938 à (enfin) lieu la conférence de
fondation de la 4e internationale. Celle-ci
ne représente que de petits groupes de
militants isolés, Celle-ci est alors une
« internationale de cadres », ultra-minoritaire.

Actualité de l’internationalisme

Aujourd’hui, les révolutionnaires ont une
nouvelle place, avec la chute du Mur de
Berlin et les déclins des partis staliniens.
Dans l’économie mondialisée, l’internationalisme
est d’autant plus d’actualité alors
que la situation internationale ne fait que
s’enfoncer dans l’instabilité et présage de
nombreux conflits sociaux, militaires, mais
aussi de l’approfondissement de processus
révolutionnaires (Venezuela), la question
de l’unification internationale des luttes
en général et des organisations du mouvement
ouvrier à l’échelle mondiale en particulier
revêt une importance fondamentale.
L’appartenance à une internationale est
un atout déterminant dans cette reconstruction.

Romain, [Censier]

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