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Che Guevara, « Créer 1, 2, 3 de nombreux Vietnam  »
jeudi 19 juillet 2007, par
Le 9 octobre 1967, Che Guevara était assassiné par la CIA. 40 ans après sa mort, le Che continue à jouir
d’une popularité internationale. Son effigie est présente un peu partout dans le monde et fait l’objet de
toute une série de produits dérivés. Mais, si le Che continue à faire autant parler de lui, c’est d’abord et
avant tout parce qu’il est le symbole de la révolte contre l’oppression et l’injustice partout dans le monde
La célébrité du Che est essentiellement
le fruit du rôle
majeur qu’il a joué dans la
révolution cubaine mais aussi
de la pensée politique qu’il a
développée.
Malgré les divergences que nous pouvons
avoir avec le Che, force est de constater
qu’il s’agit d’abord et avant tout d’un
combattant révolutionnaire sincère. Le
parcours et la pensée politique du Che
constituent une rupture avec le stalinisme
et son lourd héritage.
Retour sur la révolution cubaine
C’est à l’occasion d’un long voyage à
travers toute l’Amérique du Sud que le
Che va commencer à développer la conviction
qu’il est nécessaire de transformer la
société sud américaine et notamment de
la débarrasser du joug de l’impérialisme
des États-Unis. C’est dans le cadre de
la révolution cubaine aux côtés de Fidel
Castro que le Che va développer une
pensée révolutionnaire. À partir de 1956,
le Che et ses compagnons se lancent dans
la révolution cubaine pour renverser la
dictature militaire de Batista soutenue par
les États-Unis et construire le socialisme à
Cuba. Après l’échec du débarquement du
Granma le 2 décembre 1956, les rebelles
cubains vont se réorganiser dans la Sierra
Maestra. Plusieurs années de combat vont
opposer quelques dizaines de rebelles aux
40 000 soldats de l’armée de Batista. Au fil
du temps, les rebelles vont se renforcer et
avancer progressivement vers La Havane.
Le 30 décembre 1958, le Che à la tête
d’une colonne de 148 rebelles va réussir à
reprendre la ville de Santa Clara des mains
de l’armée de Batista. C’est alors le début
de la grande offensive. La dictature va
s’effondrer, Batista s’enfuit de La Havane
paralysée par la grève générale. Le 2 janvier
1959, les troupes du Che et de Camilo
Cienfuegos pénètrent dans La Havane et
c’est la victoire de la révolution cubaine.
Après avoir joué un rôle central en tant
que combattant pendant la rébellion, le
Che va assumer un rôle extrêmement
important en tant que dirigeant de la révolution
cubaine victorieuse. Il sera d’abord
Président de la Banque nationale de Cuba
puis Ministre de l’Industrie. Tout en jouant
un rôle central dans le développement
de la révolution cubaine, le Che prône
la solidarité de tous les opprimés de la
planète et la nécessité de l’extension de la
révolution. C’est cette idée qui le pousse à
quitter Cuba en 1965 en abandonnant toutes
ses responsabilités officielles pour se
consacrer à l’extension de la révolution.
La pensée politique de Che Guevara
Le Che était un révolutionnaire authentique,
défenseur d’une société socialiste
démocratique, autogestionnaire, débarrassée
du capitalisme mais aussi du stalinisme.
Il s’est opposé aussi bien à la
bureaucratie qu’à l’abandon d’un projet
révolutionnaire authentiquement internationaliste.
L’extension de la révolution est une
préoccupation majeure du Che. Il a la
conviction à juste titre que le sort de la
révolution d’un pays est lié à celui de
la révolution mondiale. Aucun peuple ne
pourra être totalement libre si d’autres
peuples continuent à subir l’oppression et
l’exploitation.
En mars 1965, il quitte Cuba pour s’atteler
à l’extension de la révolution au Congo
belge (Zaïre) puis en Bolivie où il sera
finalement capturé puis assassiné par la
CIA le 9 octobre 1967.
Pour Che Guevara, le marxisme était
avant tout une théorie de l’action révolutionnaire.
La conception guévariste de la
révolution est basée sur la nécessité de
contribuer par l’action révolutionnaire au
développement des conditions de la prise
du pouvoir par les opprimés. Cette vision
s’opposait profondément à la conception
de la révolution par étapes qui était celle
des partis communistes d’Amérique du
Sud de l’époque. D’où la célèbre citation
du Che : « Le devoir de tout révolutionnaire
c’est de faire la révolution » et non
d’attendre indéfiniment que soient réunies
les conditions de la prise du pouvoir révolutionnaire
sans rien faire dans ce sens.
Contrairement à l’expérience de la révolution
bourgeoise de 1 789 en France, les
tâches de la révolution démocratique dans
les pays opprimés incombent aux masses
ouvrières et paysannes elles-mêmes car la
bourgeoisie adossée à l’impérialisme ne
pourra la mener à bien. C’est la différence
entre la conception de la révolution permanente
et la conception de la révolution
par étape.
Les limites de la pensée du Che
L’une des erreurs du Che était sa vision
quelque peu « guérilleriste » de la révolution.
Nous ne sommes pas opposés
par principe à cette conception de la
révolution. Les JCR, et le courant mondial
auquel nous sommes attachés, la quatrième
internationale, avons soutenu parfois
activement de nombreuses guérillas. Mais
nous pensons que cette thèse est limitée,
et quoi qu’il en soit nettement insuffisante
pour l’ériger comme théorie générale qui
permette à un processus révolutionnaire
d’aboutir.
Par ailleurs la pensée du Che présente
des limites importantes en termes de projet
anti-bureaucratique : en effet, il ne suffit
pas de placer les meilleurs éléments de la
révolution aux postes de pouvoir politique
car même les « meilleurs » peuvent être
corrompus surtout dans une situation de
pénurie. C’est la différence entre l’institution
de garanties individuelles toujours
incertaines et de garanties démocratiques
collectives qui sont le seul moyen de réellement
contrecarrer le développement de
travers bureaucratiques. C’est pourquoi
nous défendons la nécessité d’un contrôle
démocratique de tous les instants
et à tous les niveaux sur les instances de
direction (révocabilité des élus, garantie
des libertés démocratiques, réelle organisation
populaire sous forme de comités,
de conseils…). Du point de vue du développement
de la révolution, la seule garantie
est la participation démocratique des
masses à l’ensemble des choix politiques
et économiques.
L’actualité du Che et de la révolution
À l’approche du quarantième anniversaire
de la mort du Che, le capitalisme continue
à maintenir l’immense majorité de la
population mondiale sous un régime de
surexploitation et de misère généralisée.
Les raisons de se révolter sont chaque jour
un peu plus importantes dans ce monde
qui marche sur la tête. Chaque année et
aux quatre coins de la planète, des luttes
posent très concrètement la question de
la transformation de la société.
Tout en continuant à nous réclamer des
idées du Che, nous devons agir au quotidien
pour contribuer à reconstruire un
projet de transformation socialiste de la
société avec toutes celles et ceux qui ces
dernières années ont lutté pour défendre
les droits des jeunes et des travailleurs.
Face au soi-disant réalisme défendu par
une certaine gauche, nous continuons à
penser avec tant d’autres que la société
ne peut continuer à fonctionner à l’envers
et que la question de la transformation
socialiste de la société est une question
de survie pour l’ensemble de l’humanité
(exploitation, racisme, guerre, misère, destruction
de la planète…). Nous continuerons
à nous inspirer de la célèbre citation
du Che : « Soyons réalistes, exigeons l’impossible
! » parce que ce qui est réaliste
et nécessaire pour l’immense majorité de
la population est inacceptable pour la
minorité de capitalistes qui domine la
société. Agissons tous ensemble pour la
transformation du réel au quotidien et la
reconstruction d’un projet révolutionnaire
adapté à une période qui a vu l’échec des
pays de l’Est et du stalinisme. Le Che nous
laisse ses idées et son combat. Aujourd’hui
encore son image permet de maintenir
l’idée du combat pour une société débarrassée
du système capitaliste et de toutes
les oppressions.
Pour une transformation révolutionnaire
de la société, Hasta la victoria siempre !
Dimitri, [Nanterre].
Bibliographie
– Fidel Castro Biographie à deux
voix (2 007) - Ignacio Ramonet
– 1902-2002. Centenario de
la República Cubana, William
Navarrete et J. de Castro, Ed.
Universal, Miami, 2002, 542
pages
– Paco Ignacio Taibo, Ernesto
Guevara connu aussi comme le
Che Tome 1, édition Payot, 2001
– Paco Ignacio Taibo, Ernesto
Guevara connu aussi comme le
Che Tome 2, Payot
– Carlos Tablada, Che Guevara :
l’économie et la politique dans
la transition au socialisme, éditions
Pathfinder
– Jean Cormier, « Che Guevara,
compagnon de la révolution  »,
édition Gallimard
– Du Che lui-même :
— Le socialisme et l’homme
— Carnets de voyage
— Journal de Bolivie
— Leur Amérique et la nôtre
— Message à la tricontinentale
— La guerre de guérilla