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Le syndicalisme étudiant au Quebec : à l’offensive !

dimanche 9 septembre 2007, par JCR-RED

Au Québec le système éducatif est différent du nôtre. D’une part, les études
collégiales sont menées dans les Cégep à partir de 17 ans. Tu peux y passer
un diplôme en deux ans qui te donne accès aux études universitaires ou
continuer un an ou deux en plus dans une voie professionnelle. Les frais
d’inscription aux études universitaires sont exorbitants : 1200 euros pour
un seul semestre en moyenne. Ainsi les études sont beaucoup moins
accessibles et la plupart des jeunes commencent leur vie endettéEs ou
arrêtent leurs études vers 20 ans, âge auquel la professionnalisation se
fait pour la plupart dans les Cégep.
Du côté positif, il y a une réelle possibilité de reprendre ses études à
n’importe quel âge. Il y a des modules de cours du soir ou du week end qui
permettent de travailler et d’étudier en même temps.

Un contexte syndical fort différent

Tout d’abord, il y a une seule structure syndicale par Cégep, et dans les
universités il y a en plus une structure syndicale par branche (sciences
humaines, gestion, etc.) et une structure générale de l’université. Ces
structures syndicales sont reliées à des structures nationales. Il y a donc
une pratique fédérale du syndicalisme avec une prise de decision propre à
chaque asso membre. Il se peut qu’une association change de structure.
Chaque etudiantE donne 2,5 $ (1,7 eur env) au syndicat de sa branche ou de
son Cégep, qui est directement prélevée dans ses frais d’inscription. Cela a
une importance capitale. Par exemple pendant le mouvement de 2005,
l’Association locale du Cegep de Sherbrooke (5500 etudiants) a débloqué 10
000 $ (6600 eur) pour le fond de grève. Cela permet une autonomie financière
réelle du mouvement, car n’oublions jamais que l’argent c’est le nerf de la
guerre !

2 grandes traditions dans le mouvement étudiant québécois :
-la branche lobbyiste dont l’objectif est de construire un discours et
tenter de négocier avec les ministres. On peut aussi les voir comme des
concertationnistes. Ces syndicats sont anti-démocratiques, leurs dirigeantEs
sont payéEs et ils mènent peu aucune activité locale. C’est donc une
bureaucratie syndicale qui a un intérêt matériel à ce que les choses ne
bougent pas réllement. La FECQ pour les Cegep represente 40000 etudiants et
la FEUQ pour les universités represente environ 120000 etudiants. On peut
facilement les comparer à la tendance majoritaire de l’UNEF.
-la branche syndicalisme de combat : l’ASSE s’inscrit dans cette tradition,
elle fut créée en 2001. Les principes de base sont : l’éducation est un
droit, elle doit donc être accessible et gratuite pour tous ; la mise en
oeuvre d’une diffusion d’information pour pouvoir construire un mouvement
qui permette d’avoir un rapport de force suffisant pour la victoire ; la
démocratie par les mandats et la révocabilité de tous les éluEs qui est
considérée comme le meilleur moyen de mettre la pression ; la combativité :
ne pas hésiter à utiliser tous les moyens nécessaires. L’ASSE juge inutile
la division entre Cegep et facs et regroupe plus de 40000 membres en tout.
En clair, nos copines...

La grève étudiante de 2005

C’est un mouvement sans précédant qu’a vu le Québec, l’année où la France a
vu un mouvement lycéen sans précédent elle aussi. Elle fut lancée par la
Coalition pour une Association de Solidarité Syndicale Etudiante Elargie,
qui regroupait 60000 membres. Cette coalition fut lancée par l’ASSE.
La grève étudiante a été déclenchée suite à une coupure de 103 millions $
dans l’Aide financière aux études (AFE) qui a fait exploser le plafond de
prêt de 2440$ à 4420$ par année pour un étudiant de 1er cycle à
l’université. En plus de demander l’annulation de cette coupure, la ASSÉÉ
avait appelé à la grève en demandant une refonte de l’AFE, la fin des
projets de privatisation des Cégeps, le tout dans une perspective
d’éradication de l’endettement étudiant et de gratuité scolaire. La grève a
été suivie deux semaines plus tard, par FECQ et la FEUQ, qui ne demandaient
que la première revendication.

Il y a eu plus de 220 000 étudiantEs qui ont été affectéEs par les arrêts de
cours. Durant la dernière semaine de mars, plus de 185 000 personnes
auraient été en grève sur une période de plusieurs jours. Les détracteurs
diront que seule une infime partie de ce chiffre participait réellement à la
grève. S’il est vrai que les supports sur les lignes de piquetage dans
certaines institutions étaient désolants, la participation aux
manifestations se conte en dizaines de milliers : 50 000 le 16 mars à
Montréal, 15 000 à Québec le 24 mars, et des petites manifs tous les jours.
Un peu partout dans les assemblées générales, dont les taux de participation
ont atteint des sommets (60 à 80 % à certains endroits), on entendait
débattre des questions de réinvestissement dans les programmes sociaux et de
l’évasion fiscale des riches. Les étudiantEs sont prêts à parler d’un projet
large en éducation et de lancer le débat sur la gratuité scolaire.
Cependant, les étudiantEs réalisent qu’ils ne pourront pas réaliser seulEs
leurs droits sociaux. C’est pourquoi, les cubes rouges, les pancartes et les
marionnettes colorées des facultés se sont joints aux manifestations
syndicales et communautaires du 14 avril.

L’appui de l’opinion publique au mouvement de grève a été surprenant. Les
sondages étaient nettement favorables à la cause, à près de 70%. La grève a
posé concrètement la question : services publics ou baisses d’impôt.
110 000 des 185000 étudiantEs en grève générale illimitée ont rejetés les
accords ridicules signés entre la FEUQ et le gouvernement, mais ils n’ont
pas réussis à poursuivre bien longtemps le mouvement de grève. Pour autant
les lobbyistes ont été complètement décrédibilisés aux yeux des étudiants et
un certain nombre d’associations locales ont rejoint l’ASSE. Ainsi la FEUQ a
perdu son monopole et l’ASSE a doublé son nombre de membres.

Le lien avec les autres mouvements

Lors de ce mouvement, ils ont réussi à s’allier avec des groupes de femmes
et des groupes de défense du droit au logement. Malgré les tentatives
répétées de créer un lien avec les travailleursES, le mouvement étudiant a
été vite cloisonné. En effet au Québec si des travailleurs se mettent en
grève en dehors des négociations collectives, entre le seul syndicats
présent sur chaque lieu de travail et le patronat, ils prennent le risques
de recevoir de grosses amendes. Ils attendent donc après leurs structures
syndicales un appel. Mais l’ensemble des directions nationales des syndicats
ont refusé systématiquement de se lancer dans la grève malgré le vote local
de dizaines de milliers de leurs membres.

En 2004 fut créée la Sétue qui est le syndicat des étudiants employés à
l’Université de Québec à Montréal. Ce syndicat a regroupé 11000 membres
depuis 3 ans. Ce nouveau syndicat permet de poser plus facilement la
question du lien entre les travailleursES et les étudiantEs, car il fait
partie d’une structure syndicale de salariés. Lors du Forum Social
Québécois, la Sétue a organisé un débat avec pour intervenantEs, les
présidentEs des 3 plus importantes structures syndicales, une de ses
représentantes et un représentant de l’ASSE. Ce fut l’occasion de demander
un soutien clair de la part des structures syndicales au futur mouvement
étudiant, car la Sétue demande à sa structure de la soutenir en tant que
travailleursES mais aussi en tant qu’étudiantEs. Surtout quand on voit qu’en
un an les frais ont augmentés pour certains de 18 % alors que leur salaire a
augmenté de... 1%. Cette année les syndicats de travailleursES auront plus de
mal à ignorer les étudiantEs.

Les perspectives à la rentrée

Pour la rentrée 2007, le gouvernement veut mettre en place le dégel des
frais de scolarité dans les universités. Cela signifie que chaque université
pourra augmenter ses frais comme elle l’entend. Contre cette violente
attaque à l’accès à l’éducation, l’ASSE met en place une coalition pour
organiser dès cet automne une grève générale illimitée sur 3 points de base
 : la gratuité scolaire, le retrait du privé des univerités et donc un
investissement massif de l’État, et enfin la mise en place d’un système de
garderie aux horaires souples pour convenir aux étudiants. Le gouvernement
risque donc de se frotter à un mouvement à l’offensive. Espérons que la
rentrée sera chaude pour nos camarades québecoisES comme pour nous...

Chacha (Nanterre)

Prologue

Nouer des liens entre le Québec et la France : la section québécoise de la
4ème Internationale s’appelle Gauche Socialiste. Elle regroupe une
cinquantaine de militants et fait partie de Québec Solidaire, un parti
politique à gauche de la gauche dont j’ai du mal à cerner les contours
actuellement. Leur site : www.lagauche.com, www.quebecsolidaire.net . Le
Québec et la France sont loins géographiquement mais proches culturellement.
Ainsi une grève en France peut avoir beaucoup d’influence sur le Québec et
vice-versa (même si la tradition impérialiste de la France réduira cette
influence pour nous), à nous de créer des liens internationaux. Ici, les
courants syndicaux sont complètement dissociés des partis politiques, à la
différence de la France. Il est donc important de nouer des liens également
avec l’ASSE : www.asse-solidarite.qc.ca.
En effet, ici le syndicalisme de combat a un réel intérêt car la
structuration des mouvements de grève est directement liée à la
structuration syndicale, et il n’y a qu’un seul syndicat par lieu d’étude.
Ainsi, les principes du syndicalisme de combat (cités plus haut) permettent
d’organiser des grèves réellement démocratiques et auto organisées, car la
structuration démocratique des facs tenues par l’ ASSE se transmet lors d’un
mouvement aux autres facs. Les principes de l’ASSE sont extrêmement
similaires aux nôtres c’est pourquoi il est important de travailler avec
eux. Mais je rappelle que le contexte syndical est complètement différent en
France, et les courants se revendiquant du syndicalisme de combat sont
extrêmement minoritaires. La FSE principalement, dont l’influence dans les
mouvements est très faible. Il ne s’agit pas ici d’un manifeste pour le
syndicalisme de combat, mais plutôt d’une tentative de retranscritpion du
contexte québécois.
Je vous conseille de faire un tour dans la partie féministe du site de
l’ASSE qui est vraiment très bien et notamment de lire l’article << femmes et
féminisme >> qui est très complet et intéressant ( même si je l’ai lu
qu’entre les lignes pour l’instant). Comme quoi dans certains contextes. il
est possible de mener une activité féministe intéressante au sein du
syndicat, ce qui n’est toujours pas d’actualité dans le contexte étudiant
français.

Droits de scolarité Rentrée mouvementée

En cette journée de rentrée, la Fédération étudiante universitaire du Québec
(FEUQ) et la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) ont dévoilé,
mardi, un plan d’action pour contrer la décision du gouvernement Charest de
hausser les droits de scolarité de 50 $ par session.

La sensibilisation des étudiants sur les campus, l’organisation de
manifestations et de visites à des députés ainsi que l’élaboration d’une
recherche sur la condition de vie des étudiants figurent parmi les actions
qui seront entreprises par la FEUQ et la FECQ.

Pour le moment, il n’est pas question de débrayage cet automne. << C’est les
étudiants qui décident de la grève. S’ils décident d’aller en grève c’est
notre devoir en tant que fédération de les appuyer >>, a affirmé le président
de la FEUQ, Jean-Patrick Brady, en entrevue au Réseau de l’information.

La FEUQ, qui regroupe 15 associations membres et plus de 120 000 étudiants,
exige le gel des frais de scolarité.

<< Présentement, les universités c’est 400 millions de dollars qui leur
manquent. Cette année, le dégel des frais de scolarité est de 15 millions de
dollars. Je ne pense pas vraiment que ça va régler la question du
financement des universités >>, a affirmé le président de la FEUQ,
Jean-Patrick Brady, en entrevue au Réseau de l’information (RDI).

L’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSE) est du même
avis, mais va encore plus loin en revendiquant carrément la gratuité
scolaire.

Une campagne de mobilisation, qui pourrait conduire à des votes de grève
générale illimitée cet automne, a été lancée par l’ASSE.

L’Association accuse le gouvernement du Québec de chercher à détourner
l’enjeu du financement public de l’éducation par une compensation au
programme de prêts et bourses.

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