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La Sécu, on s’est battu pour la créer...

mercredi 26 septembre 2007, par RED

Le 4 octobre 1945 la Sécurité
sociale a été créée par ordonnance.
Mais déjà, en 1945,
la Sécu portait en elle les
contradictions qui allaient la
remettre en cause peu à peu, pour aboutir
aux contre-réformes récentes des retraites et
de l’assurance maladie.

Un acquis contre l’insécurité sociale

L’article 1er de l’ordonnance du 4 octobre
1945 stipule qu’ « il est institué une organisation
de la sécurité sociale destinée à
garantir les travailleurs et leurs familles
contre les risques de toute nature susceptibles
de réduire ou de supprimer leur
capacité de gain, à couvrir les charges de
maternité et les charges de famille qu’ils
supportent. » Son financement est garanti
par des cotisations proportionnelles au
salaire. Sa gestion est assurée par les
assurés sociaux eux-mêmes. Autrement
dit, une partie de la richesse produite est
collectée dans une caisse indépendante
des patrons et de l’État, pour prémunir
les salariés - à terme, l’ensemble de la
population - des grands risques sociaux :
maladie, vieillesse, famille

La Sécurité sociale constitue donc un
acquis arraché par le mouvement ouvrier
aux patrons et à l’Etat. Le contexte de la
Libération explique le pourquoi de cette
victoire. La France est au bord de l’explosion.
L’appareil d’État et le patronat sont
discrédités par leur collaboration avec l’occupant.
Une grande partie de la population
est armée. Le Parti communiste s’est considérablement
renforcé par sa participation
à la Résistance (première force politique
aux élections législatives du 21 octobre
1945). En gros, à moins de faire des concessions
considèrables aux travailleurs, la
bourgeoisie française risque de faire face à
une révolution prolétarienne.

Cette situation sociale explosive n’est pas
simplement une caractéristique française au
moment de la défaite nazie. Dans la plupart
des pays européens engagés dans la guerre
la situation est similaire. C’est pourquoi
non-seulement en France mais aussi en
Grande-Brétagne, en Italie et en Allemagne
des réformes similaires à la Sécurité sociale
voient le jour. On a par la suite appellé ces
réformes « l’Etat providence ».

Le « compromis historique »

Mais alors que les partis communistes
staliniens
en France et
en Italie ont
largement la
capacité de
se lancer à
la conquête
révolutionnaire
du pouvoir,
ils décident
plutôt de suivre
la ligne
dictée par Moscou, à savoir qu’il fallait
respecter le partage du monde conclu à
Yalta entre Staline, Roosevelt et Churchill
et collaborer avec les bourgeoisies locales.
Le PCF désarme donc ses milices et entre
au gouvernement avec De Gaulle. À côté
de cet accord politique, il est nécessaire,
pour calmer l’agitation et reconstruire le
pays, d’accorder aux travailleurs des mesures
sociales importantes (augmentation
des salaires, mise en place de la Sécurité
sociale). Mais il est aussi nécessaire de
relancer l’économie par la consommation
des ménages, en augmentant le pouvoir
d’achat des salariés.

La Sécurité sociale est le résultat de ce
compromis historique. Mais des oppositions
se dessinent. Le patronat, bien que
désorganisé, voit d’un mauvais oeil ce système
fondé sur la satisfaction de besoins,
dont le financement viendra amputer ses
profits, d’autant qu’il n’en a pas le contrôle,
puisque les salariés disposent des
deux tiers des postes d’administrateurs.
Depuis son instauration, il n’arretêra pas
de l’attaquer. Il obtiendra la parité au sein
des conseils d’administration en 1967. Et
depuis une vingtaine d’années maintenant,
un effort systématique est fait pour
son démantèlement. Sa nature d’acquis
collectif et commun à l’ensemble des travailleurs
fait que les attaques peuvent susciter
des mouvements d’ensemble, comme
ceux de 1995 et de 2003.

Christakis,[Censier]

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