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L’autonomie des universités ou la privatisation des facs
mercredi 26 septembre 2007, par
La loi dite sur « les libertés et
responsabilités des universités
», votée pendant le mois
d’août dernier, s’inscrit dans
la droite continuité des différentes
réformes de l’enseignement supérieur
de ces dernières années (LMD, Loi sur la
recherche, …). L’objectif poursuivi est clair :
soumettre l’université aux besoins immédiats
des entreprises, casser les garanties
collectives des futurs salariés qui entreront
sur le marché du travail. Ils veulent faire de
l’université une machine à fabriquer de la
chair à patrons.
La démocratie à l’université, c’est adieu les étudiants et bienvenue les patrons !
La loi s’attaque à la démocratie à l’intérieur
de l’université. Elle propose de
réduire le nombre d’élus étudiants, profs
et personnels dans les conseils d’administration
des facs. Les élus étudiants
passeraient de 14 actuellement à 5, les personnels
Atoss des universités n’auraient
plus que 3 élus. Par contre la loi prévoit
de renforcer le nombre de « personnalités
extérieures », c’est-à-dire des personnalités
nommées par le président de la fac
et issues du monde de l’entreprise (traduction
: des patrons). Avec la nouvelle
loi, ils représenteront près d’un tiers des
CA. L’objectif est clair, le gouvernement
veut des CA qui appliquent à la lettre sa
politique. Il préfère donc que ce soit des
chefs d’entreprise qui décident plutôt que
des étudiants.
Des universités gérées comme des entreprises !
La loi fait des présidents d’université de
véritables chefs d’entreprises des facs. Elle
leur ouvre la possibilité d’embaucher ou de
virer des personnels et des profs, la possibilité
d’avoir recours à des financements
privés, la possibilité de vendre des locaux
de l’université.
Les universités auront donc de plus en
plus recours à des personnels ou des profs
non titulaires, des vacataires ou tout autre
sorte de contrats précaires.
La possibilité de recours aux financements
privés ouvre la porte à la privatisation
de l’université. Les entreprises qui
donneront de l’argent aux facs auront un
droit de regard sur le contenu des formations.
Elles ne voudront financer que
des diplômes qui leur sont directement
utiles. On verra alors se développer encore
plus les licences professionnelles du type
chargé de rayon chez Carrefour ou chargé
de clientèle au Crédit Mutuel. Même le
budget qui restera versé par l’Etat sera
soumis à conditions. Il faudra dorénavant
passer un contrat avec l’Etat, il ne versera
du budget que si l’université s’engage à
développer les filières professionnelles, le
financement sera soumis à des objectifs
de résultats en termes d’insertion professionnelle.
Toujours plus de sélection !
La loi supprime le droit pour tout étudiant
bachelier de s’inscrire dans la fac et
la filière de son choix. Il faudra maintenant
avoir recours à une procédure de préinscription.
Les tests de cette procédure,
déjà effectués dans plus de 45 universités,
prouvent que le terme de pré-inscription
n’est là que pour déguiser une sélection
réelle qui va s’instaurer à l’entrée des facs.
Cette mesure offre la possibilité aux universités
de choisir les étudiants qu’elles
inscriront.
Le nouveau dispositif de financement
des facs va considérablement creuser les
inégalités entre les établissements. Ce
dispositif de sélection ne va faire que
renforcer cette inégalité. Les universités
« riches » sélectionneront les meilleurs
étudiants, les autres n’auront qu’à se contenter
de facs « poubelles ».
C’est pourquoi nous devons tout faire
pour obtenir le retrait de cette loi. Le mouvement
contre le CPE a prouvé que par la
lutte, il était possible d’obtenir le retrait
d’une loi déjà votée ! N’attendons pas,
organisons la riposte contre cette loi !
Juliette [Nanterre]