Une autre histoire du théà¢tre

Depuis les années soixante,
une partie de la création
théâtrale revendique
son caractère militant.
Oubliée de l’histoire officielle
du théâtre et dépréciée d’un point de
vue esthétique, le théâtre militant est toujours
apparu comme une activité marginale
ni tout à fait politique, ni tout a fait artistique.
En effet, un théâtre qui se confronterait
au politique ne pourrait être qu’esthétiquement
faible, comme si l’art ne devait et ne
pouvait surtout pas questionner la société
dans laquelle on vit, et encore moins accompagner
les luttes qui la traversent, mais
flotter dans une sorte de halo intemporel
humaniste. L’enjeu du livre d’Olivier Neveux
est de nous démontrer le contraire.

Il s’attache donc à démonter cette appréhension
bourgeoise du rapport entre théâtre
et militantisme, en revenant sur les
modèles esthétiques qui forment l’héritage
de ces troupes militantes : Meyerhold,
Piscator, Brecht, l’Agit-prop. Cette première
approche lui permet par la suite
d’appréhender l’hétérogénéité des formes
théâtrales militantes plus récentes. Inscrits
au coeur des luttes (anti-impérialistes,
ouvrières, immigrées, LGBT, féministes),
elles ont construit des discours politiques
et esthétiques qui interrogent aussi bien
la conscience de classe que l’esthétique
théâtrale.

A travers la description de ces différentes
expériences, Oliver Neveux nous amène
à nous interroger sur l’idée d’un art de
transition. Il nous présente une pratique
artistique qui rompt avec les principes
esthétiques, mais aussi le fonctionnement
économique du théâtre bourgeois, sans
pour autant pouvoir se définir comme art
révolutionnaire mais, du moins, qui porte
en elle quelques pistes pour une future
pratique théâtrale issue directement de la
révolution.

Qu’on s’intéresse au théâtre ou pas, son
livre nous donne aussi à voir une autre
histoire des années soixante à nos jours,
à travers des pratiques militantes alternatives.
En bref, c’est vraiment intéressant
à lire !

Léa, [Nanterre]